Texto
Contrairement aux autres romans de Glukhovsky, celui-ci ne contient pas la moindre trace d’anticipation. Il s’agit d’une version moderne de Crime et châtiment, dans le Moscou de 2016, d’une analyse poussée de la société actuelle et de la vie des Russes, sans la moindre extrapolation scientifique ou technique. Les appareils utilisés sont les appareils existants, le héros pourrait être un individu ordinaire. Arrêté sous une fausse accusation par un policier ripou, Ilya vient de passer sept ans en relégation. Il rentre enfin chez lui pour trouver sa mère morte. Furieux et ivre, il retrouve le policier qui l’a fait condamner et, l’autre étant ivre lui aussi, il le tue. Il s’enfuit avec l’iPhone et le pistolet du policier dont il a lancé le corps dans un égout. Et cet iPhone va le lancer dans une quête imprévue, celle des secrets du mort pour lequel il va se faire passer, uniquement par textos, pendant quelques jours. Quelques jours au bout desquels il pourra, peut-être, refaire sa vie, si les scrupules ne l’en empêchent pas....
Bien entendu, à travers les différents incidents de la vie du héros, à travers les informations que diffuse la télévision, l’étude psychologie, par ailleurs approfondie, des réactions et des pensées d’Ilya et ses tentatives pour comprendre comment pensait son tourmenteur, c’est avant tout une critique en règle de la société russe actuelle que nous offre ce roman. Qui mérite donc l’appellation « fiction spéculative »...
Texto, de Dmitry Glukhovsky, traduit par Denis E. Savine, L’Atalante, 2019, 395 p., couverture d’Eli Yatskevich, ISBN 978-2-84172-886-2