Démon de la farce (Le)
Après "Apportez-moi la tête du Prince Charmant" (J’ai Lu n° 3504) et "A Faust, Faust et demi" (J’ai Lu n° 3783), nos deux compères remettent ça, pour la dernière fois, hélas, la mort de Zelazny (1995) ayant brutalement mis fin à cette collaboration brillante et burlesque. Jamais, depuis les succès éclatants de Fredric Brown dans les années cinquante, la SF ne fit autant rire. Il ne faut pas avoir lu les deux précédentes aventures du démon Azzie pour s’amuser, les aventures étant totalement indépendantes. L’intrigue est ténue : Azzie décide de monter une pièce de théâtre "immorale", démontrant la victoire du hasard et de la personnalité sur le destin et, surtout, sur la prédestination divine. Notre facétieux héros rencontrera d’innombrables obstacles, sérieux (l’archange Michel, ou surtout le destin, Anankè elle-même), charmants (son ancienne amie Ylith, qui passa du Mal au Bien), ou inattendus (Sans-Nom, le révolté final). Peu importe la trame, finalement : l’essentiel réside dans les multiples gags célestes ou infernaux, qui raviront tout amateur de théologie ou de mythologie. Mythologie ? Oui, car les anciens dieux grecs, réfugiés dans d’obscurs limbes par l’incroyance générale, vont intervenir. Pensons à ce sujet au "Malpertuis" de Jean Ray ou à l’opéra "The Olympians" d’Arthur Bliss. Vous le voyez, ce roman est un bric-à-brac général, un fourre-tout de génie, qui exaltera les véritables amateurs : ceux pour qui la science-fiction est avant tout le domaine de l’imagination pure.
Chaque page contient sa merveille d’invention, son gag ou son anachronisme, pour notre plus grande délectation. Vous qui êtes atterrés par une SF décrivant un avenir noir et atroce, vous qui êtes écœurés par le raz-de-marée "gore", lisez "Le Démon de la farce", rincez-vous joyeusement les oreilles, rigolez ferme, et dites-vous qu’après tout, la vie vaut vraiment d’être vécue ! Si Voltaire avait été notre contemporain, il aurait adoré ce livre, qui réunit humour, pamphlet, ironie, sarcasme, un zeste d’irrévérence et beaucoup de fine raillerie.
Un livre sain (sans t, absolument) !
Roger ZELAZNY Robert & Robert SHECKLEY, Le Démon de la Farce, J’ai Lu
Commentaires
Vive Robert Sheckley et, oui, Zelazny était pas mal aussi.
Wouah, je les connaissais pas ceux là. Faut que je les trouve.
Je croyais que Sheckley n’écrivait plus.
Vive Robert Sheckley
Coté cinéma, un DVD H2G2 Guide du Voyageur Galactique ressemble furieusement à une nouvelle de R Sheckley "La dimension des miracles" : un humour engagé, philosophique et qui n’épargne rien meme pas la science.....
David