Mission Caladan, les tisseurs de rêves

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Roland m’avait prévenu : ce livre est « bien en deçà de ton niveau ». Autrement dit il ne s’agit pas d’une oeuvre à la Greg Egan, réservée aux amateurs passionnés qui disposent déjà de vingt ans d’habitude de la SF. Et elle se contente de proposer l’idée de base de la construction possible d’un « vaisseau générationnel » qui partirait pour un voyage de plusieurs siècles, idée qui va être discutée entre les protagonistes de ce roman d’aventure et d’espionnage, sans doute destiné à un public de « jeunes adultes » puisque le héros principal en est un.

Le héros, c’est Robin Nagel, jeune étudiant français en informatique à l’université de Masdar (émirat d’Abu Dhabi), entraîné dans l’aventure parce qu’il a, publiquement, été le dernier à voir le professeur Gregory Forbie avant que celui-ci soit enlevé par des agents de la CIA qui le soupçonnent de trahir « les intérêts nationaux des États-Unis ». La partie scénario du roman, c’est comment Robin et les amis de Forbie vont arriver à le délivrer. Mais l’essentiel du roman, ce sont les discussions, surtout entre Forbie et ses ravisseurs, aussi entre Robin et les amis avec lesquels Forbie a mis en route un projet incroyable, discussions dans lesquelles vont apparaître non seulement le projet en question, mais aussi toutes les réalités du monde de 2030 où se passe cette histoire. Il est à la fois heureux pour la cohérence de la démonstration et dommage du point de vue scénaristique que la quasi-totalité des arguments échangés dans ces discussions soient des références aux découvertes et réflexions actuellement disponibles, aux événements récents. On peut s’étonner que, discutant en 2030, les personnages se réfèrent exclusivement ou presque aux études faites entre 1950 et 2010. Ce n’est pas la seule faiblesse de l’histoire sur le plan de la vraisemblance d’ailleurs. Mais Roland Lehoucq veut convaincre le lecteur actuel de la réalisabilité de son idée et de ce que cette idée est actuellement envisageable, pas qu’elle le deviendra quand on aura acquis de nouvelles connaissances scientifiques et techniques.

Du côté des faiblesses scénaristiques, je noterai aussi le fait que, face à un savant américain soupçonné de trahison, l’enlèvement et l’interrogatoire seraient certainement beaucoup plus faciles à monter quand il est aux États-Unis que pendant un séjour à Abu Dhabi. Encore que cela pourrait éventuellement être discuté, au moins pour l’enlèvement. L’exfiltration, elle, devrait être opérée dans les heures qui suivent l’enlèvement, pas après plusieurs jours d’interrogatoire.
Ces défauts qui pourront gêner un habitué de la lecture de romans de fiction spéculative ne devraient pas intéresser ou gêner un lecteur normal. Un jeune sera intéressé par les nombreuses connaissances scientifiques qui sous-tendent une action finalement assez classique. Même un habitué des récits de space opera, en particulier des histoires d’« arches stellaires », appréciera de voir, pour une fois, l’idée envisagée comme un projet, pas comme une réalité en train de frôler la catastrophe.

Pour ma part, j’avoue que je voudrais voir dans ce roman le prélude à celui qui racontera le départ de l’arche. Chiche, Roland, Claude ?

Mission Caladan, les tisseurs de rêves, de Claude Ecken et Roland Lehoucq, Le Pommier, couv Nicolas Fructus

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Commentaires

Le niveau d’écriture est vraiment très très mauvais. Ces gens ont peut-être des idées (je n’ai rien trouvé de bien original au scénario, mais ma foi, ce n’est pas forcément l’essentiel) mais l’exécution est tellement mauvaise que rien ne peut sauver ce livre. Messieurs les auteurs, écrire est un métier. Si vous ne savez pas le faire, apprenez. Mais ne faites pas payer ce genre de torchon, s’il vous plait.