Carnets Lovecraft : le Festival (Les)

Lovecraft chez Bragelonne, c’est la quintessence de l’édition, en témoignent une nouvelle fois ces carnets en couverture rigide d’un bleu-vert pâle assez élégant et magnifiquement illustrés une nouvelle fois par Armel Gaulme. Avec l’éditeur, on ne lit pas la nouvelle, on la lit et on la regarde, deux fois, parce qu’il est nécessaire de s’arrêter sur chacune des illustrations, une par page et parfois sur une double page, et de mesurer à quel point Armel Gaulme a réussi à transcrire l’innommable, l’indescriptible chez Lovecraft.

Car, reconnaissons-le, si le maître de Providence a toujours su distiller la peur, les descriptions des créatures qui hantent ses cauchemars, ainsi que les cités qu’elles habitent, sont compliquées à visualiser. A ce titre, les dessins de la cité de Kingsport sous la neige, de nuit, sont quasi « photographiques » tant elles imprègnent l’œil du lecteur et renforcent son sentiment d’inconnu. Ce qui pour un lecteur comme moi, peu adepte de voir son imagination muselée, est un véritable tour de force.

La nouvelle en elle-même ne fait pas partie des plus connues de Lovecraft : elle raconte l’histoire d’un voyageur, le narrateur, qui respecte une tradition ancestrale en retournant dans la maison de ses ancêtres pour assister à une cérémonie que l’on pourrait volontiers qualifier d’impie. Chaque habitant se rend en effet dans l’église et descend dans les entrailles de la terre afin de communier avec ceux qui y vivent… quelques évocations du bestiaires de Lovecraft, l’apparition du Nécronomicon.

Une histoire qui se termine sans vraiment se terminer, une autre habitude chez l’auteur, laissant le narrateur - et le lecteur - en proie au doute. Mais il s’agit de Lovecraft, et, ne l’oublions pas, de Gaulme, pour le plus grand plaisir.

Je remercie une nouvelle fois vivement les éditions Bragelonne pour leur confiance.

H.P. Lovecraft - Les carnets Lovecraft : le Festival - Éditions Bragelonne, avril 2022, 12,90 €