Vaisseaux du temps (Les)

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Une suite osée

Ce roman est la suite immédiate du roman cultissime de H. G. Wells, La Machine à explorer le temps (The Time Machine, 1895). Le narrateur vient donc de raconter à ses amis son périple temporel, durant lequel il s’est rendu dans sa machine transtemporelle en l’an 802701 de notre ère et a rencontré les descendants des humains, à savoir les Morlocks et les Eloï, qui entretiennent un étrange rapport de commensalisme. Frustré de ne pas avoir réussi à sauver Weena, une Eloï avec laquelle il avait un lien particulier, il décide de suivre de nouveau les courants temporels et de sauver la créature de sa mort future.

Mais alors qu’il quitte son présent de 1891, un de ses proches, nommé l’Ecrivain, l’aperçoit. Cet évènement bénin est lourd de conséquences. C’est alors une ligne du temps différent qu’il emprunte, le long de laquelle les Morlock évoluent différemment. En effet, les farfadets belliqueux de son précédent voyage se sont transformés en être intelligents et entreprenants, si bien qu’ils ont construit une coque autour du soleil (selon le principe de la sphère de Dyson).

Cet homme du passé devient une sorte d’homme de cro-magnon perdu dans une culture et une technologie qui le dépasse totalement. Il ne doit son salut qu’à sa ruse et sa farouche envie de retourner chez lui, qui lui permettent de s’enfuir sur son destrier temporel. Direction le passé. Mais ce passé va-t-il être le même que celui qu’il a connu jusqu’alors ?

Univers parallèles

Dans ce roman, Stephen Baxter démolit le sempiternel paradoxe temporel, initié par Barjavel dans Le voyageur imprudent (Le personnage va dans le passé pour tuer son grand-père, du coup, il ne peut pas être né et avoir inventé le voyage dans le temps...). Ici, différentes histoires peuvent exister parallèlement, une où le grand-père est mort et où le voyage temporel n’existe pas et une autre où il est vivant. En fait, c’est une infinité d’histoires qui se déroulent en parallèle, puisqu’à chaque choix auquel on est confronté, plusieurs lignes de possibilités divergent. Plusieurs futurs sont possibles. La machine transtemporelle n’est alors rien de plus qu’un moyen de révéler ces histoires.

Dans Les vaisseaux du temps, l’auteur utilise cette multitude d’univers pour balader le narrateur entre plusieurs mondes et plusieurs ambiances. De ce fait, le roman est découpé en sept Livres, dépeignant chacun un univers possible et une ambiance particulière : steampunk pour une guerre mondiale interminable qui ensanglante l’Europe du début du XXe siècle, froide et logique pour la découverte du monde futuriste des Morlocks ou lorgnant vers Robinson Crusoë pour la survie en jungle hostile.

L’auteur est un scientifique pur et dur et ses ouvrages appartiennent au courant de la Hard Science. Celui-ci ne fait pas exception. Entre les vulgarisations scientifiques dispensées par la bouche condescendante d’un Morlock, les explications des expériences ayant mené au voyage temporel ou la description des espèces de la jungle du paléocène, la culture scientifique est partout, et toujours crédible (même lorsqu’elle décrit le fonctionnement d’une bombe au carolinium, substance qui n’existe pas). Mais l’esprit de Stephen Baxter n’est pas juste rigoureux, il est aussi très inventif et il nous fait voyager d’un univers à l’autre avec brio.

Seul bémol : l’écriture selon le style suranné de Wells est une performance qui vaut le détour, mais elle s’avère difficile à suivre sur plus de 600 pages. En outre, le livre est essentiellement composé de réflexions et de descriptions des univers que traverse le narrateur et on se voit ballotté, comme à travers une galerie de tableaux, entre différents mondes sans qu’il y ait réellement d’action qui lie le tout. Certains livres de science-fiction sont des condensés d’actions sans un moment de réflexion. Celui-ci est tout l’opposé.

Soulignons que ce roman a reçu le Prix Bob Morane en 1999.

Stephen Baxter, Les Vaisseaux du temps, Traduction de Bernard Sigaud, Illustration de Jackie Paternoster, 640 p., Livre de poche

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