DAU Nathalie 01

Auteur / Scénariste: 



Dis-nous quelque chose à ton propos ? Qui es-tu ?

Je suis un être humain, pas tout à fait à sa place dans ce siècle. J’ai le sentiment d’appartenir à une époque révolue, plus ancienne. Plus proche du tout début du Moyen Age, voire de l’Antiquité occidentale. Heureusement, la fantasy me permet de renouer avec tout ça.

Pourquoi cette période t’intéresse-t-elle ?

Je m’y suis toujours sentie chez moi, quand j’y voyageais en lisant des romans historiques ou des livres d’Histoire, ou certains textes de fantasy. Les codes, les références culturelles, le mode de vie qui sont décrits me semblent plus naturels que ceux d’aujourd’hui. Mais bon, je m’adapte. J’utilise un ordinateur sans problème… ;)

A quel âge as-tu commencé à écrire ?

A sept ans.

Te souviens-tu encore de tes premiers textes ? Que sont-ils devenus ?

A sept ans, j’écrivais des contes de fées pour enfants, qui ont disparu. A huit ans, j’ai écrit de nombreux poèmes, à partir desquels un livre a été fait, en seulement deux exemplaires. C’est en fait ma première publication non officielle. J’avais rencontré un photographe qui s’était intéressé à mes écrits et avait fabriqué cet ouvrage à partir de photos de moi, qu’il avait prises dans le jardin de mon immeuble, et de mes textes mis sur des décors, avec un beau papier et une reliure en cuir… La poésie a vraiment été ma première forme d’écriture. Je ne l’ai d’ailleurs jamais complètement abandonnée puisque j’écris toujours des poèmes, dont certains ont été publiés, ainsi que des paroles de chansons.

Vers 12-13 ans, j’ai essayé d’écrire un roman historique qui se passait aux alentours de l’an 1000. J’ai fait plein de recherches à la bibliothèque municipale d’Antibes, pour me documenter, éviter les anachronismes… Pour moi c’était la fin du collège et le début du lycée (j’avais un an d’avance), et j’ai travaillé sur ce projet jusqu’à mes 16 ans (l’année de mon bac). Puis j’ai abandonné parce que j’essayais d’écrire quelque chose de sérieux, mais la magie apparaissait d’elle-même et ça basculait dans ce que je croyais être une littérature non adulte. C’est qu’à l’adolescence, on a tellement envie de jouer à la grande personne !

Plus tard, vers 18-19 ans, j’ai découvert Le Seigneur des anneaux de Tolkien. Ce fut la découverte d’un genre littéraire correspondant enfin à ce que je portais en moi depuis toujours. A partir de là, je me suis lâchée. Avant ça, je n’avais jamais lu de Fantasy. Uniquement des contes de fées, les classiques arthuriens, de la mythologie, des ouvrages qu’on décrit aujourd’hui comme relevant de l’elficologie… D’un autre côté, je connaissais des univers de Fantasy grâce à la BD et aux jeux vidéo, mais je ne savais pas que ça existait aussi sous forme de littérature non enfantine.

Le déclic a vraiment été le Seigneur des Anneaux. Ça a été fabuleux. La rencontre avec un genre littéraire adulte, avec un vrai style, une qualité littéraire digne des meilleurs romans de littérature générale, les rebondissements du roman d’aventure, et cette magie qui s’était toujours imposée à moi… Donc, ça a été : « ok, c’est bon, je vais arrêter de censurer cette magie, de me mettre des barrières, j’ai trouvé le genre auquel j’appartiens ».

Est-ce une profession pour toi ?

Je n’en vis pas mais c’est mon métier. Le reste, ce ne sont que des emplois alimentaires (sauf l’édition que je fais également par passion, sans rien me payer). J’insiste : l’écriture, c’est mon métier. C’est pour les besoins de telle ou telle histoire que je vais faire l’effort d’un voyage en particulier (malgré le coût et la fatigue), que je vais acheter des livres de documentation, lire des conseils pour m’améliorer dans mon écriture... Il paraît que j’ai beaucoup de conscience professionnelle. ;op

Pourquoi l’écriture ? Pourquoi cette envie d’écrire ?

Il y a toujours eu une dimension artistique dans ma famille. Des dessinateurs, des peintres, des musiciens... Mon arrière-grand-père paternel, natif de la République de Saint-Marin, était poète de langue italienne. Je me suis moi-même adonnée à diverses activités artistiques, dès l’enfance : la danse classique, la peinture, mais je n’étais pas très douée pour ça ; le théâtre, la musique, le chant… L’écriture est vraiment, de tous les arts, celui pour lequel je suis la plus douée.

Quand j’étais toute petite, je voulais être danseuse étoile, parce que j’adorais être sur scène, et puis les costumes, la musique, tout ça, mais ensuite, très vite, avant dix ans, mon rêve est devenu l’écriture. Je me rappelle : il y avait une kermesse, à l’école, et une maman qui tenait un stand de chiromancie. Les autres allaient la voir pour lui poser des questions sur leur avenir, surtout amoureux, et moi, la seule question que je lui aie posée, ça a été : « est-ce que plus tard, je serai écrivain ? ». Elle a regardé les lignes de ma main, m’a dit oui et m’a rendu ma pièce. Elle a même précisé que j’écrirais de très gros livres. On peut y croire ou pas, en tout cas ça m’a aidée dans les moments de doute et de cafard. Surtout que dans les premiers temps, mes parents n’étaient vraiment pas très enthousiastes à l’idée que je suive cette voie. Maintenant, ils sont contents de mes publications et succès, ils reconnaissent la qualité des textes même si ce n’est pas leur littérature de prédilection, mais comme je n’en vis pas, ils ont encore du mal à considérer ça comme un métier. Papa surtout, je pense, aurait préféré que ça reste pour moi un loisir.

Ton premier texte est paru en 1991, puis 17 ans de silence ! Pourquoi ce silence ?

Non, pas 17 ans. Le second texte a été publié en 1999. Le silence n’a donc été que de 8 ans. Mais il existe, effectivement. La raison ? J’ai vécu certains drames, je me suis retrouvée, à un moment donné, dans une situation précaire, j’ai dû enchaîner plein de petits boulots. Et puis à l’époque, je travaillais surtout sur un cycle de fantasy, qui n’est d’ailleurs pas encore paru, mais que j’ai commencé en 1987. J’étais totalement absorbée par ce cycle. Je continuais d’écrire beaucoup mais je n’avais rien qui soit prêt pour la publication. Puis, un jour, j’ai rencontré Stéphane Marsan, qui m’a suggéré d’écrire des nouvelles en parallèle. Pourquoi pas une courte histoire se déroulant dans le même univers que mon cycle ? Il était chez Mnémos, à l’époque, il avait lu le début des romans, qui lui avaient plus, donc il m’avait proposé de participer à son anthologie Légendaires. Par la suite, j’ai rencontré plein de gens, j’ai découvert le fandom, l’existence des appels à textes, j’ai eu des enfants, le temps m’a manqué pour m’immerger dans de longs récits, mais le besoin d’écrire persistant… je l’ai assouvi avec les textes courts.


Le roman commencé en 1987 n’est toujours pas paru ?

En fait, il avait été retenu en 1995 par Marion Mazauric, qui travaillait alors chez J’AI LU. Mais elle trouvait le récit trop touffu. Elle m’avait conseillé de revoir la construction, parce qu’en l’état, c’était difficile pour un lecteur de rentrer dans l’univers. Elle m’avait donc proposé d’écrire les préquelles de ce que je lui avais soumis. Donc en fait, depuis 1995, c’est sur ces préquelles que je me concentre. Ce qui m’a amenée à revoir la globalité de l’histoire, travailler sur la cohérence… Mais je compte bien finaliser tout ça. Ensuite, j’enverrai à des éditeurs et on verra. D’ailleurs, ce qui est très flatteur, c’est que Marion Mazauric n’a pas oublié et me demande parfois des nouvelles de ce manuscrit, quand on se croise. Elle avait lu mon tout premier roman publié, Bleu Puzzle, et elle l’avait beaucoup aimé.

Nathalie Dau est un nom qu’on associe maintenant à la Fantasy. Pourquoi la Fantasy et comment cela a-t-il commencé ?

De toutes les littératures de l’imaginaire, ce sont la Fantasy et le Fantastique (une certaine frange du Fantastique) qui me correspondent le mieux, avec lesquels je me sens le plus à l’aise et pour lesquels j’ai le plus de compétences : les mythes, la mythologie comparée, les contes, le folklore… Je ne me sens pas capable d’écrire de la science-fiction parce que je n’ai pas de vrai bagage scientifique et je n’aime pas écrire sur quelque chose que je ne maîtrise pas. Quand les littératures du merveilleux se nourrissent de folklore et de mythes et de fées, là je maîtrise, je peux donc me les approprier, m’en inspirer.

Je me mets moi-même des limites et beaucoup de pression, j’ai peur d’écrire des bêtises, des contre-vérités, des anachronismes… J’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même dans un texte, de faire ce qu’il faut en amont pour que le texte ne déçoive pas les lecteurs. Et là, j’ai une énorme pression parce que les Contes Myalgiques 1 ont été tellement bien accueillis que je me dis : « hou la la, il faut que tu fasses au moins aussi bien », et ça n’est pas toujours facile à gérer. Bon, au final, j’ai réussi à m’en remettre, à boucler mon manuscrit et à l’envoyer à Griffe d’Encre. En ce moment même, les Contes Myalgiques 2 sont en train d’être décortiqués par Karim Berrouka… Avis à ceux qui l’attendent depuis longtemps maintenant : ce second recueil est prévu pour l’automne 2010.

Serais-tu fascinée par les mythologies. Laquelle te plait le plus et pourquoi ?

Totalement fascinée, oui. Avec une nette préférence pour les mythologies celtique et préceltique. Les croyances des peuples bâtisseurs des mégalithes, des pré-Indo-Européens, des hommes préhistoriques... Ce sont celles qui me parlent le plus, avec lesquelles je me sens le plus en harmonie. Pourquoi les mythologies en général ? Ecole religieuse, lectures sacrées dès l’enfance… sauf que le catéchisme et les mythes païens, pour moi, c’était du pareil au même. Je croyais en tout. Comme je n’allais pas à la messe, je me suis très tôt fait traiter de païenne, d’ailleurs. Je lisais la collection des Contes et Légendes des éditions Nathan, les ouvrages des éditions Gründ, j’étais curieuse de tous ces mystères et je voulais en savoir plus… Je m’intéresse à la culture des peuples qui nous ont précédés. Les temps anciens, l’époque où l’on priait la terre…

Ton écriture est faite de passion et de violence. Une caractéristique de Nathalie Dau ?

J’ai beaucoup de colère en moi. Envers ceux qui m’ont fait du mal, qui m’ont blessée, trahie, qui m’ont menti, qui se sont servis de moi… Mais pas seulement. Je suis en colère aussi à un niveau plus général. J’ai un côté Zorro, je voudrais parfois aller lutter contre les injustices, m’insurger. Toutes ces valeurs qui se sont perdues, l’honneur, la justice… Oui, il y a de la colère et de la passion. Des flammes. Du sang. Une faim dévorante. Je me souviens d’un temps très lointain où le roi de la tribu avait une fonction sacrée, où il était le garant du pacte passé avec les forces de la terre, où il prenait sur lui tout le malheur qui aurait pu frapper son peuple. Où il s’assurait que les lames des couteaux soient luisantes de bonne graisse nourrissante. Où il se laissait sacrifier afin de ne pas s’attacher au pouvoir. Aujourd’hui, on entre en politique non par désir de servir son peuple et son pays, mais pour son intérêt personnel. Pour acquérir pouvoir, gloire et richesse. C’est une aberration. On se croirait revenu sous l’Ancien Régime. Le luxe indécent, le gaspillage, le mépris dans lequel on tient le peuple, la complicité des médias, le nivellement par le bas, le miroir aux alouettes que sont les people du sport et du spectacle… Comment ne pas avoir envie de hurler ?

Ton écriture est fine et joliment imagée. Travailles-tu beaucoup tes textes ?

Curieusement, pas tellement. En fait, ça mûrit dans ma tête. Puis, à partir du moment où je passe à la phase rédaction, ça vient d’un coup, tout coule en moi, c’est fluide, les mots se mettent à la bonne place… Je pense que cela vient de la poésie, de la musique… Je fais toujours passer à mes textes l’épreuve de la lecture à voix haute, pour bien placer la ponctuation…

Quelles sont les envies d’un écrivain comme toi ? Etre éditée par Albin Michel, Flammarion, Bragelonne ?

Non, surtout pas. Ce sont des éditeurs que je respecte mais leur ligne éditoriale ne correspond pas à ce que j’ai envie de faire. Je n’ai pas envie de me retrouver un jour à travailler avec un éditeur qui, au nom d’impératifs commerciaux, pour toucher un plus large public, me demanderait de transiger avec cette exigence que je m’impose. Je suis tout à fait consciente qu’il y a des concessions à faire. Les différentes directions littéraires que j’ai eues m’ont beaucoup appris : à donner au lecteur, qui n’est pas médium, les éléments et clefs de compréhension qui vont lui être nécessaires, sans le noyer pour autant ; faire attention aux ellipses, à la cohérence…

J’aimerais être éditée par un éditeur qui m’aime. Qui aime ce que j’écris. Qui se trouve fier de m’avoir comme auteur. Qui osera faire cette démarche d’aller parler de moi là où moi-même j’aurais plus de mal, car je suis malgré tout assez timide. De se battre pour moi. Qui éprouvera de la joie, de l’émotion, grâce aux textes que je lui confierai. J’ai besoin qu’existe ce rapport affectif, sans que ce soit ambigu, bien sûr.

J’ai envie de ne pas être juste un auteur parmi d’autres au sein du catalogue d’une maison d’édition. J’ai envie d’être un peu « le chouchou de la maîtresse ». C’est bête, hein ? ;).

Tu as fondé une maison d’édition, les éditions Argemmios. Pourquoi t’être lancée dans cette aventure périlleuse ?

Lorsque j’ai dirigé L’Esprit des Bardes pour les éditions Nestiveqnen, dès le départ j’avais ce projet d’une collection qui aborderait tour à tour toutes les mythologies. L’idée les intéressait mais était conditionnée au succès de la première antho. Le succès a été là, car l’ouvrage s’est très bien vendu, mais à ce moment-là, pour diverses raisons, Nesti a décidé d’arrêter de faire des anthos. J’ai très bien compris et je ne leur en ai pas du tout voulu, mais je conservais cette envie… J’ai un peu approché d’autres éditeurs mais, au final, j’ai fait comme ces acteurs qui passent de l’autre côté de la caméra pour devenir réalisateurs, et j’ai créé ma propre maison d’édition. On a lancé les premiers AT et, en attendant qu’arrivent les textes, j’ai publié la version revue et augmentée des Débris du Chaudron (à l’origine une novella parue dans une antho Fleuve Noir qui était épuisée). J’avais plusieurs lecteurs qui m’avaient découverte avec les Contes Myalgiques et qui regrettaient de ne pas parvenir à se procurer ce texte, donc je me suis dit : on va le republier chez Argemmios. En le reprenant 7 ans après, j’ai eu envie de le retravailler. J’étais libérée des contraintes de taille imposée par la publication en anthologie, j’ai demandé à Jean Millemann d’accepter de me diriger, il m’a fait travailler et puis voilà, le roman est là. C’est la première publication Argemmios, il m’a permis de tâter le terrain, d’essuyer les plâtres, sans prendre le risque de mettre en porte-à-faux un autre auteur qui m’aurait fait confiance, si jamais je n’étais pas parvenue à développer ma structure. Finalement, ça a bien marché. Juste après, on a eu le recueil de Charlotte Bousquet. Puis les Héritiers d’Homère, Flammagories, le recueil de Denis Labbé… et puis la collection Bouts d’Cailloux, pour les enfants. On a plein d’autres projets : des romans, un recueil de Fabrice Anfosso… Pour les Imaginales, nous publions nos deux premières BD…

De toute façon, je ne publie que des coups de cœur. Des textes et des auteurs en lesquels je crois. On reçoit beaucoup de manuscrits, on a dû cesser d’en accepter pendant une longue période, pour pouvoir lire tout ce qu’on avait déjà reçu et se décider, répondre aux auteurs…

Petit message personnel : on ne reçoit les textes que sous format électronique, .doc ou .rtf. Surtout, ne nous envoyez pas de manuscrit papier, s’il vous plaît, ça nous embarrasse plus qu’autre chose, et en plus ça vous coûtera moins cher, amis auteurs.

Quelles sont les ambitions et les projets des éditions Argemmios ?

Continuer à éditer, faire ce qu’on aime, se développer suffisamment pour qu’un jour je ne sois plus obligée d’avoir un emploi alimentaire à côté. Je ne me vois quand même pas, dans 30 ans, à la tête d’un énorme groupe éditorial. J’aimerais bien trouver quelqu’un pour m’aider au niveau de la direction littéraire, afin de travailler plus vite, mais même avec cette aide, on ne pourrait pas publier beaucoup plus de livres par an, tout simplement parce qu’on n’a pas énormément de trésorerie. Actuellement, on finance un titre avec les ventes du précédent. Tout en payant scrupuleusement nos auteurs et illustrateurs.

Quel est ton auteur d’Imaginaire préféré ?

Tolkien, pour tout ce qu’il m’a donné, permis, même si, quand je le relis maintenant, son écriture, du moins la traduction française, n’est plus celle qui me transporte le plus. Mais l’univers qu’il a construit est peut-être l’un de mes préférés…

En fait, mes auteurs favoris, ce sont des gens qui n’ont pas de noms. Les bardes d’autrefois, ceux qui relevaient de la tradition orale… Je n’ai pas un auteur préféré, j’ai des romans préférés. J’ai adoré Le Dieu dans l’ombre de Megan Lindholm. Faerie, la colline magique de Raymond Feist, dans sa première édition. Je sais que c’est ressorti récemment, retraduit, mais je n’ai pas testé cette version-là. Et puis… il y en a tellement, c’est dur de choisir. Ah si : le dit de la terre plate de Tanith Lee.


Quel est ton auteur de littérature générale préféré ?

Il y en a 2. En fait plus que ça mais… en roman historique : Gueule et Sable de Jean-François Nahmias alias François Liensa, qui existe aussi sous le titre L’enfant de la Toussaint. Et sinon, un roman qui m’a beaucoup touchée, c’est Les amitiés particulières de Peyrefitte. J’ai pleuré, tout est très délicat et bouleversant. Et puis Les lettres de mon moulin de Daudet… Pagnol pour la tendresse qu’il exprime pour ses personnages. Et puis deux essais qui sont probablement mes livres préférés tous genres confondus : La Déesse Blanche de Robert Graves, et La Femme Celte de Jean Markale.

Quel est ton film d’Imaginaire préféré ?

La trilogie Le Seigneur des Anneaux, version longue, en boucle. Je joue d’ailleurs au mmorpg Le Seigneur des Anneaux.

Quel est ton film hors Imaginaire préféré ?

J’ai beaucoup de tendresse pour Maurice de James Ivory. Oui je sais, on retombe dans les thèmes des amitiés particulières. Brockeback Mountain ? Non, j’ai moins aimé. Sinon, je suis très séries parce que j’aime m’immerger longtemps dans une histoire, lorsque j’aime. J’ai adoré Rome. J’aimerais tant qu’on nous propose un jour une production de qualité équivalente sur les âges sombres de l’Europe de l’Ouest ! Ou le Mabinogion adapté pour la télévision…

Quel livre d’un autre auteur aurais-tu désiré avoir écrit, soit parce que tu es jalouse de ne pas avoir eu l’idée la première, soit parce que tu aurais traité l’idée d’une autre manière ?

Alos là, je n’en ai aucune idée. Il y a des auteurs, lorsque je lis leurs textes… Comment dire ? Je me sens très proche de leur écriture et j’ai l’impression que j’aurais pu écrire à peu près de la même façon si j’avais dû raconter la même histoire. Notamment certaines des nouvelles de Pierre-Alexandre Sicart. J’ai eu le même sentiment en lisant le premier tome du cycle d’Amarantha de Charlotte Bousquet. J’ai trouvé des approches, des images, des rythmes qui m’étaient familiers, confortables. Mais je n’aurais pas forcément aimé écrire exactement ces histoire-là.

Je sais ! J’aurais aimé être le barde qui a écrit la première version des Chevaliers de la Table Ronde. La version païenne, galloise.

Quel est l’élément déclencheur qui fait naître tel ou tel roman, telle ou telle thématique... Ainsi Jonathan Littell a eu l’idée des Bienveillantes en voyant la photo d’une jeune russe martyrisée pendant la dernière guerre. As-tu des éléments déclencheurs, des faits, des objets... Une oeuvre d’art... ?

Lire des essais sur la mythologie… et la musique. Loreena McKeenitt. Omnia, Dead can dance. Au début, j’avais besoin d’un profond silence pour écrire, mais lorsqu’on a 3 enfants à la maison, la musique permet de construire une bulle isolante, et je travaille au sein de cette bulle, et avec les sons qui la composent. Par exemple « Aenor », dans les Contes Myalgiques 1, a été écrite en écoutant en boucle 7 chansons d’Alan Stivell tirées de son album Légende.

Quel sont les derniers livres que tu as lus et que tu recommanderais ?

Il y en a plein. Trop. Là je viens de finir le dernier tome paru du cycle des Aventuriers de la Mer de Robin Hobb, je n’ai pas pu décrocher de toute une nuit, j’ai été embarquée, mais il y a des gens qui trouvent le rythme trop lent… J’ai une énorme pile qui contient certainement des tas de livres excellents, mais je n’ai pas encore pu les lire.

Quel est ton principal trait de caractère ?

En qualité ou en défaut ? Bon, d’accord : hypersensible, ce qui peut être les deux.

Qu’est-ce qui t’énerve ?

Le mensonge. On peut me faire beaucoup de choses, mais me mentir, surtout au niveau des sentiments, c’est quelque chose que je ne peux pas pardonner.

Outre l’écriture, quels sont tes hobbies ?

Faire l’andouille avec les copains pendant les festivals, jouer au jeu en ligne du Seigneur des Anneaux avec mon chéri, cuisiner, lire, jouer de la flûte et du bodhran, chanter…

Quel est le don que tu regrettes de ne pas avoir ?

La téléportation. C’est très fatiguant, les transports. Il y a tellement d’endroits où je voudrais pouvoir me rendre… Non, ce n’est pas SF, les créatures féeriques sont capables de se rendre dans l’endroit de leur choix en une pensée. Et même d’être en plusieurs lieux en même temps ! Vous vous rendez compte ? Avoir la capacité d’être à la fois en ce monde, et puis de l’autre côté… Et tous ces voyages… Je n’aurai jamais l’argent et la santé pour les réaliser. En plus j’ai peur de prendre l’avion, je ne suis pas spécialement rassurée en bateau non plus. Du coup, il y a plein de rêves auxquels j’ai dû renoncer.

Quel est ton rêve de bonheur ?

Je ne crois pas au bonheur dans cette vie. Un bonheur absolu, parfait… non. Je crois que les épreuves sont des marches d’escalier qui nous aident à progresser, justement. Je crois que la quête du bonheur dans cette vie est vaine, surtout le bonheur tel qu’on nous le vend, tellement axé sur la possession matérielle, si bien que les gens se sentent ensuite si malheureux de ne pas avoir tel ou tel objet, au point parfois de commettre des crimes pour se les procurer…

Je dirais que mon bonheur serait de savoir que mes enfants grandissent sereinement, sans traverser des épreuves trop douloureuses. Je voudrais qu’elles n’aient pas besoin de vivre de grands drames pour devenir des adultes aimantes.

Par quoi es-tu fascinée ?

Par les fantômes qui me hantent.

Tes héros dans la vie réelle ?

Je considère comme des héros les gens qui arrivent à vivre en harmonie avec eux-mêmes et en harmonie avec la planète. Qui respectent l’environnement et les rythmes naturels. Qui savent que l’être est plus important que le paraître. Des êtres humains qui ont leurs forces et leurs faiblesses, et du courage.

Si tu rencontrais le génie de la lampe, quels vœux formulerais-tu ?

Qu’il me permette de rentrer chez moi, mon vrai chez moi, le jour de ma mort. Pas d’enfer ni de paradis, mais chez moi, rien de plus.

Ta vie est-elle à l’image de ce que tu espérais ?

Maintenant oui. Depuis moins d’un an, je vis à la campagne, au calme, isolée sans trop l’être. J’ai enfin échappé à la violence de cette guerre de quartier qui opposait deux cités HLM, dont celle où j’habitais.

Cites-nous 5 choses qui te plaisent.

Les chats, les tourtes à la viande, la couleur bleue, avoir ses propres horaires (suivre son rythme naturel), les vieilles pierres.

Cinq choses qui te déplaisent

L’arrogance de l’espèce humaine, la perte du respect et du goût de l’effort, la perte de la conscience du bien et du mal, le culte de la mode, le bling-bling.

Last but not least une question classique : tes projets ?

En tant qu’éditrice, pouvoir publier tous les ouvrages que nous avons retenus et qui méritent vraiment d’être découverts..

En tant qu’auteur : retourner à l’écriture de mon cycle de Fantasy.

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