Avec mon corps
La couverture pourrait passer pour racoleuse, avec ce corps nu, ces seins lourds et prometteurs mais le livre est à la fois érotique et dés-érotisé.
En bref, il s’agit de la vie d’une femme qui approche de la crise du milieu de la vie : classiquement, selon les psys, les femmes font un gros bilan, voient d’où elles viennent, où elles voulaient arriver et comment rectifier leur vie pour être la plus conforme à leurs rêves de 20 ans. L’héroïne a grandi dans le bush australien, y a connu un amour-cadeau à 17/18 ans qui l’a conduite à se fermer à l’amour pour protéger son souvenir, elle s’est mariée, a eu trois enfants et s’ennuie dans son mariage.
Et cette héroïne, c’est vous ! C’était moi quand je lisais ; parce que Nikky Gemmel a écrit à la seconde personne du pluriel « Vous… ». Du coup, – plus encore parce que je suis femme ayant cheminé avec un homme-cadeau aussi –, l’identification est profonde, intime, les mots résonnent en écho.
Quand j’évoquais l’érotisme, il est incontournable qu’un livre dont le centre (de la narration comme du livre physique) parle d’un éveil à l’amour physique ait des côtés érotiques. Les différences entre un texte de femme est un texte d’homme sont nombreuses pourtant : d’un coté, la précision du vocabulaire, où l’auteure ne tourne pas autour du pot, utilise les termes exacts et de l’autre, ses mots gardent une poésie, comme nimbés des sentiments. Seul le mot « chatte » m’a semblé choquant, comme (ab)usé par les hommes et rarement utilisé entre femmes.Mais quand je parle de « dés-érotisé », c’est aussi pour dire que tout ce qui transparait dans l’ouvrage, c’est une absence totale de vulgarité. C’est une expérience profonde, intimiste, un beau partage et même si sa lecture peut émoustiller, ce n’est en rien comme un livre mal écrit de panpancucul, destiné à exciter des imaginaires peu fertiles.
C’est un cri d’amour, aussi bien celui pendant l’acte, que celui de l’absence, celui de l’après, celui qui sort quand on cherche son chemin pour rebondir sans perdre tout ce qu’on a recueilli.
C’est peu courant lors de mes lectures, mais j’aisouhaité conserver des traces/réflexions et je vous en livre quelques-unes, de la page 377 :
Il est le seul homme que vous voulez. Si ce n’est pas lui, ce ne sera personne d’autre : vous déambulerez sur Terre telle une folle, célibataire et seule. Hantée par son fantôme, une aura lumineuse.
Le prix de l’amour. Qu’il en soit ainsi. Vous l’avez connu une fois. Tant de gens ne le connaissent jamais.
Des extraits sont disponibles sur youtube, mais ce n’est pas pareil de le lire, de laisser ces mots rencontrer vos mots, ces images vos images.
J’ai fait un beau voyage… merci Nikky Gemmel !
Avec mon corps, de Nikky Gemmel, traduit par Gaëlle Rey, illustré par Didier Fonvieille, Au Diable Vauvert
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