Princesses des os

Ce livre n’est pas un roman fantastique ou de fantasy. C’est un roman policier, d’excellente facture, placé dans un cadre historique que Charlotte Bousquet décrit de manière soignée et exacte, sinon complète (cela aurait demandé au moins dix livres) : la Rome impériale de l’an 120 de notre ère (873 du calendrier romain), au début du règne d’Hadrien. Une Rome où, loin des demeures des patriciens, cohabitent les cultes les plus variés, en particulier celui, cruel, d’Hécate, et les premiers chrétiens, cachés et persécutés. Où un esclave va enlever, puis remettre aux prêtresses d’Hécate comme objet de sacrifice le jeune Titus Clarus, cousin de l’héroïne, Lucretia Clara Severa. Et celle-ci, voyant ses parents incapables d’entreprendre une recherche réelle, abusés par un centurion trompeur, va avec ses esclaves personnels mener sa propre enquête...

Même si, en fin de compte, l’héroïne est trop moderne, trop rationnelle pour être crédible dans le cadre où se place le récit, s’il est presque invraisemblable qu’elle parvienne à découvrir si vite la vérité de ce côté obscur de Rome où va l’emmener son enquête, il faut quand même laisser qu’elle n’est pas seule, et que les deux esclaves qui l’aident ont cette connaissance des bas fonds que l’héroïne va acquérir en même temps que le lecteur. Et Charlotte Bousquet a soigneusement vérifié et décrit les aspects importants de la vie romaine, tout ce qui pouvait intervenir dans l’histoire.
Le lecteur qui a encore quelques souvenirs de ses cours d’histoire et de ceux de latin retrouvera donc un monde qu’il connaît un peu ; celui qui n’a pas ces connaissances préalables découvrira le cadre de l’histoire, tout en étant pris par le récit haletant, inquiétant.

Princesses des os par Charlotte Bousquet, Gulf Stream éditeur, collection Courants noirs, 2010, 268p., couv. Aurélien Police, 13,50 €, ISBN 978-2-35488-081-1