Identification des schémas

Je n’avais jamais encore lu ce roman de William Gibson : il m’a surpris par rapport à ceux que j’avais lus précédemment, Neuromancien et Idoru, parce que, contrairement à ceux-ci et à plusieurs autres, ce n’est pas un roman de science-fiction, même si c’est bien de la fiction spéculative. Parce que ce roman ne se passe pas dans un monde futur ni dans un présent uchronique, mais bien dans notre monde, celui de 2003, année d’écriture, malgré des personnages peut-être exagérés par rapport aux personnes que nous connaissons, encore que... et si ? Les entreprises imaginaires citées, au milieu de celles existantes, pourraient exister, toutes les ficelles économiques, politiques, criminelles et d’espionnage utilisées par le scénario sont réelles, et les personnages sont tous crédibles.

On pourrait qualifier le roman de thriller geek ; l’héroïne, Cayce Pollard, est geek à 200%. Même si elle n’est pas informaticienne, c’est une utilisatrice compétente d’ordinateurs, d’Internet et des réseaux. Et c’est un de ces réseaux, celui qui s’est créé autour de clips mystérieux qui apparaissent sur Internet sans nom d’auteur, qui constituent des séquences d’un « Film » mystère, qui va la lancer dans une aventure dangereuse. Alors qu’elle n’est allée à Londres, installée dans l’appartement d’un ami réalisateur de documentaires, que pour donner son avis sur une campagne de publicité organisée par la firme Blue Ant, voilà que le patron de cette firme lui demande de découvrir qui est l’auteur du « Film », et en même temps qu’elle est l’objet d’attaques apparemment en rapport avec cette recherche... Recherche qui fera intervenir la NSA, le logiciel Échelon, la mafia russe...

Passionnant et bien construit, même si rythmé par les problèmes psychologiques et les dégoûts de Cayce, et par le deuil non encore accepté de son père, disparu le 11 septembre, ce roman est encore un autre incontournable de l’œuvre de Gibson.

Identification des schémas (Pattern Recognition) de William Gibson, traduit par Cédric Perdereau,

Au Diable Vauvert, collection Poche, 2021, 498 p., couverture d’Olivier Fontvieille, 9€, ISBN 979-10-307-0447-1