SIRE Cédric 02

Auteur / Scénariste: 


- Voilà que sort Le jeu de l’ombre, le dernier ouvrage en titre. Quelques mots sur ce que tu penses de cet ouvrage par rapport à ce que tu as déjà écrit ?

À mes yeux, Le jeu de l’ombre est la continuité logique de mes livres précédents. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un roman policier sur lequel plane une atmosphère surnaturelle, et qui recèle, j’espère, son lot de frissons et de surprises !

- On y retrouve Vauvert, le policier de « De fièvre et de sang ». Est-ce le début d’un héros récurrent ? Vauvert est-il en lui-même une sorte d’opposé de Cédric, d’alter ego en négatif ?

Je ne sais pas. En fait non, ce personnage, je le vois plutôt comme un ami, avec qui j’ai un certain nombre de points communs comme de divergences radicales, mais dont j’apprécie énormément la compagnie. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois en 2008, alors que j’écrivais la première scène de L’enfant des cimetières. Par la suite, j’ai eu le plaisir de le retrouver dans mes histoires, chaque année, et je commence à mieux le cerner. Mais, même pour moi Alexandre conserve encore une grande part de mystère.

- Cet ouvrage est de loin le plus psychologique avec, pour ma part, l’impression d’ailleurs que le fantastique sort plus de l’esprit torturé du héros que des limbes… Est-ce une nouvelle manière d’entrer dans la tête ? Est-ce que cela a coûté beaucoup d’efforts pour se documenter sur la psychologie ?

J’avais surtout envie de ne pas me répéter. Après le déversement d’action du roman De fièvre et de sang, écrit l’année précédente, j’ai préféré imaginer une intrigue plus diabolique. J’ai décidé de ne pas commencer mon histoire par un danger immédiat mais, plutôt, de jouer avec une série de bizarreries, de plus en plus inattendues au fil du récit. Le jeu de l’ombre, c’est un piège horrible qui se referme sur un personnage, sans que celui-ci ne comprenne pourquoi il est ainsi choisi comme victime. Comme je savais précisément où je voulais en venir, l’écriture est allée assez vite. De tous mes livres, c’est même celui que j’ai écrit le plus vite, à vrai dire !

- Peut-on espérer aussi retrouver d’autres héros qu’ils soient de chair ou de peur dans les ouvrages à venir ?

Alexandre Vauvert et Eva Svärta reviendront tous les deux dans mon prochain roman, à paraître en 2012.

- Une réaction au Prix CinéCinéma frisson 2011 ?

Je n’en reviens toujours pas ! C’est une distinction précieuse pour moi, car elle récompense la qualité littéraire, mais aussi l’originalité visuelle de l’œuvre, ce qui a toujours été une exigence au cœur de mon travail ! Voir cet aspect de mon travail reconnu par des pointures, à la fois en matière littéraire comme cinéma et télé, est un encouragement très précieux pour moi.

- Quel type d’écrivain es-tu : le genre assidu qui écrit x pages par jour de telle à telle heure ou le genre passionné qui noircit la page jusqu’à l’épuisement physique ou psychique ?

Plutôt le genre passionné que tu décris. Je suis assez hermétique à la contrainte. En revanche, dès que je me plonge dans une histoire, elle m’obsède jour et nuit, et je travaille très dur jusqu’à m’en être totalement débarrassé !

- Lors d’une précédente interview, tu racontais que tu étais toujours environné de musique pour écrire. Le héros du « Jeu de l’ombre » est justement devenu sourd à la musique (outre d’être musicien). Est-ce que cette fois, tu as renoncé à écouter de la musique pour mieux entrer dans le personnage ?

Je n’avais pas pensé à la chose sous cet angle mais, en effet, il se trouve que j’ai écouté assez peu de musique durant la création de ce roman ! Mais cela essentiellement, je pense, de l’endroit où je l’ai écrit : un bureau qui donnait sur la nature et la mer. J’étais bercé par des chants d’oiseaux toute la journée, et je n’ai pas ressenti le besoin de meubler l’espace par de la musique.

- Y a-t-il un handicap qui te fait plus peur qu’un autre : être sourd, aveugle, muet… et pourquoi ?

Le moindre handicap physique, quel qu’il soit, est une terreur absolue pour moi. Notre corps et nos sens sont des cadeaux si précieux que je ne pourrais imaginer perdre la moindre fonction, vraiment.

- La chanson dit « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir ». Et toi tu ferais rimer noir avec quoi et pourquoi ?

Noir ? Eh bien, j’aurais surtout envie de l’associer au mot « café », et de faire une rime croisée, avec « boire » et « toute la journée » ! Le café noir est vraiment ma drogue.

- Un petit quizz, façon questionnaire de Proust.

Si j’étais :

- Un livre

Le livre de sable.

- Une loi

« Fais ce que tu voudras sera le tout de la loi. » (Aleister Crowley)

- Dieu

Je n’aurais pas abandonné mes enfants à eux-mêmes.

- Le Père Noël

J’exaucerais les désirs de tout le monde tout le long de l’année, pas seulement un jour par an !

- Une chanson

School’s Out, d’Alice Cooper.

- Un acteur

Sean Connery. Il incarne la classe ultime.

- Un homme

Je ne me vois pas autre que moi-même. Mais il y a des hommes que j’admire. Clive Barker, Ronnie James Dio, David Lynch. Alors quelqu’un comme ça, oui, quelqu’un qui ait contribué à changer l’humanité.

- Un continent

L’Europe.

- Une recette de cuisine

La blanquette d’agneau que faisait mon arrière-grand-mère. Je n’ai encore jamais réussi à retrouver quelqu’un qui sache la reproduire.

- Un coffre-fort (qui contiendrait quoi ?)

La connaissance.

- Une porte (qui s’ouvrirait sur quoi ?)

Sur le ciel, définitivement.

- Une musique

Le chant des étoiles.

- Un souvenir

La couleur bleue.

- Une peur

Celle, dévorante, de vieillir.

- Un événement à changer dans le monde, dans ta vie

La mort. Son empreinte que porte chaque chose vivante. Si je le pouvais, j’effacerais ça, oui.

- Une blague

Elle ne serait pas comprise.

- Un alcool

Le vin.

- Une gourmandise

Un Florentin.

- Une invention

La téléportation.

- Un écrivain

Celui que je suis, et que travaille dur, jour après jour, pour devenir.

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Commentaires

Je voudrais demander à Sire Cédric s’il a des origines nobles, ou si c’est un style qu’il se donne. En tous cas je le félicite pour son oeuvre, qui m’a redonné joie de vivre, après avoir sombré en une lourde dépression. Merci. D’ailleurs, depuis quelques mois, je m’habille et me coiffe comme lui.

Sire Abeille