Spin
Dans un avenir proche, le Spin, une fine membrane entoure la Terre et cache le soleil, la lune et les étoiles. Au-delà de cette membrane ,le temps s’écoule beaucoup plus vite. Des centaines de milliers d’années s’écoulent alors que sur Terre seules quelques décennies sont passées. Pendant la journée, une illusion de soleil apparaît tandis que la nuit devient totalement obscure. C’est ce phénomène qui pendant une nuit va bouleverser la vie de trois enfants. Le livre les suit sur une période de trente ans. Il y a Jason et Diane, jumeaux du couple E.D. et Carole Lawton, et puis il y a Tyler Dupree, le fils de la bonne. C’est au travers ses yeux que le lecteur suit toute l’histoire.
Comme les satellites ne sont plus d’aucune utilité, E.D. Lawton, qui est un scientifique, propose d’utiliser des ballons stratosphériques pour assurer les communications terrestres. Il met en chantier un réseau de ballons qui remplacera les satellites. En parallèle, il participe à la création de Périhélie, un parastatal américain qui se charge du réseau mais qui a aussi pour fonction d’analyser le Spin. Il s’agit d’un équivalent à la NASA qui travaillera avec cette administration.
Jason, le fils d’E.D., est également un scientifique, voire un vrai génie, qui dirige Périhélie et qui supervise les missions d’exploration de Mars par des sondes, puis l’envoi de bactéries pour terraformer la planète rouge, et enfin l’envoi de colons. Cent mille ans s’écoulent pendant lesquels une nouvelle civilisation verra le jour. Jason et E.D. s’affrontent sur la voie scientifique à suivre à Périhélie, pendant que Diane se marier et suit son mari dans une secte religieuse. Pendant ce temps, Tyler devient médecin et rejoint Périhélie.
A chaque chapitre, Robert Charles Wilson nous dévoile un peu plus d’informations sur les recherches entreprises pour comprendre le Spin. Il nous fait suivre, pas à pas, les cogitations des scientifiques de Périhélie. En parallèle, il nous dévoile les problèmes psychologiques de ses principaux acteurs (Tyler, Jason et Diane). Ce n’est pas une saga, mais c’est une vision très subjective des tourments des différents protagonistes. On est autant intéressé par les problèmes de conscience de Tyler que des projets scientifiques de Jason ou des difficultés qu’a Diane dans sa vie de couple. Le Spin est là, en toile de fond, et représente la première préoccupation du livre. Cette génération qui a grandi avec le Spin n’est pas vraiment optimiste sur son avenir et l’anarchie et le chaos sont de plus en plus présents sur Terre. Seul Jason semble être en mesure de voir un avenir radieux, et il s’y emploie du mieux qu’il le peut. Les martiens et les réplicateurs ont une grande importance dans l’avenir de l’humanité car ils permettent de mieux comprendre notre univers. Seul l’existence des Hypothétiques (ceux qui ont créé le Spin) reste un mystère.
Tyler, en temps que médecin, assiste aux évènements les plus importants et nous révèlent les plans de Jason ou de E.D., son père (la terraformation de Mars avec des bactéries, l’envoi de colons vers Mars, l’envoi des réplicateurs dont la technologie provient de Mars). Tyler, c’est le personnage central de l’histoire, qui n’est pas à proprement parler un héros, mais plutôt un excellent médecin généraliste, qui se trouve au bon moment au bon endroit et qui aura, à plusieurs occasions, à faire preuve d’un sang froid professionnel pour sauver la vie de ses proches.
On ne peut s’empêcher d’avoir les mêmes craintes que lui tout au long de l’histoire. On vit ses moments de joie, de peine, ses aspirations ou le moindre de ses doutes. C’est en décrivant cet aspect humain plus que l’aspect technique que Robert Charles Wilson a écrit un livre qui mérite largement son prix Hugo. Spin peut paraître dramatique pour le lecteur. C’est probablement l’effet recherché par l’auteur. Mais quand on arrive à la fin du livre, on est heureux d’avoir vécu l’histoire à travers les yeux de Tyler Dupree et déçu de devoir le quitter.
Spin est un excellent roman de science-fiction, qu’il faut lire absolument. On retrouve dans celui-ci un point commun avec certains autres livres de Robert Charles Wilson : un évènement vient perturber le quotidien (voir les Chronolites ou Darwinia par exemple).
Je ne conseillerai pas au lecteur de lire Axis, la suite, car ce second volet n’a pas l’ampleur de Spin. Je pense qu’il est préférable de rester sur une bonne note en n’allant pas plus loin. Ceci dit, Spin est excellent. C’est un livre qu’il ne faut rater sous aucun prétexte !
Spin de Robert Charles Wilson, traduction de Gilles GOULLET et illustration de MANCHU, Folio, 609 pages