CHAUMETTE Jean-Christophe 03
2022 en trois questions :
- Quel est votre grand projet 2022 ?
Il serait plus juste de parler de mon grand projet des années 2020 ! Depuis la sortie de mon dernier roman en 2019, Les rats de Hamelin, je me consacre à l’écriture d’une saga qui est partie pour être aussi importante que Le neuvième cercle. Je reviens à ce que j’ai voulu faire à mes débuts, à savoir écrire de la fantasy mais en inventant mon propre univers plutôt que d’emprunter aux codes traditionnels des mondes « tolkiens ». Le neuvième cercle était une très longue saga de fantasy dans un décor de space-opera, mon projet sera une très longue saga de fantasy dans un monde post-apocalyptique. Pour pimenter le tout, je me livre à un exercice que j’aime bien, la transposition. J’ai déjà transposé l’Apocalypse de Saint-Jean (L’arpenteur de mondes), Ragnarök (L’aigle de sang), les Évangiles (Gospel). Cette fois-ci, je m’attaque à une immense légende profondément ancrée dans la culture européenne. Seul problème, lorsqu’on s’embarque dans un projet aussi considérable, difficile de savoir quand on le terminera (surtout avec un métier prenant en parallèle de l’activité d’écriture) !
- Qu’avez-vous fait en 2021 que vous ne voulez pas refaire en 2022 ?
Me préoccuper de l’opinion d’autrui. D’une manière générale, cela m’est plutôt indifférent, ma propre boussole intérieure me suffit. Mais comme tout le monde, il m’arrive de m’inquiéter du regard des autres. Je pense qu’il s’agit d’un défaut que la vie moderne accentue de manière caricaturale. Les réseaux sociaux amplifient ce travers. Chacun vient y solliciter l’opinion d’autrui, s’offrir au regard d’autrui. J’essaie de me protéger de cette plaie moderne, mais je suis déterminé à être plus strict en 2022 qu’en 2021. Je précise que ne pas se préoccuper du regard, de l’opinion, du jugement des autres ne signifie pas ne pas se préoccuper des autres.
- Quel est votre duo emblématique de la littérature ?
Une question difficile lorsqu’on aime lire et découvrir des auteurs ! Pour y répondre, j’ai fini par me poser la question autrement : qui t’a donné envie d’écrire ? Du coup, la réponse est devenue évidente. Mon duo emblématique, c’est J. R. R. Tolkien et Frank Herbert. Sans doute y a-t-il eu mieux que Tolkien en fantasy, de nombreux auteurs au style moderne, de vrais « page-turners » plus adaptés aux attentes du public actuel. Je me contente de citer Joe Abercrombie, une merveille de raconteur d’histoires (les amateurs de fantasy doivent absolument se ruer sur ses romans !). Mais qu’on le veuille ou non, tous les écrivains de fantasy sont des néo-tolkiens. Quant à Herbert, il a eu cette capacité rare à engendrer un univers. Ces deux-là ne sont pas juste des écrivains, ce sont des démiurges. Rien de surprenant à ce que le cinéma vienne puiser dans leur œuvre la matière pour construire de colossaux succès (fait pour Le seigneur des anneaux, en bonne voie pour Dune)