Mon nom est Vance, Jack Vance

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Sous ce titre racoleur, Le Livre de Poche publie les mémoires de l’immortel auteur de Tschaï, de Lyonesse (1916-2013) et de tant d’autres chefs-d’œuvre de science-fiction, ou plutôt de son sous-genre, le planet opera, qu’il a si bien illustré.

 

Le titre anglais est : This is me. Jack Vance ! C’est déjà mieux. Ces souvenirs sont palpitants à souhait, parfaitement dignes du grand conteur, mais attention, on y apprendra très peu sur ses livres. Il raconte sa vie privée, sa famille, son éducation, ses années d’université. Tout cela peut paraître parfois désuet (le Club des agiteurs de pouce, destiné à aider les autostoppeurs) ou super passionnant (sa découverte du jazz, son séjour à Pearl Harbor une semaine avant l’attaque). Il conte ses mille et un travaux pour gagner sa vie, ce qui l’inspirera dans ses romans, à coup sûr. Beaucoup de voyages aussi, et une attirance fascinée pour la mer. Il rencontre Norma Ingold et ils travaillent en équipe : il écrit, elle tape, il corrige, elle envoie. L’argent commençant à rentrer, le couple Vance, marié en 1946, entame de nombreux voyages lointains, que ces mémoires relatent avec détail et amusement. De l’Espagne à l’Australie, du Maroc à Tahiti, de Land’s End à Joan o’Groats, du Lough Corrib à Torremolinos, de Corfou à Panama, des ruines de Zimbabwe au Sri Lanka (où il rendra visite à Arthur C. Clarke), il aura tout vu, tout visité, même les chasseurs de têtes Dayaks ! Et tout cela est raconté avec cette verve que nous lui connaissons, de sorte que ce petit livre se dévore en un jour ou deux. Vers la fin de son ouvrage, Vance redit encore son amour pour la mer et les bateaux. Il parle aussi, tout de même, de ses problèmes de vue, et de sa cécité. Dans le dernier chapitre, « Un dernier mot », il se livre un peu, lui, si pudique pourtant. Il parle de ses créations préférées (Durdane, Emphyrio, Cugel, Rhialto, Lyonesse), des écrivains qui l’ont marqué (C. L. Moore, P. G. Wodehouse, C. A. Smith, E. R. Burroughs, Lord Dunsany, ou même la série Oz de Baum). Il évoque beaucoup son amitié pour Poul Anderson, son amour pour sa femme Norma, à qui le livre est dédié, et qui est décédée en 2008. Comme il l’avoue : « Nous nous installâmes au bord d’un petit cours d’eau, et nous nous mîmes au travail pour produire mon quota de deux à trois mille mots par jour » (p. 235). Fabuleux !

Mais tout n’est-il pas fabuleux chez ce grand conteur, chez cet évocateur de décors étranges, de mondes inouïs ? Il nous quitte sous forme d’amical clin d’oeil : « N’ayant donc plus rien à vous apporter, j’agite mon mouchoir en disant : AVE ATQUE VALE ! »

 

Merci, grand Old Jack !

 

Jack VANCE : Mon nom est Vance, Jack Vance, 2017, Le Livre de poche, ISBN : 978-2-253-08356-6, traduction de Patrick Dusoulier, 305 p., 8, 45 euros.

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