Elément II : l'Air

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L’air est un élément insaisissable mais Magali Duez s’est attachée à en discerner toutes les nuances, de la plus petite brise au plus fort ouragan. L’air est un élément vital pour l’homme, et les auteurs semblent avoir été traumatisés par cette précarité, proposant pour la plupart des textes très sombres.


Elément II : l'Air

Plusieurs histoires font de l’air à venir un ennemi parce que l’homme n’aura pas su le garder respirable. Li-Cam (L’Air d’en rire) plonge donc les hommes dans les profondeurs de la terre, mais certains se rebellent et restent dans les hauteurs irrespirables, comme le chanteur Anamoly qui préconise le rire comme remède à la situation.

Pour Jeanne-A Debats (Privilège insupportable), la surface contaminée rend l’air nocif et chaque membre de la société a donc droit à sa dose d’air en bonbonne. Mais Absal a trouvé un système pour améliorer sa condition grâce au sacrifice des autres. Une nouvelle à la fin violente et fin marquante.

Marie-Lé Camille suggère dans Un jour comme aujourd’hui que l’homme s’adapte à cet air pollué et propose de transformer génétiquement les enfants. Cette situation n’est cependant pas accessible ou acceptée par tous et crée des barrières familiales infranchissables.

L’air est source de vie mais certaines personnes ne sont plus capables de respirer correctement et cette réalité procure trois très beaux textes au recueil.

Ainsi Larie Leblion (Un souffle de tendresse) met en scène avec sensibilité une petite fille asthmatique qui entend le vent lui parler. Une belle réussite que ce premier essai de l’auteur.

Plus caustique, Benoît Guiseppin (Sous vide) présente un héros obnubilé par la pollution depuis que sa petite fille en est morte. Celui-ci prend donc des mesures radicales et... définitives.

C’est à travers une enquête policière (Juste pour un souffle) qu’Isabelle Guso suit les traces d’une mère désespérée par le décès de son enfant. Un texte très bien mené qui mêle fantastique et sentiments.

L’air peut servir de support aux artistes, comme Spumante qui sculpte de l’air gelé et profite d’un accident dans l’espace pour créer une nature morte. L’artiste déjanté de Timothée Rey (Fallait pas gâcher) rejoint celui d’Hélène Cruciani (Du mystère dans l’air), qui sculpte les respirations des gens et dont l’inspiration se heurte à un souffle d’origine inconnue.

Enfin deux textes plus légers se dégagent, dont le Conte de fées moderne et allégé de Dominique Bélière, où une jeune trentenaire solitaire cherche l’amour. Elle finit par rencontrer un homme léger comme l’air et en tombe amoureuse. Le tout se termine bien avec un récit ironique et rafraîchissant.

Dans son Ascension, Yan Marchand effleure l’air en présentant un homme politique qui gonfle à chaque progression dans la sphère d’état, parcourt qui s’appuie sur une incompétence totale. Un texte grinçant, irrévérencieux et/ou terriblement réaliste ?

Avec quinze textes, l’anthologie de Magali Duez est copieuse même si sa concrétisation fut, d’après ses dires, difficile. Ce deuxième recueil sur les éléments, après la Terre, présente des textes variés et riches, qui ne laissent pas insensibles et explorent toutes les facettes de ce bien intangible et précieux.

Élément II : L’Air, anthologie dirigée par Magali Duez, couverture : Magali Villeneuve, Griffe d’Encre

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