Fleuve des dieux (Le)
En 2047, l’Inde s’est divisée en petits États indépendants qui souffrent d’une terrible sécheresse qui dure depuis trois ans. Les eaux du Gangâ, le fleuve qui sert à laver les péchés, sont au plus bas. Elles sont pourtant suffisantes pour emporter le corps d’une jeune femme tuée pour lui voler ses ovaires. Dans la cité de Vârânaci, la violence règne et le chaos menace, car la guerre avec l’Awadh semble inévitable.
Malgré tout, Nanda est un homme heureux. Marié avec l’adorable Pârvati, il exerce le boulot qui lui plaît : flic Khrishna, en charge d’éliminer les I.A. devenues rebelles. Vishram est lui le fils d’un industriel puissant qui souhaiterait devenir comique de scène. Tal est un neutre qui a subi la douloureuse transformation faisant de lui un être asexué. Avec d’autres, ils vont tous avoir un rôle à jouer dans l’avenir de leur pays et de l’humanité.
Le fleuve des dieux repose sur deux éléments : un pays dont l’ambiance est parfaitement rendue, et neuf personnages variés, profonds et parfaitement campés. L’Inde et sa culture sont très bien mises en scène et le dépaysement est au rendez-vous, la tradition se mariant ou s’opposant aux technologies futuristes. Les neuf personnages ne sont pas forcément destinés à se croiser, mais ils incarnent chacun une petite partie de l’humanité, forte et mesquine tout à la fois.
L’intrigue se développe avec lenteur, l’auteur installant peu à peu les différents fils de sa toile. L’action est présente même si les combats demeurent rares et secondaires. Les rebondissements sont parfaitement gérés et intègrent même un artefact extraterrestre. Prenant, envoutant, ce roman de Ian McDonald est un superbe récit de science-fiction, qui a d’ailleurs fort justement reçu le Grand prix de l’Imaginaire, le prix Bob Morane ainsi que le British Sience Fiction Award.
Le fleuve des dieux, de Ian McDonald, traduit par Gilles Goullet, illustré par Manchu, aux éditions Folio SF