Feminicid
Il s’agit d’un approfondissement de l’image de Mertvecgorod à travers l’enquête de Timur Maximovich Domachev, enquête sur l’assassinat rituel d’un grand nombre de femmes qui lui vaudra d’être assassiné en 2028, avant de l’avoir achevée. Dans ce micro-pays caricatural qu’a imaginé l’auteur comme une micro-république apparue lors de la dissolution de l’URSS, dont l’unique industrie est l’enfouissement des ordures et dont le gouvernement dictatorial cache mal un Groupe des Quatre anciens apparatchiks devenus l’aristocratie à peine cachée du pays, des centaines, voire des milliers de femmes ont été assassinées. L’enquête de Domachev identifiera certains acteurs des enlèvements, une instigatrice probable, la liaison avec un culte démoniaque qui aurait dû disparaître après l’attentat de 2025 raconté dans le précédent volume, mais les crimes continuent alors même que leurs auteurs et instigateurs principaux ont disparu...
Mélange donc de thriller et de caricature d’une société post-soviétique rongée en profondeur par dictature et corruption, ce roman d’un nihilisme total demande au lecteur s’il reste le moindre espoir d’humanisme, et pas seulement dans le pays imaginaire, à peine plus pourri que certains pays réels, et pas seulement dans les ruines de l’URSS. Comme le rappelle l’auteur dans sa postface, le féminicide organisé existe ailleurs (Ciudad Juarez, par exemple). Et, bien sûr, les autres formes de corruption et de crimes ne sont pas oubliées dans ce livre, en attendant de reprendre le premier plan dans les autres ouvrages à venir, déjà annoncés par certaines notes « du traducteur »... De là à désespérer de l’humanité, il faudrait quand même rappeler qu’il s’agit, jusqu’à nouvel ordre, d’une caricature...
Feminicid de Christophe Siebert, Au Diable Vauvert, 2021, 373 p., couverture de Didier Fontvielle, 20 €, ISBN 979-10-307-0446-4