Semper Lupa
L’idée d’une uchronie dans laquelle l’Empire romain se serait maintenu grâce à des victoires en Germanie et à la non-existence de la religion catholique a déjà été exploitée de manière multiple, en particulier par Robert Silverberg. Comme ce dernier, Meddy Ligner semble croire que les progrès techniques et sociaux auraient pu, néanmoins, s’effectuer au même rythme, ce qui me paraît totalement invraisemblable. Outre le fait que certains progrès sont liés à la nécessité, réduite dans l’hypothèse d’un Empire sinon universel du moins énorme puisque, dans sa plus grande extension, l’Empire romain comporte même une partie de la côte est de l’Amérique du Nord. D’autres évolutions philosophiques et morales sont liées aux religions judéo-chrétienne et islamique, lesquelles ne peuvent se développer quand le futur Jésus de Nazareth a été tué par un serial killer romain et que les armées arabes ont été défaites par les légions romaines. Du coup, plus encore que dans Roma Mater, que je n’avais pas non plus aimé, l’histoire de fond me paraît profondément fantaisiste.
Il reste néanmoins un certain nombre de sources de plaisir dans la suite de nouvelles qui, en général, plus que l’explication d’un événement, nous montrent les réactions du narrateur de chaque histoire à la partie de l’événement qui le concerne. Si le tableau général de l’Histoire alternative proposée nous est rappelé en fin de livre, chaque épisode est plus ou moins indépendant des autres. Et bâtit, à défaut d’une véritable uchronie où les conséquences d’une divergence seraient étudiées, un univers parallèle intéressant, amusant à défaut d’être réaliste.
Semper Lupa par Meddy Ligner, Armada 2017, 227 p., couverture de Michel Borderie, 14€, ISBN 979-1-09093-191-6
Ajouter un commentaire