Démon de Maître Prosper (Le)

Dans un monde imaginaire, aux aspects moyenâgeux, la lutte entre le bien et le mal se traduit par des sortes d’exorcistes pourchassant inlassablement les démons sur le territoire qui leur est imparti. Quinze millions d’humains pour soixante-douze mille neuf cent trente-six démons exactement, pas un de plus. Les démons sont immortels, les chasseurs, non, mais il en vient toujours d’autres pour perpétuer cette mission d’importance. Au cours d’une de ses dernières missions, le narrateur s’est fait piéger par le démon qu’il a chassé et s’est retrouvé avec le corps d’une jeune fille sur les bras. Fâcheuse position. Le voilà parti au royaume d’Essen, là où le Grand Duc se marie avec la Princesse de Risenem. Ces deux-là allant plutôt vite en besogne, un futur petit prince est aussitôt mis en route, et le narrateur soupçonne aussitôt que le démon qu’il poursuit s’est logé dans le nourrisson. Il doit s’en approcher pour en être sûr, seulement pour cela il doit franchir un obstacle de taille (dans tous les sens du terme): le précepteur Prosper de Schanz. Lequel rêve pour fêter la naissance de l’héritier de faire couler le plus grand cheval de bronze jamais réalisé. Et se révèle aussi envahi par un démon bien plus malin et plus roublard que ceux que l’exorciste a eu à affronter jusqu’à présent. Le précepteur étant jusqu’à présent incapable de concevoir quelque chose jusqu’à son point final, notre narrateur décide alors de passer un marché avec le démon…

Un petit roman de 90 pages au goût savoureux et qui ne se prend pas au sérieux. Sur la couverture en page 4, le New York Times dit « comme si Deadpool s’était glissé dans le corps du sorceleur ». Peut-être un peu excessif, mais l’humour y est omniprésent, le second degré aussi, le plus malin n’est pas forcément celui que l’on croit. K.J. Parker, auteur de fantasy humoristique, livre une histoire où il n’est pas question de crucifix, de récitations d’extraits de bible ou autre, mais simplement d’un conflit d’esprit où le chasseur et le chassé s’affrontent, et où le combat consiste en général à de simples menaces de part et d’autres, le démon sachant parfaitement qu’il ne peut pas empêcher son ennemi de le faire partir mais qu’il peut faire mourir son hôte sans autre forme de procès.

Un petit bijou à découvrir rapidement.

Je remercie les Éditions l’Atalante pour leur confiance.

K.J.Parker - Le démon de Maître Prosper - Éditions l’Atalante, mai 2024, 9,90 €