Diapason des mots et des misères (Le)
Un recueil de 15 récits signés Jérôme Noirez est plutôt une bonne nouvelle, l’auteur s’étant déjà fait connaître avec plusieurs publications (romans ou nouvelles) de qualité. Le lecteur doit cependant se tenir prêt à entrer dans un univers sombre et dur où les héros sont rarement choyés.
Sans conteste, c’est un ensemble de trois récits aux ambiances déjantées qui donne au livre son ton glauque et percutant.
Tout d’abord l’Apocalypse selon Huxley raconte l’épopée minable de trois paumés sur les routes américaines, dans un monde dominé par les nazis. Décadent à souhait.
Plus pittoresque, le voyage de Feverish Train retrace l’enquête d’un employé des transports ferroviaires confronté à une étrange série de meurtres, dans une délicieuse ambiance polar des années 20.
Enfin, joyeusement horrible, l’aventure d’un professeur accusé de viol sur mineure dans un monde où les zombies sont monnaie courante, avec un duo de policiers franchouillards dignes de Guignol (La Grande Nécrose).
Jérôme Noirez met également en scène des univers impitoyables, comme dans Bolex, où les habitants d’immeubles bunkerisés sont entourés de voisins fous et assassins. Un récit qui renvoie au film Delicatessen.
La tristesse n’est pas absente du recueil et se déploie dans le beau Nos aïeuls, qui raconte la misérable vie d’enfants atteints de maladies incurables, et qui, en plus, reçoivent les visites monstrueuses de leurs parents défunts.
Les récits de Jérôme Noirez sont captivants et l’atmosphère du recueil, malgré les thèmes, n’est jamais pesante. En effet, le décalage des personnages et les mises en situation originales font passer l’horreur des récits sans leur ôter leur force narrative. Un recueil qui permet de passer un très bon moment et se termine avec une postface élogieuse de Catherine Dufour.
Le Diapason des mots et des misères de Jérôme Noirez, illustration de Aurélien POLICE, Griffe d’Encre