Ménagerie de papier (La)

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Je n’avais pas encore lu d’œuvres de Ken Liu, à part Mono no Aware. Quand les 42 m’ont envoyé ce livre, je me suis rué dessus, et je dois dire que je n’avais pas ressenti un tel choc depuis Les seigneurs de l’Instrumentalité.

 

Les nouvelles qui composent ce recueil-florilège de l’œuvre de Ken Liu sont toutes des réussites non seulement d’originalité et d’inventivité, mais surtout de profondeur dans la réflexion intime. Parce que chacun des narrateurs raconte, plus encore qu’une histoire factuelle, une histoire personnelle, l’évolution de ses idées et de ses sentiments, parfois face à des réalités féériques, comme dans certains contes plus fantastiques que science-fictifs, parfois au contraire face à des découvertes (scientifiques ou exploratoires) ou des évolutions techniques. Plusieurs contes sont liés à des colonisations de la planète lointaine Pélé, autour de Virginis 61 qui, comme la planète Mars des Chroniques martiennes de Bradbury, changent à chaque texte, pour donner lieu à une autre spéculation.

 

Mais ce qui m’a le plus frappé dans ce livre, c’est que Ken Liu parvient à rendre crédibles, compréhensibles, les récits de personnages variés, à nous faire percevoir la manière de penser et les sentiments de narrateurs chinois, japonais, coréens, aussi bien féminins que masculins. Pour autant que je puisse en juger, après avoir lu un certain nombre de textes d’auteurs des deux sexes, je ne crois pas que les nouvelles exprimant les réflexions et sentiments d’une narratrice seraient différentes si l’auteur avait réellement été une femme. Aussi féministes qu’aient pu être d’autres auteurs masculins, je n’avais pas encore ressenti cette impression de pouvoir lire un texte écrit par une femme. Comme les textes à narrateur japonais me paraissent sonner juste, eux aussi.

 

Les thèmes des nouvelles envisagent des présents ou des avenirs divers, des évolutions scientifiques, techniques ou historiques plus ou moins classiques, que ce soient les différents modes de voyage interstellaire, les intelligences artificielles, risques et possibilités, les contacts avec d’autres formes de pensée... Sans oublier la nouvelle titre où intervient une petite dose de magie, qui porte, comme d’autres, sur l’amour filial et l’amour maternel...

 

La ménagerie de papier, par Ken Liu, traduit par Pierre-Paul Durastanti et présenté par Dominique Marchal et Ellen Herzfeld, Le Bélial, 2015,  438 p., bibliographie de Ken Liu comprise, couverture d’Aurélien Police, 23€, ISBN 978-2-84244-133-2

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