Chroniques du pays des Mères

Depuis la destruction du monde il y a eu les Harems, puis les Ruches et désormais, il y a le pays des Mères. La société est dominée par les femmes, classées en fonction de leur fertilité. Les hommes également, mais ils sont écartés du pouvoir pour avoir déclenché le désastre originel. Les enfants sont devenus rares et beaucoup meurent dans la petite enfance, touchés par la Maladie.

Dans la région du Litale, Lisbeï est une jeune fille qui s’est prise d’amitié pour la petite Tula. Leur enfance au sein des crèches communautaires est simple et emplie de l’amour d’Elli. Elli est le tout, l’ensemble, et ses préceptes d’amour sont la base et le ciment de la société. La jeune Lisbeï se sent promise à un grand avenir, mais les obstacles seront nombreux.

Elisabeth Vonarburg crée dans ce roman un monde paisible et sensible, mais totalement tourné vers la survie. Cette société matriarcale n’est pourtant pas figée, et Lisbeï se révèle un déclencheur d’évolution majeure. On découvre peu à peu l’histoire de cette Terre futuriste, triste héritière d’une société moderne qui s’est auto-détruite.

Les personnages féminins sont finement ciselées au fil des pages et dévoilent leurs angoisses et leurs rêves dans cette société si particulière. Les hommes ne sont pas absents mais restent en périphérie, même si les rapports femmes-hommes sont explorés en détail. La maternité, la mort, la croyance, la réalité historique sont d’autres thèmes développés par l’auteur.

Sans combat, sans monstre, sans arme, ce roman est pourtant dynamique, avec des rebondissements et du suspense. Parfaitement mené avec des histoires et des époques qui alternent, Chroniques du pays des Mères est un superbe texte de science-fiction qui questionne chacun sur la relation et la place des femmes et des hommes au sein de nos sociétés.

Chroniques du pays des Mères par Elisabeth Vonarburg, illustré par Aurélien Police, aux éditions FolioSF, ISBN 9782072906329