Monde de Rocannon (Le)
QUATRIEME DE COUVERTURE
Cette planète sans nom du système stellaire de Fomalhaut est l’enjeu d’un conflit entre la Ligue de tous les mondes et un Ennemi inconnu. Cinq espèces intelligentes se la partagent. Aucune n’a dépassé le niveau féodal. Certaines communiquent par la pensée. Rocannon, ethnologue, y est envoyé par la Ligue afin d’observer les peuples qui l’habitent avant l’arrivée d’une mission technologique qui assurera le développement de la société la mieux placée.
Mais l’Ennemi surgit de l’espace avant que le plan ne soit accompli. Avec une poignée de compagnons, Rocannon, devenu Olhor l’Errant, le Seigneur des étoiles, va entreprendre de chasser les envahisseurs.
MON AVIS
Le Monde de Rocannon est le premier roman du cycle de l’Ekumen d’Ursula K. Le Guin, non pas selon la chronologie interne de celui-ci mais bien selon celle de l’écriture dudit cycle. Et il faut dire qu’il commence de manière abrupte, par une nouvelle « prologue », Le Collier, qui posera peu le décor des voyages intergalactiques du cycle mais qui, par contre, nous plongera tout de suite son ambiance spéciale, à mi-chemin entre science-fiction et fantasy.
Une fois le prologue passé, nous voici plongés dans un monde délaissé par la Ligue après que celle-ci ait injustement abusé de ses richesses sous prétexte de prélever un soutien financier pour une guerre à laquelle ses habitants n’ont jamais pu participer. Il est maintenant aux mains d’envahisseurs contre lesquels son peuple moyenâgeux ne fait pas le poids. Rocannon, « Seigneur des étoiles » parti en mission ethnographique, s’y retrouve bloqué suite à une embuscade. Il découvre la présence des envahisseurs et décide d’aider cette planète. Cependant, la Ligue n’a pas idée de ce qui s’y passe. Pour obtenir son soutien, Rocannon va devoir se mettre à la recherche d’un transmetteur instantané de messages, le seul de la planète, celui qui se trouve sur le vaisseau des ennemis.
Dite comme ça, l’intrigue semble un peu mince. Et c’est vrai qu’elle n’est pas forcément le point fort du livre. Mais cette première rencontre avec la Ligue offre avant tout une aventure humaine se concentrant sur ses personnages plus qu’un émerveillement scientifique naissant d’une histoire élaborée. Rocannon va apprendre à découvrir une planète et ses habitants, les mettant en danger alors qu’il veut les sauver, et finissant par s’attacher à eux plus qu’il ne le devrait. Ce qui est devenu maintenant un des schémas classiques des histoires de space-opera (ou de planet-opera, j’ai du mal à trancher dans le cas de ce roman) est très bien mené ici, sans surprises mais avec beaucoup d’élégance. Dès lors, Le Monde de Rocannon est une parfaite mise en bouche qui donne envie d’en savoir plus sur ce cycle de l’Ekumen.
A noter que cette histoire, toute courte, se lit avec plaisir mais laisse vraiment sa marque une fois la dernière page tournée. Elle m’a donné l’impression d’avoir voyagé bien plus loin que je ne pourrai jamais le faire.
Au final, j’ai trouvé Le Monde de Rocannon agréable et faussement léger. L’écriture d’Ursula Le Guin ne m’a pas autant plu que dans ses romans plus récents, mais elle est déjà diablement efficace. Une bonne manière de découvrir l’auteur.
Le Monde de Rocannon (La Ligue de tous les mondes, t.1) par Ursula K. Le Guin, traduit par Jean Bailhache, illustré par Jackie Paternoster, Le Livre de Poche SF, 192 p.