Sorceleur : codex (Le)
L'univers du Sorceleur décrypté au coeur d'un ouvrage richement illustré.
Au fil des romans et des recueils de nouvelles, Geralt de Riv a arpenté de long en large les Royaumes du Nord, des plaines de Sodden aux rives du fleuve Delta en Rédanie, en passant par les montagnes escarpées qui mènent à Kaer Morhen. Au gré de ses voyages et aventures, il a croisé nombre de personnages haut en couleurs (assassins, sorcières, elfes, nains, rois et seigneurs), tout comme des créatures fantastiques, prédatrices, inoffensives ou iconoclastes. La magie, la sorcellerie, les croyances et la diplomatie sont autant de thématiques qui font du Sorceleur une cosmogonie riche et complexe, inventée par Andrzej Sapkovski, et pour lequel CodexLe Sorceleur constitue une introduction essentielle.
Un guide exceptionnel qui permettra aux lecteurs des romans, comme aux joueurs ou aux spectateurs de la série Netflix, de se familiariser avec l'univers du Sorceleur.
Totalement inédit, l'ouvrage se présente sous la forme d'entrées par le biais des personnages, De Angoulème à Zoltan Chivay, en passant évidemment par Ciri, Geralt, Jaskier et Yennefer, toutes les forces en présence voient leur trajectoire retracée et sont illustrées d'après la description puisée dans les romans. Chaque entrée est d'ailleurs mise en perspective par un court extrait des écrits d'Andrzej Sapkowski. Bien évidemment, vu la vocation de Geralt de Riv, un chapitre entier est dédié à la dépiction de plus d'une vingtaine de créatures parmi les plus emblématiques, dont certaines sont bien connues de la mythologie du Sorceleur : basilic, kikimorrhe, kochtchei, strige, wyvern, zeugle, et bien d'autres encore. Des sections sur la Conjonction des Sphères et la diplomatie générale, l'un des enjeux des romans d'Andrzej Sapkowksi, permettent à tout lecteur d'avoir les armes pour décoder le monde du Sorceleur.
Fan du Sorceleur, j’ai pris un plaisir relatif à parcourir l’intégralité de ce Codex. Je vous explique pourquoi.
J’ai découvert l’univers de Geralt, Yennefer et Cirilla il y a quelques années, non pas par les romans, mais à travers le second volet des jeux vidéo sur console de salon. Je me suis mise à la lecture des romans depuis et, comme bon nombre de fans, j’imagine, j’ai relevé des différences notables entre ces deux interprétations, différences qui, à mon sens, se sont encore accentuées avec l’adaptation Netflix depuis.
Cet état de fait étant posé, je préfère vous prévenir que ce Codex, même s’il peut bien sûr être lu par n’importe quel fan, reprend principalement des éléments du lore des romans, c’est-à-dire que rien de ce qui s’y trouve n’est issu des deux autres adaptations, ces deux dernieres ayant pris certaines libertés narratives vis-à-vis du matériau d’origine.
Mais revenons au codex lui-même. La couverture, tout d’abord, est très soignée et ce livre, à l’image des romans graphiques déjà édités, pourra facilement trouver une place dans une collection. Les illustrations internes, elles aussi très jolies, rendent hommage à l’univers imaginé par Andrzej Sapkowski.
Le codex est divisé en trois grandes catégories, Diplomatie générale, Personnages, Monstres, catégories elles-mêmes précédées d’une explication sur la Conjonction des Sphères, événement de la « création » de l’univers du Sorceleur, en somme le big bang Sapkowski.
Le volet Diplomatie est très instructif pour comprendre la guerre opposant Nilfgaard aux royaumes du nord, qui est le roi de quelle contrée et quels sont ses intérêts politiques, même si cela n’est pas le cœur de l’ouvrage et c’est tant mieux, je ne suis pas fan de politique. Ça n’en reste pas moins utile.
La partie détaillant les personnages est à mon sens la plus intéressante et la plus complète. On y apprend les origines de chacun et son rôle tout au long de l’œuvre de Andrzej Sapkowski, ses relations avec les autres principaux protagonistes sans pour autant qu’il y ait le moindre spoil. Donc, si vous ne connaissez pas encore tous les secrets et autres twists de l’univers du sorceleur, vous pouvez y aller sans crainte, vous ne serez pas spoilé.
Enfin, la partie Monstres est aussi intéressante, mais elle est selon moi incomplète pour deux raisons.
La première est que tous les monstres (cela inclut les créatures non dangereuses) présents dans l’univers ne s’y trouvent pas. Je dis ça en connaissant toutes les créatures rencontrées dans le 3e volet du jeu vidéo, ce qui me ramène à ma réflexion du début sur le fait qu’on est plutôt là en présence d’un livre destiné avant tout aux lecteurs des romans. Cette réflexion, même si je ne l’ai pas évoquée au paragraphe précédent, est aussi valable pour les personnages. Il en manque certains qui auraient certainement mérité qu’on les sorte du jeux vidéo ou de la série pour les inclure dans ce Codex. Ce manque est donc encore plus flagrant avec les monstres (catégorie que j’aurai plutôt nommée créatures) et quelque part c’est un peu dommage.
La seconde raison, qui est plutôt un point de vue de « sorceleur », est que pour chaque monstre, on vous explique ce qu’il est, éventuellement d’où il vient ou encore à quelle occasion Geralt le rencontre, mais à presque aucun moment ne sont évoqués ses réels points faibles ou la façon de le vaincre, alors même que chaque page « monstre » contient un paragraphe « méthode ». Il y a toutefois quelques monstres qui bénéficient d’une attention plus poussée. Sur ce point, ce Codex souffrira beaucoup de la comparaison avec un autre Codex bien plus complet : celui inclus dans le jeu vidéo The Witcher III : Wild Hunt. Ces paragraphes méthodes auraient donc mérité selon moi d’être un peu plus développés pour aider à mieux comprendre toute la préparation du sorceleur avant ses combats, préparation qui est en fait cruciale pour lui éviter une mort certaine.
Pour résumer, ce Codex respecte fidèlement l’univers imaginé par Andrzej Sapkowski, mais il le respecte peut-être un peu trop. En effet il ne sort quasiment jamais des clous bordant l’œuvre d’origine et c’est un poil dommage, voire frustrant, car l’univers étendu développé dans les jeux vidéo et la série y aurait tout autant mérité sa place selon moi. Graphiquement, c’est par contre très agréable, dans la même veine que les romans graphiques déjà parus (et dont la liste est présentée à la fin du Codex , faut bien se faire de la pub).
Un lecteur des romans n’ayant pas touché aux jeux vidéo y trouvera un intérêt et y apprendra certainement des choses, tout comme ceux ayant uniquement regardé la série. Un gamer n’ayant pas lu les romans comprendra mieux l’univers politique (sauf s’il a lu tout le Codex contenu dans le jeu, mais ils ne sont sûrement pas nombreux à l’avoir fait), mais n’apprendra rien de nouveau sur les monstres.
Ce Codex méritera donc largement sa place dans la bibliothèque d’un fan du Sorceleur qui aime les beaux ouvrages et en quête secondaire de quelques informations supplémentaires, mais n’est-ce pas, après tout, la place destinée de n’importe quel Codex…
Le Sorceleur : Codex par Alain T. Puyssegur - Bragelonne- novembre 2021, 30 €