Au fil du temps
Autrefois, George R. R. Martin fut…
Jeunes lecteurs (et lectrices), il fut une époque lointaine où George R. R. Martin n’était pas le créateur vénéré de Game of Thrones mais un nouvelliste remarquable qui faisait les délices de l’amateur de science-fiction. En France, les recueils Chanson pour Lya et Des astres et des ombres l’avaient installé au firmament des grands nouvellistes, illustrateurs et critiques de leur époque. Car Martin a un univers sombre. Au fil du temps est marqué par une époque, celle de la contre-culture américaine et de son échec, à l’instar d’Armagueddon Rag. Au fil du temps rassemble plusieurs nouvelles de sa première période, celle où Martin construit sa réputation. Et c’est véritablement passionnant !
Un recueil éclectique
Riche et varié, ce recueil est un carnet de notes qui dévoile l’ensemble des cordes dont dispose Martin à son arc d’écrivain. Ainsi, il nous propose avec Weekend en zone de guerre à la fois une critique de la société du spectacle et une dénonciation de la violence. Vaisseau de guerre, coécrit avec George Guthridge, raconte une infection, celle d’un navire humain par… sa propre création et dans l’ambiance, on est entre Alien et 2001 l’odyssée de l’espace. Martin paie aussi son tribut à James Bond (et Jerry Cornélius ?) avec Et la mort est son héritage, fiction hantée par les assassinats des frères Kennedy et de Martin Luther King. Assemblé avec amour par les éditions ActuSF, Au fil du temps propose enfin deux versions de la même histoire, La forteresse et Assiégés, écrites à vingt ans de distance, qui démontre le parcours et le travail abattu par le conteur qu’est George R. R. Martin : sur le même sujet, il donne une fiction historique et un récit de voyage dans le temps plutôt salé. Du grand art, véritablement.
George R.R. Martin, Au fil du temps, traduit par Éric Holstein, Daniel Lemoine & E.C.L. Mestermann, Helios, janvier 2016, 304 pages, 9 €
Ajouter un commentaire