Spin (Trilogie)

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Tyler Dupree est à peine adolescent le jour où le Spin apparaît. Le Spin, cette étrange membrane qui entoure la terre et de l'autre côté de laquelle le temps s'écoule des milliers de fois plus vite. C'est sa vie que Tyler nous raconte, sa vie depuis l'apparition du Spin et toutes les conséquences qui en résultent. Avec ses deux amis Jason et Diane Dupree, ils n'auront de cesse d'essayer de comprendre et d'expliquer l'inexplicable, chacun à leur manière. Car si certains s'approprient rapidement le Spin dans l'intérêt de l'économie ou de la recherche, d'autres tentent de savoir quelles entités mystérieuses, surnommées les Hypothétiques, ont bien pu agir de la sorte, et dans quel but. D'autant que de l'autre côté de la membrane, l'horloge tourne... et avec lui le soleil, qui se rapproche dangereusement de ses dernières heures.

 

La trilogie Spin se découpe en trois parties, trois romans écrits séparément qui se suivent dans l'ordre chronologique : Spin, Axis et Vortex.

 

J'ai beaucoup aimé le premier roman, Spin : j'ai adoré m'y plonger et je l'ai dévoré. À la frontière entre la science-fiction, l'anticipation et le fantastique, Spin appartient à un genre inédit que je qualifierais de « pré-apocalyptique » : l'humanité se sait condamnée à moyen terme (quelques dizaines d'années) et se trouve totalement impuissante face à sa fin inéluctable.

L'auteur propose, je trouve, une description très intéressante de ce que serait et pourrait devenir le monde dans de telles conditions. Il explore de nombreuses possibilités toutes aussi fascinantes et effrayantes les unes que les autres, que ce soit sur le plan psychologique, sociétal, scientifique etc... Le livre semble très documenté, et Spin reste relativement accessible dans ses explications, ce qui est toujours appréciable (même si j'avoue avoir un peu décroché lors de certaines descriptions un peu trop techniques pour mon petit cerveau).

 

J'ai également trouvé que les personnages étaient très attachants, surtout le narrateur Tyler Dupree.

Autre point positif : l'auteur alterne entre des chapitre se déroulant dans le présent du roman et des flash-backs racontés par le narrateur, ce qui permet de donner un bon rythme à l'ensemble.

 

La fin est explicative mais ouverte et nous apporte une part du mystère tout en ménageant le suspense pour qu'on ait quand même un peu envie de lire les deux autres romans.

 

Je ne peux toutefois finir la chronique de Spin sans émettre une grosse réserve : l'éthno-phallocentrisme de l'auteur, pour qui l'intelligence et le savoir restent visiblement des vertus réservées aux hommes blancs états-uniens. Les femmes sont toutes des êtres faibles qui se laissent tour à tour berner par la religion, l'alcool ou leurs propres illusions. Les autres pays de la planète sont quasiment invisibles au sein du paysage scientifique, et quand on en parle, c'est pour démontrer leur incapacité totale face au problème, ce qui n'est absolument pas crédible car il semble évident que dans une telle situation, tous les gouvernements mettraient leurs chercheurs à contribution et feraient sans doute tout aussi bien que les Nords-Américains.

Or dans Spin, toutes les découvertes majeures sont bien sûr faites par les États-Unis (on n'est pas très loin de Bruce Willis sauvant l'humanité). Ce à quoi on a envie de répondre qu'avant de s'imaginer en sauveur de la planète, les habitants des États-Unis feraient déjà bien d'arrêter de la détruire. Ensuite, on en reparlera.

J'ai trouvé dommage que l'auteur prenne ce parti pris qui vient entacher l'histoire, car comme je l'ai dit précédemment, j'ai par ailleurs beaucoup aimé.

 

Les deuxième et troisième romans s'intitulent respectivement Axis et Vortex.

On retrouve certaines personnages d'un livre à l'autre mais pas tous, ce qui est je trouve dommage car les personnalités les plus fouillées étaient celles que l'on trouvait dans Spin.

Ma deuxième déception vient du fait qu'on n'en apprend finalement pas tellement plus sur le mystère du Spin et des Hypothétiques au cours des centaines de pages (environ 600) qui jalonnent cette suite. Mon intérêt a donc été beaucoup plus limité que pour le premier livre, que j'avais trouvé vraiment intéressant. Je pense qu'il y aurait véritablement eu matière à explorer davantage les pistes lancées par l'auteur dans le premier ouvrage. Or l'histoire se perd très vite dans des descriptions et des digressions qui, si elles se lisent facilement, n'apportent rien.

A cela s'ajoute une tendance fréquente mais que je trouve très agaçante qui consiste à stopper un chapitre juste au moment où il commence à se passer quelque chose.

 

En définitive seul le tout dernier chapitre (« La croisée des chemins ») nous permet d'en savoir un peu plus, et encore il aurait pu, je trouve, être creusé davantage.

 

Si j'ai donc beaucoup aimé le premier roman de la trilogie Spin (malgré quelques réserves), les deux suivants m'ont un peu laissé sur ma faim, et s'ils se laissent bien lire aussi, je ne les ai pas autant appréciés que Spin.

 

La trilogie Spin, par Robert Charles Wilson, traduit par Gilles Goullet, Editions Folio SF

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