COLLINS Christophe 03
Bonjour Christophe. Pourrais-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Dois-je en déduire que certains lecteurs ne me connaissent pas encore ? Toute bêtise mise à part, je m’appelle donc Christophe Collins/Corthouts, j’ai 43 ans, je suis écrivain « à temps plus que partiel », je suis fou d’imaginaire, de cinéma, de musique rock… Et plus largement de tout ce qui touche à la culture geek. Je suis aussi une « éponge » et je ne cesse jamais de collecter des tas d’infos sur les univers qui m’intéressent. Je peux ainsi m’extasier lors d’une conférence d’une heure, où les marionnettistes du Retour du Jedi racontent des tas d’anecdotes sur le tournage… Une tendance qui peut fatiguer ceux qui m’entourent ! Ah oui, je le précise toujours, je déteste les brocolis, donc inutile de m’en envoyer pour mon anniversaire. Merci.
Comment en es-tu venu à l’écriture ?
Écrire est quelque chose qui est venu de façon assez « naturelle ». Déjà, je me souviens… Quand j’étais gamin j’adorais le principe même d’écrire. Avec un stylo, sur une feuille… Ensuite, j’ai été fasciné par la machine à écrire de mon grand-père… Il écrivait lui aussi des petits articles pour un journal de pensionnés… Et cette mécanique, avec les tiges qui frappent le papier… C’était presque magique. J’ai commencé par « copier » des scénarios de bandes dessinées… Et puis un jour, je me suis dit que je pourrais écrire mes propres histoires… Et voilà… Je m’y colle toujours ! Avec plaisir.
Ton dernier roman en date, un thriller nommé 35mm, vient de sortir aux éditions Cyngen. Peux-tu nous en parler ? Pourquoi avoir choisi cette maison ?
L’histoire de 35 MM est un peu particulière… On y reviendra dans quelques minutes, je crois, mais j’ai écrit des romans « en flux tendu », de 1996 à 2000, en grande partie grâce à Marc Bailly (que je pourrais citer dans chacune des réponses de cette interview, tant sa présence, discrète mais essentielle, accompagne tout mon parcours d’écrivain…), sur « acceptation » de l’éditeur et d’un résumé. Lorsqu’en 2000 l’aventure « Naturellement/Forces Obscures » s’est terminée, je n’avais pas vraiment de manuscrit « inachevé » ou « brouillon » dans mes tiroirs… Et pour diverses raisons, je n’avais pas toujours la tête à écrire… Puis, en 2002, le travail avec Henri Vernes a commencé. Ce qui me prenait la quasi-totalité du temps que je pouvais consacrer à l’écriture. Mais malgré tout, j’avais cette idée d’un polar avec des références cinématographiques qui n’arrêtait pas de me taquiner l’imagination. J’ai fini par coucher sur papier les trois quart du manuscrit, assez vite. Et au final, c’est une amie qui, ayant lu les pages, m’a dit « mais c’est très chouette, je veux savoir la fin ! ». Je me suis exécuté… Pour lui faire plaisir. Ensuite, j’ai découvert l’appel à manuscrit des Éditions Cyngen… Et puisque 35MM était là, je me suis dit… « Pourquoi pas ? ». Apparemment, le comité de lecture a été convaincu… Et voilà comment j’ai publié ce premier roman digital en juin… Je les remercie donc de m’avoir choisi ! Et non l’inverse.
Tu es également l’auteur de deux thrillers parus aux éditions Claude Lefrancq : Meurtres.com et Virtual world. Le thriller est-il ton genre de prédilection ?
Si par « thriller » tu entends un roman qui se lit « vite », qui ne lâche pas le lecteur… Oui, le thriller est mon genre préféré. Mais il y a des éléments « fantastiques » dans Virtual, comme dans Meurtres.com. Je sais que les « vendeurs » de livres doivent faire leur boulot… Et qu’il est toujours plus facile de vendre un produit avec une étiquette claire. Mais j’avoue que je me sens parfois à l’étroit dans un seul genre. J’aime raconter des histoires… Et pour moi, les « genres » sont surtout des outils. Un peintre qui décide tout à coup de réaliser une œuvre sans utiliser la couleur jaune, c’est son choix. Cela peut même être audacieux, un exercice de style, etc. Mais lorsque j’écris, je ne me dis pas « tiens, je vais écrire un polar, ou un roman de SF » , je me dis « hé, j’ai envie de raconter une histoire ».
Tu as également publié L’étoile de l’Est et L’équerre et la croix aux éditions 3Cinq7. Un petit mot ?
Un petit mot ? « go » ? C’est juste deux lettres… Ah lala, que je suis drôle… L’étoile et L’équerre sont le résultat de deux choses. Une rencontre et un parcours. Le parcours, c’est celui de l’initiation maçonnique, que j’ai entrepris il y a presque six ans. La rencontre, c’est celle de Max Rensonnet, le grand patron de La Commanderie, librairie liégeoise de goût ! Max avait dans l’idée de développer ses activités vers l’édition. Oui, il reste encore quelques fous sur cette planète. Et il m’a demandé si je voulais écrire quelque chose pour cette maison, qui s’appelle donc 3Cinq7. L’idée d’un commissaire de police, initié lui aussi, vivant à Liège et enquêtant sur des affaires un peu… ésotériques, s’est rapidement imposée. Sam Chappelle, c’est le nom de ce commissaire, avait déjà eu une courte vie sur le blog/site internet du Télémoustique, mais dans une version plus classique. À l’époque c’était un détective privé qui bossait dans le milieu de la télévision. Mais les bases du personnage et de l’écriture (à la première personne, avec des observations perso, une bonne dose d’humour, etc.) étaient déjà posées.
Tes personnages sont souvent dotés d’un humour caustique et même, parfois, de cynisme. Leurs vécus sont souvent riches et leurs personnalités développées et très différenciées. Comment aborde-tu la création d’un personnage ? Le personnage de Sam Chappelle te ressemble-t-il un peu ?
Je pense que l’humour est la politesse du désespoir. Je ne suis pas un esprit chagrin, j’adore rire, ne pas me prendre la tête… Mais dans le même temps, quand je me pose et que je regarde autour de moi, je ne suis pas aveugle non plus… les choses ne tournent pas toujours très rond ! Je pense qu’une part de nos angoisses sont fantasmées… Et qu’elles servent bien la société de consommation telle qu’elle est installée. D’un autre côté, je n’ai pas trop envie de pécher par excès d’angélisme. L’humour, aux limites du cynisme de fait, c’est un moyen de prendre du recul par rapport à tout cela. Et te dire aux gens « attendez, on est là pour quoi ? 80 ans ? 90 ? 100 ans si vous avez un bon anus artificiel et un pacemaker ? Alors il faudrait peut-être apprendre à respirer… Et arrêter avec les bagarres d’égo ! ». Mes personnages, je les crée en piochant dans mes expériences, mes rencontres, les gens autour de moi… J’essaie qu’ils servent l’histoire, mais qu’ils soient aussi « intéressants » pour le lecteur, pas juste des silhouettes en carton… Même si j’ai bien conscience de jouer avec des « archétypes ». Sam Chappelle me ressemble un peu… Comme tous mes personnages. Je pense qu’il est en meilleure forme physique que moi… Et je suis plus diplomate que lui. Heureusement d’ailleurs !
Suis-tu un fil conducteur précis lors de la rédaction d’une histoire ? Élabores-tu une trame au préalable ou laisses-tu les personnages te guider ?
Je pars souvent d’une idée de base, qui ne me quitte pas pendant toute la rédaction… Parce que si on doit passer plusieurs semaines/mois avec une histoire, autant que cela soit un truc qui vous passionne vraiment. Ensuite, je réfléchis au point de départ, puis ensuite au point d’arrivée. Et je me mets à écrire. Il arrive effectivement que l’un ou l’autre personnage prenne plus ou moins d’importance… Mais généralement, je me débrouille assez bien pour les mener là où je veux qu’ils aillent. Je suis parfois obligé, par contre, au milieu de la rédaction, de jeter quelques notes et quelques plans sur papier, pour ne pas me perdre dans la temporalité de l’histoire. Surtout lorsqu’elle se déroule sur plusieurs jours, ou une période encore plus longue.
Tu fais de très nombreuses références littéraires et cinématographiques. Une façon d’attirer le lecteur vers des films ou livres qui t’ont plu ?
C’est un sujet que nous avons souvent abordé avec Maxime Chattam ! Celui de nos influences… Dans les années 70/80, la vague d’auteurs de l’imaginaire qui a débarqué, des King, des Koontz, des Masterton… Et une bonne partie des auteurs francophones des premiers temps du Fleuve Noir étaient des enfants du livre. Ils avaient tous lu Lovecraft, Poe, Matheson… Les grands classiques comme Dracula ou Frankenstein… Ma génération est celle de l’image. Nous avons dévoré King et les autres… Tout en bouffant des kilomètres de VHS… Et je me réclamerai plus vite de Steven Spielberg ou de James Cameron, que de Barjavel ou Brussolo. Pourquoi ? Parce que quand j’avais 14/15 ans, j’écrivais déjà des histoires, mais je rêvais surtout de réaliser des films, de porter des choses à l’écran. Ensuite, la réalité te rattrape… Et à moins d’un coup de bol énorme, tu comprends que George Lucas ne lira jamais un de tes scripts. Par contre, moi j’ai compris que je pouvais, avec mon clavier, raconter mes histoires, sans aucune limite de budget. Dans Le syndrome Chronos, je décapite la statue de la Liberté ! Et je n’ai pas eu besoin d’infographiste, ni de rendus à 1 million de dollars la minute de film. Et lorsque j’écris, je visualise les scènes… Sous influence. L’influence de tous ces metteurs en scène qui ont forgé mon œil, autant que mon imaginaire. Du coup, quand j’écris, j’aime leur faire des clins d’œil… Pareil pour les auteurs que je cite. Si cela peut permettre aux lecteurs de découvrir des choses ? Tant mieux ! Je pense aussi que cela plonge lecteur et écrivain dans un « bain » de références bien agréable.
Tu as également écrit L’orgue de Léonardo et Le syndrome Chronos, des livres fantastiques parus dans la collection Forces Obscures des défuntes éditions Naturellement. Peux-tu nous en parler et nous dire si tu reviendras vers ce genre littéraire dans l’avenir sous forme d’un roman ?
Comme je le disais plus haut, il y avait déjà des éléments fantastiques dans mes deux premiers romans et quelques touches de SF… Et de l’action… Et… Ok, vous avez compris ! J’aimerai revenir au fantastique… Comme j’aimerai écrire bien davantage. Lorsque je me présentais au début de cette interview comme un écrivain « à temps plus que partiel » ce n’était pas vraiment une boutade. L’écriture n’est qu’une petite part de ma vie, même si elle est essentielle. Et je sais déjà, pour citer Graham Masterton, que je mourrai sans avoir couché sur papier toutes les idées qui me passent par la tête. Il faut donc savoir faire des choix.
Tu as écris la nouvelle L’ombre du Titanic pour l’anthologie dirigée par Marc Bailly « Les mondes de Masterton » aux éditions Rivière Blanche et, plus récemment, La musique de l’âme aux éditions Cyngen également. D’autres nouvelles telles que A l’heure où le grand chauve sourit mettant à nouveau en scène Bob Morane, To live and diet in Hollywood et Le vampire du Docteur Thomas parues dans Phénix Magazine. Comptes-tu revenir vers ce format ? Pourquoi ne pas rééditer ces textes introuvables sous forme d’un recueil ?
Pour le retour au format, je te répondrais dans la même veine que la question précédente… Time is my ennemy ! Même si je suis en train de terminer une nouvelle que je vais soumettre pour l’anthologie Océanie, de Marc Bailly… Et qui s’intitule « Le dernier Hobbit ». Pour la réédition d’un recueil… Là, c’est encore un autre de mes défauts, je suis un joyeux bordelleux… Donc il y a des textes parus dont je n’ai même plus de copie ! Il faudrait donc effectuer un travail de recherche, de correction/refrappe… En réalité, ce dont j’aurais besoin c’est une secrétaire et un agent. Je ne comprends pas pourquoi je n’y ai pas pensé avant ! Plus sérieusement, j’aime autant la forme de la nouvelle que celle du roman. Raconter des histoires, avant toute chose !
Tu es également passionné par Star Wars. Tu y as d’ailleurs consacré deux livres : Star Wars, la légende paru aux éditions Naturellement et Star Wars, coulisses d’un mythe aux éditions Claude Lefrancq. Un petit mot sur cette passion ? Qu’est-ce qui t’a motivé à écrire ces ouvrages ?
Là, tu entres dans l’esprit du gamin de 10 ans ! C’est l’âge que j’avais lorsque j’ai vu L’Empire contre-attaque au cinéma. Je n’avais pas vu La guerre des étoiles, donc, mon entrée dans le monde de Lucas se fait par cet épisode… Et c’est le choc, dont des milliers d’autres auteurs/cinéastes ont parlé bien avant moi. La bataille de Hoth, Yoda… « Je suis ton père », après la lutte au sabre laser dans la Cité des Nuages et Han Solo plongé dans la carbonnite… L’Empire contre-attaque n’est pas l’épisode préféré d’une majorité de fans pour rien… Je suis donc devenu fan… Et resté fan ! Pas fanatique pour autant, puisque j’avoue que la prélogie a tendance à me gaver malgré quelques moments mémorables… Mais quoi qu’il advienne, on ne pourra jamais retirer à Lucas et ses collaborateurs de l’époque une chose : ils ont créé de toute pièce la seule mythologie cinématographique qui perdure encore… Je me demande si, lorsque je serais dans mon home pour vieil écrivain aigri, on parlera encore d’Avatar, comme on parle aujourd’hui de Star Wars… J’ai comme un doute… Les deux livres sont, du coup, des « extensions » logiques des papiers que j’avais rédigés depuis mon adolescence, sur toutes sortes de supports…
Graham Masterton a dit de toi que tu étais, je cite, « Le jeune auteur le plus intéressant et le plus divertissant que j’ai rencontré ces dernières années ». Tu as dû bondir de joie, non ?
La rencontre avec Graham Masterton et son épouse… C’est un grand souvenir de ma vie d’écrivain, de journaliste… Et de personne, tout simplement. Depuis, j’ai eu la chance de croiser pas mal de mes « héros » littéraires mais cette fois-là… Lorsque nous avons appris que Graham acceptait d’être l’invité de Phénix, à Bruxelles… J’avais « grandi » en lisant ses romans parus dans la collection Terreur… Et la rencontre, ainsi que les quelques jours passés à ses côtés ont été à la hauteur de ce que j’attendais… Ce type est d’une gentillesse, d’un professionnalisme… Ensuite, il est revenu une seconde fois… Et c’est à cette occasion que je lui ai parlé de L’orgue de Léonardo… Et de l’idée d’un orgue hanté, créé par Léonard de Vinci… Il m’a d’abord dit qu’il allait me piquer l’idée et rédiger le bouquin plus vite que moi ! Et puis ensuite, dans un sourire, il a accepté de rédiger la préface du bouquin. De fait, lorsque j’ai lu le texte, en anglais, j’étais trrrèèès content !
Tu as également écrit, en collaboration avec Henri Vernes, les 10 derniers Bob Morane pour les éditions Claude Lefrancq. Une histoire d’amour avec ce héros mythique ?
Je ne sais pas si c’est une histoire d’amour… Parce que l’amour, c’est inconditionnel, non ? Par contre, c’est un véritable attachement au personnage et à son auteur. Les aventures de Bob Morane, se sont aussi les premières histoires « sans image » que je découvre. Et je me rends compte soudain que les « livres » ne sont pas forcément des « briques » empreintes de solennité et de classicisme. Henri Vernes, c’est un peu ma porte d’entrée dans la littérature populaire. À partir de là, je vais découvrir Doc Savage, John Carter de Mars, la saga d’Elric ou encore Stephen King et des centaines d’autres. Alors, tu penses, quand je reçois un appel de Vernes en personne qui me propose une « collaboration », c’était… magique. On pourrait revenir sans fin sur les quelques rendez-vous manqués de Bob Morane avec le cinéma ou la grande distribution… Mais il reste que je suis fier de recevoir, encore régulièrement, un appel téléphonique de Vernes qui apprécie mon boulot sur Morane… Et qui aime d’ailleurs aussi beaucoup Sam Chappelle et son aspect truculent.
Si tu devais élire le meilleur de tes romans, lequel serait-ce ?
Ça c’est la question de merde hein… Tu t’en rends compte ? Si je la joue cliché, je te réponds « le prochain », ou « il est impossible de choisir un de ses enfants comme étant le meilleur… ». Non, je vais répondre autre chose… Mon roman préféré, c’est La source de vie un récit de fantasy totalement inédit, qui le restera, et qui est le premier roman que j’ai mené jusqu’à son terme. Sur une vieille machine à écrire électrique que j’avais récupérée dans une brocante et qui sentait… la graisse à frites ! Authentique !
As-tu un rituel spécifique lorsque tu écris ? Une manie particulière ?
Le choix de la musique ! J’aime quand l’atmosphère musicale, souvent des musiques de films, est en accord avec ce que je suis en train d’écrire. Comme je possède pas loin de 1.000 B.O., cela me laisse le choix ! Sinon, je n’ai pas de rituel particulier…
Y a-t-il un genre littéraire que tu n’as pas abordé mais que tu aimerais tenter ?
La comédie d’espionnage ! Je glisse toujours de l’humour dans les écrits… Mais écrire une « vraie » comédie d’action/d’espionnage, sous forme de bouquin, ça me plairait. Je ne sais pas si c’est possible, parce que ce genre d’histoire fonctionne souvent sur l’alchimie entre les acteurs, leurs phrasés, etc… Donc, comment rendre cela crédible et drôle sous forme textuelle ? J’y arriverai peut-être un jour !
Tu es également chroniqueur pour Phenixweb, le site de Phénix Mag. Tu participais avant à Phénix Magazine et Science-fiction magazine. Le virus t’a pris très tôt vu que tu avais déjà créé un magazine lorsque tu avais 17 ans : Ciné-fan. Christophe Collins : un insatiable découvreur ?
J’ai toujours voulu et adorer écrire. J’aime aussi beaucoup partager mes passions. À l’époque, à 17 ans, j’animais le Ciné-Club de mon Athénée… Et il y avait déjà une feuille de chou, qui revenait simplement sur le film programmé. Mais j’avais envie d’autre chose. Je lisais déjà beaucoup de magazines en anglais… Et je vous parle d’un temps… À la fin des années ’80, on était en très loin des « sorties mondiales ». Les films étaient sur les écrans américains en été… Mais chez nous, il fallait attendre la rentrée. En 1999, encore, La menace fantôme a débarqué sur les écrans belges en octobre ! Donc en 1987, avec Ciné-Fan, je proposais à mes amis étudiants de lire une feuille de chou qui leur parlait de films, d’effets spéciaux ou encore de sorties VHS avec deux ou trois mois d’avance sur la plupart des canaux « classiques ». Aujourd’hui, on imagine pas ce genre de truc ailleurs que sur Internet ! Quant à la découverte… Avec Internet, une fois de plus, on peut facilement trouver un auteur, ses influences, ses autres romans, etc. À l’époque, il fallait compter sur… le bouche-à-oreille, quelques articles dans Mad Movies… Et des revues anglo-saxonnes pour découvrir les choses. C’était passionnant !
Tu as également fait, toujours pour Phénix Magazine, des interviews consacrées à Roland Wagner, Graham Masterton, pour ne citer qu’eux. Un petit mot sur ces rencontres ?
J’ai déjà parlé de Graham Masterton qui est un type exceptionnel… Et que j’ai eu la chance de traduire aussi… Roland… Roland, quand j’ai appris sa mort dans les circonstances que l’on sait… je ne suis pas quelqu’un de particulièrement émotif, mais ça m’a retourné… Parce que… Parce que c’est un type dont j’appréciais le travail, qui avait encore des tas de trucs à dire… Et puis avec qui j’avais eu une ou deux conservations amusantes et passionnantes sur l’écriture. Il appréciait mon écriture très « efficace » à l’américaine, comme il le disait… Mais il trouvait aussi dommage que je n’approfondissais pas plus les choses… Que la forme prenne trop d’importance par rapport au fond. Et quand je lui disais : « Oui, mais j’ai surtout envie de divertir le lecteur », il répondait avec un petit sourire énigmatique, il secouait la tête, tirait sur sa clope, avant de dire « Et alors ? ». Je ne sais pas si mon écriture a mûri dans ce sens-là… Mais lorsque je vois 35MM, je pense que tout n’est pas dans la forme… Du moins, je l’espère.
Tu as également officié comme traducteur, notamment sur le livre consacré à la série Seaquest avec l’ouvrage SeaQuest DSV, police des mers. Cette expérience va-t-elle se renouveller ?
C’était mon premier boulot payé pour les Éditions Claude Lefrancq. La traduction des aventures du Capitaine Johns… Puis celles de Seaquest DSV. J’avais mon nom dans un livre ! Qui plus est un livre distribué en grande surface, en librairie, en boutique… Cela peut paraître stupide… Mais quelle fierté ! Encore grâce à Marc Bailly ! C’est par ce biais que j’ai pu proposer le traitement de Virtual World et voir mon premier livre publié. J’ai encore traduit, de ci, de là, quelques nouvelles. Je pense que si je voulais faire de l’écriture mon boulot « premier », il faudrait que j’investigue sans doute dans cette direction. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour.
Quels sont tes auteurs fétiches ?
Fétiches, c’est beaucoup dire… Disons qu’il y a une poignée d’auteurs dont j’ai tout lu et dont je ne rate jamais une sortie : Stephen King, Harlan Coben, Robert Crais, Maxime Chattam, Guillaume Musso, Franck Thilliez et le duo Giacometti & Ravenne. Pour le reste, mes goûts sont très éclectiques…
As-tu un livre de chevet ?
Non. Mais j’essaie de relire Le fléau, une fois par an.
Quels sont tes films préférés ?
Les dents de la mer, Les aventuriers de l’arche perdue, L’Empire contre-attaque, Ghostbusters.
Quels sont tes projets futurs ?
Pour l’instant, je termine un thriller, qui se déroule à Liège, qui s’intitule Le protocole Calatrava et qui est un « projet perso », sans aucune attache ni éditeur. Ensuite, je m’attèlerai à l’écriture de la troisième enquête de Sam Chappelle, dont le titre de travail est Le secret de Notger, mais cela pourrait encore changer. Ensuite, je pense que je donnerai une « suite » à 35MM, parce que les lecteurs ont l’air d’avoir apprécié le duo d’enquêteurs, Jack Sherwood/Eloïse Lark. Et ils veulent savoir ce qu’il leur arrive ensuite… Et j’ai eu une idée particulièrement tordue l’autre soir… Je me suis empressé de la noter… Et le lendemain, elle me paraissait tellement monstrueuse, que je pense bien que je vais la garder !
Si tu devais donner un conseil à quelqu’un qui désire se lancer dans l’aventure de l’écriture, lequel serait-ce ?
Lisez. Regardez la télé. Lisez. Lisez. Et lisez. Et puis écrivez. Jetez les idées sur le papier… Trouvez votre rythme… Une page par jour ? Dix ? Peu importe. Mais écrivez tous les jours. Même si ce n’est pas un roman, ni une nouvelle, mais quelques lignes de dialogues, une description… Ensuite, faites lire vos écrits. Autour de vous. Et pas seulement à des amis… Ou alors assurez-vous qu’ils seront impitoyables. Acceptez toutes les critiques. N’ayez aucun égo. Lisez vos textes à voix haute. Cela permet de réaliser très vite les tournures trop lourdes, des dialogues qui sonnent faux, les descriptions bancales. Et puis, le bon vieux truc de Stephen King : écrivez pour vous faire plaisir et écrivez sur ce que vous connaissez ! L’artiste qui souffre devant sa feuille ? Pitié ! Si c’est pour avoir mal, autant arrêter tout de suite et ouvrir une baraque à frites !
Critique de 35 MM