Crash - Contes du soleil noir

La vie précaire d'une jeune mère isolée tourne au cauchemar après un accident. Clouée sur son lit d'hôpital, face à la télévision, elle se dissout peu à peu dans le flux de l'information mondiale catastrophiste. 

Crash est le premier tome des Contes du Soleil Noir (dont le titre m'a fait penser au Soleil Vert ; j'ai effectivement retrouvé quelque chose du film dans l'atmosphère et l'horreur de la condition humaine qui y sont décrites).

Je tiens d'ailleurs à remercier la maison d'édition de m'avoir envoyé les trois volumes alors que je n'en attendais qu'un au départ.

Ces trois tomes peuvent se lire indépendamment et dans le désordre. Ils sont tous les trois courts (environ 120 pages). 

Dès l'introduction (commune aux trois romans), le narrateur nous prévient qu'il nous laisse accès à un monde un peu différent, là où règne l'inexplicable. Ce narrateur se présente comme étant Geek, le voyageur immobile, car il a accès à tout depuis son ordinateur. Ce voyageur immobile pourrait tout aussi bien être n'importe quel lecteur, immobile aussi malgré les voyages que lui permet sa lecture.

Le style de l'auteur est percutant, il utilise des tournures familières tout en restant bien écrit voire poétique par moments et j'ai tout de suite accroché. Ce style permet d'être happé immédiatement par l'histoire. Un bémol cependant : j'ai trouvé qu'il y avait un certain abus des mots en italiques.  

Le roman est court et se lit très rapidement, très facilement.

Il est original en ce sens qu'une certaine horreur s'en dégage, mais cette horreur ne se trouve pas dans des effusions de sang (totalement absentes du roman) ; elle est dans le ton glacé de l'auteur, dans cette description clinique de notre humanité. Le froideur et le cynisme de celui qui raconte, loin de nous détacher des personnages, renforcent notre empathie et notre pitié.

En revanche je suis restée un peu sur ma faim : l'idée de cette femme qui se dissout dans le flot d'informations était très originale et prometteuse et aurait pu, je trouve, être exploitée plus poussée, afin de dénoncer un aspect potentiellement problématique de notre société.

Crash par Alex Jestaire, illustré par Olivier Fontvieille, Editions Au diable Vauvert, 9,99€