Contes myalgiques I

Prix de la nouvelle pour l’ensemble du recueil aux Imaginales 2008, Les Contes myalgiques de Nathalie Dau réunissent treize récits de qualité, abordant pour la plupart des thèmes douloureux. Les fées tiennent une place de choix dans ce recueil, en tant qu’êtres de pouvoir et de bonté.
Pourtant, le traitement que leur réservent les hommes est dramatique : asservissement à leurs besoins (Demain les trottoirs) ou trahison de la parole donnée (Aenor). Pourtant, ces êtres ne cherchent qu’à donner espoir et amour à l’Homme, telle la fée qui ravive l’âme d’un musicien amputé (le Violon de la fée).

Noirs également ces deux très beaux textes, Lucine et Désespérée, dont le premier raconte le viol d’une princesse par son propre père, et la vengeance de la fille trahie. Le deuxième récit met en scène la figure de la Mort, qui évolue parmi ces hommes qui ne savent pas assez rire, ni assez aimer.

D’autres textes moins sombres complètent ce recueil, dont le superbe conte asiatique La Femme, la sorcière et l’amour, qui retrace l’épopée d’une belle jeune femme, prématurément veuve à cause d’un tigre. Refusant son sort, elle s’enfuit vers la forêt de la sorcière afin de préparer le retour de son amour. Après maints sacrifices et douleurs, les deux époux se retrouvent, comblés.

La qualité première de Nathalie Dau est de savoir transporter le lecteur dans son monde imaginaire en quelques lignes. Peuplade asiatique ou nordique, époque moderne ou moyenâgeuse, l’auteur impose son univers en quelques mots car elle raconte le réel, même si celui-ci est éphémère ou imaginaire. Les personnages de Nathalie Dau sont passionnés, charnels et terriblement humains, ce qui fait leur force narrative.

Justement récompensé à Epinal, ce recueil est une réussite et on ne peut qu’attendre avec impatience le tome II.

Les Contes myalgiques, de Nathalie Dau, illustré par Magali Villeneuve, Editions Griffe d’Encre, 150 pages

Interview de Griffe D’encre ici.