SIRE Cédric 01

Auteur / Scénariste: 


Dis-nous quelque chose à ton propos ? Qui es-tu ?

Je m’appelle Cédric. J’écris des livres avec des monstres dedans.

À quel âge as-tu commencé à écrire ?

J’ai commencé vers l’âge de 10 ans. À l’époque, j’écrivais des histoires d’elfes directement inspirées par « Bilbo le Hobbit » et « Le Seigneur des anneaux ». Il faut dire que Tolkien avait été un choc immense pour moi, une vraie découverte. Je n’avais jamais rien lu d’autre dans le genre auparavant, et grâce à cet auteur je me suis mis à dévorer toute la fantasy que je pouvais trouver : Howard, Moorcock… Ces auteurs parlaient de mondes qui n’existaient pas et pourtant dans lesquels je me retrouvais entièrement.

Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai découvert le fantastique, avec King et Barker, et à partir de là je n’ai plus écrit que ça.

Et pourquoi ce changement ?

Parce que ces mondes-là étaient encore plus proches de ce que j’avais en moi. Le premier choc est venu avec Stephen King et sa voix de conteur inimitable. Puis, vers 15 ans, quand j’ai ouvert mon premier livre de Clive Barker, le « Livre de Sang » j’ai eu une vraie révélation. L’imaginaire de Barker m’a happé, me murmurant : « Je suis comme toi. Tu as le droit d’être comme ça. En réalité, le monde fonctionne réellement comme ça. »

Que sont devenus tes premiers textes ?

Ils étaient écrits au stylo dans des grands cahiers, et tout a disparu au fil de mes déménagements. À vrai dire, j’ai beaucoup écrit, adolescent, mais rien qui vaille la peine d’être sauvé.

L’écriture est-elle une profession pour toi ?

Aujourd’hui, c’est mon métier à temps plein, en tout cas. Mais j’ai bien conscience que ce n’est pas un métier tout à fait comme les autres, et j’ai conscience de ma chance de pouvoir faire ça.

Pourquoi écrire ?

Parce que c’est ma passion, et que c’est la seule chose que j’ai vraiment envie de faire. J’adore jouer avec les mots, travailler la matière du texte, la sculpter, la peaufiner, c’est une sorte de besoin viscéral ! Je ne m’imagine pas vraiment pouvoir faire autre chose dans cette vie.

Ton fantastique n’est pas un fantastique, feutré, tout en nuances. Il est plus viscéral dirais-je. Pourquoi avoir choisi ce chemin-là ?

Je n’ai pas choisi une voie plutôt qu’une autre, c’est simplement ma manière de m’exprimer. Ma façon de représenter le monde tel que je le perçois, aussi. J’aime tout particulièrement rendre physique chaque chose qu’on ressent. Comme je suis quelqu’un d’assez extrême, de paradoxal, cela se retrouve dans ces images. Les opposés ensemble : la violence et la poésie, le gore et le romantisme, la subtilité et les choses un peu plus lourdes. C’est juste moi. Mes livres, ce sont des bouts de moi.

Comme c’est assez violent, tu es quelqu’un de violent ?

Ce n’est pas aussi simpliste. Violent dans le sens exalté, intense, passionné, oui. Dans le sens romantique. Une violence née d’un excès d’émotions. Celle-ci n’est donc jamais conçue pour dégoûter, ni pour choquer. À mes yeux, il y a au contraire une beauté esthétique folle dans toutes ces effusions de sang et ces transformations physiques !

La religion est omniprésente dans tes textes, dans ta vie aussi ?

Oui, mais c’est difficile à expliquer. J’ai un rapport intime et ambigu avec la culture judéo-chrétienne. Un rapport « ombre et lumière » en quelque sorte. L’imagerie religieuse sur laquelle nous avons bâti notre civilisation me fascine car elle fait écho à mes paradoxes : ce besoin d’élévation spirituelle et en même temps d’assouvissement des plaisirs charnels immédiats, ce mélange de cruauté et d’amour indissociables, on les retrouve au cœur de la religion. Cela explique sans doute pourquoi, dans mon travail, le vampire et l’ange sont très proches…

10 ans de publication environ. Quel bilan tires-tu de cet « anniversaire » ?

Déjà 10 ans ? Eh bien, ce que je peux dire, c’est je n’y crois pas moi-même ! Tout s’est passé de manière graduelle, naturelle. J’ai commencé par publier dans des fanzines distribués de la main à la main, puis de fil en aiguille je me suis retrouvé au sommaire d’une ou deux anthologies qu’on pouvait trouver en librairies, avant d’être publié par un petit éditeur, et à présent je suis dans l’écurie d’un major. C’est simple, je réalise un par un tous mes rêves de gosses. J’ai encore du mal à prendre du recul par rapport à tout ça, quoi qu’il en soit j’ai conscience de la chance inouïe que j’ai.
Pour moi, chaque livre publié est une étape, une sorte de borne kilométrique marquant le chemin parcouru. Je m’investis à fond dans chacun d’entre eux, je m’efforce d’aller jusqu’au bout de mes possibilités. La route est encore longue, mais mon but c’est juste ça. Juste essayer de faire mieux à chaque fois, sans autre prétention que ça.

Tu sembles particulièrement fasciné par le sang et les vampires. Un bol de sang frais comme petit déjeuner ?

C’est plein de protéines. C’est hautement recommandé pour la santé ! (Rires.)

Dors-tu dans un cercueil ?

Ohh, pas depuis quelques années. (Rires.) Jadis, je rêvais de me faire bâtir un cercueil à deux places. Je n’ai jamais eu l’opportunité de réaliser ce fantasme-là, et dernièrement il se fait moins présent à mon esprit… peut-être ai-je grandi ?

Manges-tu de l’ail ?

Mais oui. J’aime tout ce qui est bon !

Dans tes romans, tes personnages subissent des mutations, des transformations de la chair. Pourtant, quand on te voit, tu as l’air de prendre soin de ton apparence…


Les apparences sont essentielles ! (Rires.) Non, sérieusement, les transformations physiques font partie de mes obsessions depuis toujours. Je crois que, si on cherche à devenir qui on est, on va forcément passer par des étapes de changements, d’évolution graduelle, et je trouve tout ça des plus fascinants. Ces changements ne sont pas que physiques, ils reflètent une évolution psychologique avant tout. Une recherche constante. Une progression constante. Si on prend mes livres, par exemple, ils sont tous le reflet d’une transformation. Chacun d’entre eux traite en effet des mêmes thèmes, que j’ai anamorphosés différemment à chaque fois. Et je continue. Chaque pas accompli mène au suivant. Chaque piercing ou tatouage supplémentaire marque une étape sur la route et dessine la carte…

T’arrêteras-tu d’écrire quand tu te seras trouvé ?

Je ne peux pas répondre à ça car je n’y suis pas encore. Jusqu’ici, en tout cas, le voyage est passionnant !

Dans la vie de tous les jours, Sire Cédric est-il un être normal ?

On ne peut plus normal. Mais encore faut-il s’entendre sur la définition du terme !

Tu es passé de la nouvelle aux romans. Une démarche différente ?

Non, c’est exactement la même chose. Quand je commence à raconter une histoire, je ne sais jamais où cela me mènera. Si j’ai commencé par des textes courts, c’est avant tout une question d’opportunité, de hasard, et d’envie de faire partager. Je pouvais les proposer à des magazines, par exemple. J’en ai lu certains à la radio, aussi. La forme courte permet ça.
À l’heure actuelle, je me consacre à des romans car ils me donnent l’opportunité de développer mes personnages et mes intrigues, mais je les écris de la même manière que les nouvelles. Et le prologue de « L’enfant des cimetières », par exemple, était une nouvelle publiée il y a quelques années sous le titre : « Naemah ».

Les films ont-ils une influence sur ta façon d’écrire ?

Absolument. Le découpage cinématographique m’influence beaucoup. Adolescent, j’étais accro aux séries B. Dans « L’enfant des cimetières », ma façon de mettre en scène mes personnages, de diriger le regard des lecteurs, est directement empruntée au cinéma, celui de David Lynch notamment.

Sire Cédric pourrait-il écrire autre chose que de l’horreur ?

Mais bien sûr ! Et je l’ai déjà fait, d’ailleurs. Nombre de mes nouvelles sont écrites en prose poétique, on est dans le genre romantique avant tout. Le genre horrifique, je le trouve intéressant pour exprimer certaines choses plus intimes, plus viscérales. Pour l’instant, je n’ai jamais fait deux fois la même chose, et j’ai encore une infinité de pistes passionnantes à explorer !

Que penses-tu de la « bit-lit » et du succès mondial de « Twilight » ?

Que c’est une très bonne chose. Même si ce n’est pas de la littérature de grande qualité, elle est très divertissante, très bien faite, et elle renouvelle le genre dans son ensemble. Sans oublier qu’il y a tous ces jeunes adultes qui ne lisaient pas auparavant, et qui grâce à « Harry Potter » et « Twilight » se sont mis à dévorer des livres.

Ton dernier livre « L’enfant des cimetières » inaugure peut-être un nouveau genre, le thriller gothique. Sire Cédric serait-il le chef de file d’un nouveau genre ?

Non, non, je suis déjà très content d’avoir écrit ce roman, c’est bien assez ! Ce serait prétentieux, et même risible, de me prétendre chef de file de quoi que ce soit ! Je fais ce qui me plait, au gré de mes envies, et c’est tout. Je ne tiens pas à me poser ce genre de questions.

J’ai lu « l’enfant des cimetières » en 48h, et je t’aime pas car avec tes chapitres courts, à force de vouloir en lire un de plus, j’ai deux fois failli devoir sauter par la fenêtre pour ne pas rater mon arrêt !

(Rires.) Ah, ça c’est génial ! C’est la plus belle récompense que je peux espérer, quand ça fait cet effet-là !

Est-ce que tu fais partie de ces auteurs qui sont possédés par leurs personnages ?
En fait, le processus est inverse. Ce ne sont pas les personnages qui me possèdent, c’est tout mon imaginaire que j’expulse hors de moi. Tu vois ? Ce ne sont pas les personnages qui entrent en moi, ce sont plutôt des petits bouts de moi que je fais sortir, à qui je donne forme humaine. On retrouve de ma personnalité dans chacun des personnages, à divers degrés, pourtant ils existent par eux-mêmes, hors de moi. Et, finalement, c’est la thématique qu’on retrouve au cœur du roman « L’enfant des cimetières », ce lien entre le monde invisible et le monde réel, l’immatériel qui devient matériel. À mes yeux, le travail de l’écrivain, c’est ça avant tout. On prend des choses abstraites dans notre tête, et on les amène dans la tête des gens.

La violence dans ce livre est plus intellectuelle que physique car Nathaniel ne touche personne. Il ne « blesse » que ceux qui croient en lui et voilà en fait qu’on parle de violence comme d’un jeu de l’esprit. Mais en fait, à force de voir des choses crues à la télé, comme des autopsies dans « les Experts », pensez-vous qu’une partie de l’imagination du lecteur est conditionnée par cela ?

En fait, il y a deux écoles principales. Pour la première, la plus ancienne, celle de Lovecraft, le Mal absolu est indicible. On retrouve la même approche chez Tolkien. Il ne décrit jamais Sauron parce que, pour lui aussi, l’essence du Mal n’est pas représentable aux yeux humains. Cette école d’écriture laissait une grande part à la suggestion.
Et puis, il y a la nouvelle école du fantastique contemporain, assez récente, initiée par des gens comme Clive Barker et magnifiée par les nouveaux médias. C’est le règne de l’image, on matérialise tout, on montre tout. Étant quelqu’un très influencé par le visuel, c’est cette approche-là qui m’intéresse, forcément, c’est le parti pris que je défends, et qui définit notamment le style dynamique des nouvelles séries télés. Le seul bémol, et pas des moindres, concernant ces dernières, c’est qu’elles se permettent de montrer les cadavres en autopsie tout en dissimulant soigneusement les organes génitaux de ces corps. Et alors ça, cette hypocrisie, je la trouve perverse et même relativement dangereuse. Car la représentation de la réalité est biaisée. Cela donne une image fausse, notamment au jeune public qui reçoit sans recul, en l’abreuvant de violence clinique dénuée de réalisme. Le débat à ce sujet est donc vaste, mais j’aurais tendance à dire que, si on doit à tout prix cacher une partie du corps humain, pourquoi pas, mais à la seule condition qu’on s’attarde moins sur l’exposition des autres parties, en l’occurrence qu’on voit moins de tripes.

J’ai l’impression qu’avec ce livre, tu as passé un cap. En es-tu conscient ?

Oh, oui. C’est un livre plus abouti, plus maîtrisé, plus dense que mes précédents, j’en ai parfaitement conscience.

Tu es édité aux Prés aux clercs, comment est né ce contact et comment s’est passé le travail avec eux ?

Tout est parti d’Édouard Brasey, qui est directeur de collection au Pré aux clercs. On s’était croisés à de nombreuses reprises, et on avait eu l’occasion de discuter de mes projets littéraires. Il m’a invité à lui soumettre un roman, ce que j’ai fait. De fil en aiguille, j’ai rencontré la directrice, je lui ai proposé de la matière qui lui a plu, et tout s’est fait très naturellement sur l’espace de 6 mois, 1 an…

Est-ce un nouveau départ pour toi ?

Clairement. Mes premiers livres ont eu un certain succès, mais ils étaient relativement mal distribués, et le lectorat était très ciblé. Une plus grande diffusion m’expose désormais à des lecteurs venant d’horizons beaucoup plus divers. D’ailleurs, en écrivant « L’enfant des cimetières », je voulais m’adresser à tous les lecteurs, qu’ils lisent habituellement du policier, du fantastique ou de la littérature générale. Pour toutes ces raisons, ce livre est un départ complet pour moi.

Je crois que tu t’inspires pas mal de la réalité pour écrire tes histoires. Ne crois-tu pas que la réalité est plus horrible encore que la fiction ?

Je m’inspire de la réalité pour mieux m’en évader. Mon envie est simple, c’est apporter un peu de rêve, ou de frisson, au lecteur. Un peu d’évasion de sa journée de boulot ou de ses problèmes divers et variés. Pour moi, ce rôle de la littérature est primordial, et surtout à l’heure actuelle, où les gens n’ont pas une vie facile.

Tu prends comme point de départ une légende urbaine. Pourquoi ce choix et pourquoi cette légende urbaine ?

Parce que cette légende urbaine correspondait parfaitement à ce que j’avais envie de raconter et parce que quand j’ai commencé à écrire ce livre, mon idée était d’écrire une histoire assez terrifiante teintée de fantastique et de surnaturel. En soi, le fonctionnement des légendes urbaines est le même que celui des récits d’horreur : ce sont des histoires destinées à s’effrayer entre amis, et qui sont modifiées d’un narrateur à l’autre, à mesure qu’elles se propagent, par le bouche à oreille, ou d’un blog à l’autre sur Internet.
Et ces histoires, elles sont finalement le reflet de toutes nos angoisses modernes, des bribes de mythes qui renaissent dans un contexte contemporain. Partir d’une de ces légendes m’est apparu comme une évidence.

La musique semble importante dans ta vie. Tu chantes toi-même dans un groupe. Que t’apporte la musique ?

La musique accompagne ma vie depuis je suis adolescent. C’est une autre manière de s’exprimer, notamment par le biais des concerts qui permettent un partage physique avec le public. Et puis c’est un rythme, c’est une texture. De la même manière que l’écrivain tisse la matière du texte, le musicien va travailler sur la matière sonore, la canaliser pour l’envoyer dans l’esprit des autres. D’ailleurs, quand j’écris, je m’inspire souvent de la musique, pour le rythme, pour la construction, pour le plaisir de retrouver le thème principal. Dans « L’enfant des cimetières » la magie de Nathaniel s’exprime par sa voix, une voix puissante et inhumaine. Il va puiser un tonnerre qui jaillit du plus profond de sa poitrine, et qui balaye tout devant lui. C’est exactement ce que je peux ressentir quand je chante ! (Rires.)

Pas de projet au ciné ou en BD ?

Pas pour l’instant. Mais qui sait ce que nous réservent les étoiles.

Si je te dis :

- Clive Barker : Depuis mon adolescence, ça a été mon écrivain préféré, celui qui m’a le plus marqué et influencé. La claque est totale, à chacun de ses livres, il a toujours une longueur d’avance sur tout le monde. À mes yeux, il a révolutionné la littérature de fiction. Il a totalement redistribué la donne, en termes de technique d’écriture comme de liberté de pensée.

- Poppy Z. Brite : C’est un peu compliqué. Ses premiers livres étaient très touchants dans leurs débordements adolescents, et je me sentais très proche de ses personnages. Mais, peu à peu, elle a changé de direction artistique, et j’avoue que je ne comprends plus vraiment ce qu’elle essaie de faire, ses derniers livres me sont tombés des mains.

- Stephen King : C’est l’auteur grâce auquel j’ai du boulot aujourd’hui. C’est lui qui a ouvert la porte au genre imaginaire / horreur. C’est un génie de l’écriture, purement et simplement.

- Graham Masterton : Je suis un grand lecteur de Masterton, depuis mon adolescence, et je continue ! J’adore tout simplement ce qu’il fait ! Avec toujours ce sentiment qu’il pourrait pousser un peu plus le travail, pourtant je reste client, et j’en ai toujours pour mon argent.

- Bob Morane : Cela fait partie des premières séries d’aventure que j’ai dévorées, de manière boulimique, quand j’étais adolescent, et qui m’ont donné le goût de la lecture.

- Dario Argento : J’admire ce qu’il a fait dans les années 80 et je souffre quand je vois ses dernières œuvres, notamment « La mère des larmes ».

- David Lynch : C’est le génie absolu. J’ai dit que j’admire Clive Barker, mais avec David Lynch, on entre dans le divin. Il y a les hommes normaux, et puis il y a David Lynch.

- Serge Brussolo : Un autre de mes auteurs préférés, même s’il arrive qu’il me fasse grincer des dents quand il recycle ses vieux textes sous de nouveaux titres. Malgré tout, je continue de le lire, c’est l’un des auteurs français les plus originaux. Lui aussi travaille essentiellement sur les images, et son influence me parait flagrante dans ce que j’écris.

Quel est ton auteur d’Imaginaire préféré ?

Clive Barker.

Quel est ton auteur de littérature générale préféré ?

Shakespeare.

Quel est ton roman d’Imaginaire préféré ?

« Le royaume des devins ».

Quel est ton roman hors Imaginaire préféré ?

« La Bible ».

Quel est ton film d’Imaginaire préféré ?

« Les prédateurs ».

Quel est ton film hors Imaginaire préféré ?

« Bad Lieutenant ».

Quel livre d’un autre auteur aurais-tu désiré avoir écrit, soit parce que tu es jaloux de ne pas avoir eu l’idée le premier, soit parce que tu aurais traité l’idée d’une autre manière ?

« Livre de sang » de Clive Barker, forcément.

Quel est l’élément déclencheur qui fait naître tel ou tel roman, telle ou telle thématique… Ainsi Jonathan Littell a eu l’idée des « Bienveillantes » en voyant la photo d’une jeune Russe martyrisée pendant la dernière guerre. As-tu des éléments déclencheurs, des faits, des objets… Une œuvre d’art… ?

C’est toujours une étincelle, suivie d’un déferlement. Cette étincelle peut être un paysage, une personne aperçue dans la rue, une bulle de souvenir qui remonte à la surface. Parfois d’un simple rythme, comme ma nouvelle « Elfenblut » qui est née d’une première phrase qui s’est formée dans ma tête, et qui se trouvait être un alexandrin. Je peux écrire une histoire entière juste parce que j’ai été emporté par le rythme d’une phrase. Par exemple, le roman « Angemort » a été entièrement écrit suite à la première phrase : « La peau changea de main à nouveau. » Certaines œuvres ont provoqué un tel processus. Je pense à la musique du groupe Empyrium, qui m’a fait écrire d’un bloc la nouvelle « Nenia », ou bien celle du groupe Nenia C’alladhan qui a provoqué le même effet, et donné lieu à la nouvelle « Sangdragon ».

Quels sont les derniers livres que tu as lus et que tu recommanderais ?

« Requiem » de Luc Fivet, « Rituel » de Mo Hayder, « La laiteuse et son chat » de Gérald Duchemin.

Quel est ton principal trait de caractère ?

Lunatique, changeant, exalté.

Qu’est-ce qui t’énerve ?

L’impuissance dans les situations injustes de la vie face auxquelles on ne peut rien, et qu’on est obligé d’accepter, comme cette place de parking que vous aviez repérée et qui, le temps que vous ayez fait le tour de l’immeuble, est prise sous vos yeux par un nouveau venu, par exemple. (Rires.)

Outre l’écriture, quels sont tes hobbies ?

La musique, et toute forme d’expression artistique en général.

Quel est le don que tu regrettes de ne pas avoir ?

La patience.

Quel est ton rêve de bonheur ?

Que les gens que j’aime n’aient aucun problème.

Par quoi es-tu fasciné ?

L’âme humaine.

Tes héros dans la vie réelle ?

Je ne crois pas que j’en ai. Il y a des gens que j’admire, mais pas de héros.

Si tu rencontrais le génie de la lampe, quels vœux formulerais-tu ?

Des choses inavouables…

Ta vie est-elle à l’image de ce que tu espérais ?

Elle le devient, jour après jour. Si ça continue, elle va même dépasser mes rêves.

Cite-nous 5 choses qui te plaisent.

- le métal

- les femmes

- le ciel au-dessus de ma tête

- la liberté

- l’alcool

Cinq choses qui te déplaisent.

- vieillir

- le froid

- la mauvaise foi humaine

- la maladie

- le rap

Last but not least une question classique : tes projets ?

Vivre.

Critique de L’enfant des cimetières ici

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Commentaires

Sympathique de découvrir de nouveaux auteurs. Bonne continuation, ceux qui parviennent à vivre de leur plume en France ne sont pas légion..