Journal de nuit

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Ce journal, appelé Anne (la référence est flagrante), est celui d’une enfant de 12 ans, Lola, qui assiste à la phase finale de l’effondrement de la société américaine et raconte sa propre descente aux enfers. Même si l’héroïne-narratrice n’a pas conscience que le monde dans lequel elle croit encore vivre au début du récit a, de fait, déjà disparu, au fur et à mesure de présidences basées sur le mensonge et la destruction progressive des liens sociaux au profit de l’individualisme le plus prédateur, que revendiquent ouvertement le « Great Old Party » américain et son homologue et désormais homonyme français.

 

Sur le plan de la prédiction à court terme d’un danger qui, apparemment, ne s’est pas encore concrétisé, mais pourrait le faire très vite, je remarque un oubli : dans une telle déliquescence sociale, une partie des soldats et des policiers (à défaut d’une garde nationale plus rétrograde) se souviendraient de leur appartenance aux minorités écrasées et le roman omet de parler des désertions et mutineries qui se produiront certainement bien avant que la situation n’atteigne le point de non-retour, probablement antérieur au début du récit, même si la narratrice a pu ne pas en être consciente du fait de son jeune âge et de son appartenance, au début du moins, à un milieu encore épargné.

 

Le récit, plein de bruit et de fureur, conté par une idiote (au sens de « pas encore vraiment consciente de la situation, vivant encore au début dans un monde rose, croyant naïvement à l’égalité et aux ‘Droits humains’ »), n’est pas dénué de sens. Cette « Alice au pays des horreurs » est un pendant à celle, mensonge victorien, de Lewis Carroll. Tant il est vrai que les rats humains (les loups sont plus sociaux) sont bien pires que les lièvres, chats et autres animaux...

Est-il besoin de dire que ce roman pourrait s’avérer plus rose que l’avenir proche ? Et que sa lecture doit conduire à se battre pour empêcher un tel avenir, et non à se résigner ?

 

Journal de nuit de Jack Womack, Folio SF n°524, 2015. 392 p., illustration Sam van Olffen, F8, ISBN 978-2-070-46583-5

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