Quai des Bulles 2007

Reportage Festival BD de Saint Malo 2007

Ca y est. Le grand jour est arrivé. On gare la voiture. On respire l’air marin et le badge en poche, on se lance dans l’arène. Toute l’équipe est là. Matthieu et Marlène, nos photographes gloutons, Klervia, notre dénicheuse de trésors et moi-même, votre fidèle chroniqueur. Nous avons devant nous une journée. Un jour pour arpenter les marches du Palais du Grand Large, pour se faufiler à travers la horde des visiteurs, des accros de la dédicace et des petits d’jeuns qui cherchent à faire leur trou dans l’univers de plus en plus prisé du 9ème art. Mais avant tout cela, on s’offre un petit briefing dans l’espace VIP.


(Matthieu, Marlène et Klervia)

"Matthieu, tu couvres l’expo Drôle de Troy. Il paraît qu’on peut carrément se balader dans l’antre de Jean-Louis Mourier. Qui sait quels secrets tu y découvriras ?"

"Quant à toi Marlène, tu te charges des expos Faust et Thorgal. Pour cette dernière, tu te fais plaisir. Non seulement Rosinski y présente des originaux de ses planches, mais figure-toi que toutes les couv’ de ses albums sont de véritables toiles peintes à l’huile ! Y’a même ses story-boards les plus chiadés. Je suis sûr que tu vas te régaler."

"Klervia et moi, on se charge du rédactionnel."

"Une fois qu’on a couvert les expos, on se retrouve tous les 4 devant le hall des stands et on en fait le tour. Mais avant tout ça, direction le coin Pro-amateurs. Notre ami Matthieu a un projet à présenter".

Halte au stand pro-amateurs


(Stand pro-amateurs)

Le stand pro-amateurs est ce petit cercle, pas fermé du tout, où tous les bédéistes en herbe se confrontent à la redoutable épreuve de la critique. Qu’il est dur de sortir ses planches de son sac. On sue. On flippe à l’intérieur. Notre coeur joue du tam tam. Nos mains tremblent. Puis on s’asseoit. On prend une grande inspiration et on lâche ces quelques mots fébriles "Bonjour. Voilà ce que je fais. Si vous pouviez me donner un petit avis ?". C’est à cet instant précis qu’un long silence commence, que leurs sourcils se froncent. Ces piliers de la BD, venus exprès pour vous, scrutent le moindre détail de votre humble création. Enfin, elle arrive. Fatale. Cruciale. L’indispensable critique sans laquelle on erre dans les dédales de nos incertitudes.

C’est au tour de notre poto. Petite photo pour le mettre à l’aise.


Les pros prennent alors la parole :

"Que du bon, jeune homme, s’exprime Le Grümph, le grand barbu sur la photo. C’est pro. Bien construit. On ne voit pas trop ce qu’on pourrait dire. L’histoire est rigolote. La succession des plans fonctionne. Le style y est."

Et à la jolie demoiselle d’ajouter :

"Tout pareil. Tu pourrais montrer ça à des gens comme Fluide Glacial, par exemple. Et si je dois faire une critique, ose encore plus ton délire dans le choix des expressions et des plans. Grossis un trait quand c’est nécessaire. Laisse des blancs s’il le faut."

La suite, je la laisse à Matthieu qui du coup, avait une patate d’enfer ! Et pour tous ceux qui hésitent encore à montrer leurs boulots, je leur dirai "foncez". Le monde de la BD, comme nous l’expliquait Bilal lors du Festival d’Angoulème, reste un univers convivial et humain. « Peut-être le seul » a-t-il ajouté. Les auteurs sont abordables. Leurs critiques ne sont jamais là pour vous descendre, mais au contraire, elles visent à vous faire progresser. Quant aux éditeurs, même s’ils se montrent parfois expéditifs, ils ne vous casseront jamais. Rien à voir avec le monde du Show Bizz, c’est moi qui vous le dit !

Pour les curieux, voici ce le boulot de notre poto Matthieu.

Planche bd 1 : http://www.mikkymixx.com/afficheart.php ?id=106
Planche bd 2 : http://www.mikkymixx.com/afficheart.php ?id=107
Planche bd 3 : http://www.mikkymixx.com/afficheart.php ?id=108

Expo Faust

Je vous invite maintenant à nous suivre dans une expo qui aurait pu ne jamais voir le jour. En effet, aux début des années 80, le scénariste Rodolphe et le grand Raymond Poïvet (journal "Vaillant", "Pif", "Les pionniers de l’espérance") sont contactés par un éditeur parisien qui ambitionne de mettre en bandes dessinées un grand classique de l’opéra : Faust. Le projet fascine le jeune Rodolphe qui a toujours rêvé de travailler avec un tel dessinateur . Mais alors que la bd est finie, l’éditeur fait faillite. Raymond Poïvet nous quitte. Ses planches disparaissent avec lui.

20 ans plus tard, Rodolphe est devenu le célèbre scénariste qu’on connaît. Son téléphone sonne. "Allo ? Vous êtes Rodolphe ? Je suis Dominique Poïvet, le fils de Raymond. Je viens de les retrouver !". L’ouvrage de Faust reposait sous le lit de Raymond Poïvet, dans sa maison de campagne. Les planches avaient dormi là pendant tant d’années, tel un trésor oublié qui n’attendait que le jour où il serait retrouvé et révélé au monde. Ce jour est enfin venu. « Faust » est désormais publié aux éditions du Seuil. Mais plus encore, les originaux apparaissent devant moi, exposés à la vue de tous, afin de nous rappeler le talent de ce grand dessinateur qu’était Raymond Poïvet.




Mais qui est le Docteur Faust ? Quel personnage ressort de la bd ?

Avant de croiser le diable, Faust est un solitaire qui vit d’ennui et de regrets. Un jour, les huissiers lui prennent tous ses biens pour cause de non-paiement de ses dettes. Le vieux docteur pourrait facilement reprendre son activité. Seulement, il épouse une liberté de pensée qui ne sied guère aux bonnes mœurs judéo-chrétiennes de son époque, le 16ème siècle. Il ne lui reste pour seule solution que de vendre son âme au diable. En échange, il reçoit une seconde jeunesse. Mais pas n’importe quelle jeunesse. Une jeunesse éternelle ! Bien sûr, tout pacte avec le diable connaît des revers. Etre jeune, cela revient à embrasser la vie avec fougue, à tomber fou amoureux de la première demoiselle venue. Qu’elle soit noble ou paysanne, peu importe. Pour la passion, le jeune docteur Faust est prêt à tout, même à commettre l’irréparable.

Bien que datée des années 1980, la bd de Rodolphe fait plus que jamais écho avec notre époque. Tels une multitude de Faust, nous sommes aujourd’hui libres de choisir, libres de penser, libres de refuser. Ce monde sans limite qui s’ouvre à tous nous donne le vertige et nous entrons, sans le vouloir, dans une éternelle jeunesse, autrement dit une éternelle insouciance – Je vous invite à lire l’excellent Hors série « Vivre en 2020 » du Monde à ce propos. Du coup, nos choix sont précipités, irréfléchis, que nous ayons 20 ou 90 ans. Le diable de la cosmétique s’en régale. Celui de la chirurgie plastique, de la télévision, des médias et que sais-je encore. Tant et si bien qu’au final, tout comme ce bon vieux docteur, nous commettons l’irréparable, entraînant dans notre folie tous les autres autour de nous. Voici la force du « Faust » revisité par Rodolphe, celle d’un récit qui nous rappelle que le diable n’est pas forcément cet être tout puissant qui joue avec nos vies, mais peut-être bien ce double maléfique qui sommeille en chacun de nous.

D’un point de vue graphique, qu’est-ce que cela donne ?

A mi-chemin entre le story board et la bd classique, l’encrage de « Faust » mise sur un subtil mélange de feutre et de stylo bille. Le crayonné apparaît par endroits. Le trait est si vivant que nous pourrions presque sentir la main de Raymond Poïvet s’élancer sur la page. Dans sa construction, ni les planches, ni le dessin en lui-même ne connaissent l’influence du cinéma survenue dans les années 90 ou bien de la Nouvelle Bande Dessinée née d’un Joann Sfar et d’un Trondheim. Ce qui n’empêche pas « Faust » d’apparaître comme une véritable leçon de bandes dessinées. Le clair-obscur, le sens de lecture discret, l’encrage qui ne connaît pas de surenchère, le jeu des plans, les expressions des visages, tout est maîtrisé. Raymond Poïvet ne connaissait pas de limites à son art, mais savait parfaitement lesquelles s’imposer.

Expo Drôle de Troy

La grande phrase de Jean-Louis Mourier pour parler de son boulot est « C’est très con… mais joyeux ! ». Mais justement, ce n’est pas si con que ça. Car en y regardant de plus près, certaines situations des plus ridicules le sont parce qu’elles nous rappellent le ridicule de notre société et du coup, on en rit allégrement. Ca vous retape le moral, sans vous lobotomiser, comme dirait Alain Goutal, le concepteur du « Quai des Bulles ». Bien sûr, derrière les histoires drôlissimes, il y a aussi Arleston, le scénariste. C’est lui qui va puiser dans le risible de notre monde.

Dans « Les Feux d’Askell » tout comme dans « Trolls de Troy », on sent une véritable complicité entre les deux hommes. D’ailleurs, il suffit de voir le nombre de leurs albums sortis et le carton qu’ils font encore et encore dans les ventes, tous publics confondus. Ce n’est pas le fruit d’un plan marketing méga chiadé. C’est le fruit de deux auteurs qui ont su rester de grands enfants.

Alors, me direz-vous, qu’y avait-il de si génial dans l’expo « Drôle de Troy » ?

Deux secondes, j’y arrive.

Voici pour commencer quelques croquis et boulots préparatoires de ce mastodonte de la bande dessinée qu’est Jean-Louis Mourier.




(Croquis de Trolls)




N’est-ce pas génial de voir en papier et en encre les esquisses qui ont donné vie à toute cette bande de trolls fous furieux ? Ce qui m’impressionne le plus est cette aisance qu’a l’artiste à passer de l’aquarelle à l’acrylique, du pinceau au crayon, de la couleur au noir et blanc. C’est bien simple, on dirait qu’il suffit de mettre un silex et un peu de charbon dans les mains de Jean-Louis Mourier pour qu’il vous repeigne votre maison façon De Vinci. Visez plutôt les planches !








Et les toiles aussi.


(Créatures d’Ouessant)


(Les Feux D’Askell)

Bon, ben vous vous êtes fait suffisamment mal aux yeux, j’espère ! Car maintenant, je vous invite à pénétrer dans l’antre de Jean-Louis Mourier. Et oui. Particularité peu négligeable de ce « Quai des Bulles 2007 », nous pouvions visiter la maison reconstituée du maître trollien. En fait, il s’agissait d’entrer dans un box intimiste où le générique de Conan le Barbare et de Star Wars défilaient en boucle. Mis dans l’ambiance, de grandes photos en 3D nous ouvrez les portes de son chez lui. Voyez plutôt !




Vous reconnaissez ce buste rouge au fond ? Et bien oui, voici l’authentique buste collector du monstrueux Darkness, dans le film « Legend ». Mais ce n’est pas tout. Dans les moindres recoins de l’antre de Jean-Louis Mourier, de nombreuses créatures se cachent. Autant de références qui ont inspiré Arleston et son dessinateur de génie.




(L’étagère fantastique)

Chewbacca, I-robot, La princesse Leia, R2D2, C3PO, Iron Man, Xena, Terminator, Robocop, Serval, Alien, les Men in Black, la moto du manga Akira, et même Gort, le robot du film « Le jour où la Terre s’arrêta ». Toutes les créatures les plus folles du cinéma fantastique sont là. D’ailleurs, si l’un de vous pouvait me dire qui est la dame au teint pâle et en costume gris, sur la droite, je lui en serai très reconnaissant.

Go to the stands of éditeurs

Avec toute l’équipe, nous nous retrouvons devant le stand des éditeurs. Marlène revient quant à elle de l’expo Thorgal. C’est sublime, nous dit-elle. Je lui propose d’y retourner tous ensemble dans l’aprèm’. Mais pour l’instant, go to the stands !

Comme chaque année, il s’agit de se faufiler tant bien que mal entre les hordes de visiteurs et de professionnels venus à la rencontre des éditeurs de la bd d’aujourd’hui.

Quelques photos des stands.


(Entrée du hall)




Des dédicaces partout, partout, partout.


(Stand des éditions « Le Cycliste »)


(Stand de « EP éditions »)

Ca y est ! Première escale au stand des éditions Paquet. Pourquoi Paquet ? Pour rencontrer Jull, le dessinateur de Dreamers, une nouvelle série SF plutôt fun. Le gars est très sympa, on échange quelques mots sur sa bd et il nous fait une belle dédicace. Enfin, la dédicace est plutôt pour Klervia qui est tombée raide dingue du dessinateur. C’est son Jull en quelque sorte. Je sais, elle est très mauvaise. Fouettez-moi tant que vous voudrez.

Mais dis-nous Klervia, que nous raconte cette bd ?

« Dreamers » , c’est une bd au graphisme à la fois manga et européen. Un peu comme « Le chasseur d’éclairs » également chez Paquet. L’histoire est géniale. En plus, le héros n’a rien du héros classique puisqu’il s’agit d’un dealer. Mais attention, le but n’est pas de faire l’apologie des trafiquants de drogue. Ici, Taki refourgue du Dreamland afin de survivre dans les rues malfamées de son quartier. L’ennui, c’est que beaucoup de ses clients meurent subitement. Pas bon pour le business tout ça ! Pas bon non plus, car la STM, une multinationale en pharmaceutique lui colle au train depuis qu’il a fouillé dans leurs affaires. En parallèle, l’inspecteur Alain Smillie enquête sur une série de meurtres. Encore hier, un prêtre a été retrouvé le corps criblé de flèches dans les égouts de la ville. Le soucis, c’est que la STM – toujours elle ! - s’empresse de récupérer les corps pour d’obscures raisons.

Y aurait-il un lien entre la STM, Taki et le meurtrier ? Mystère ! Car pour l’instant, Métapat, le scénariste, nous balade de la première à la 56ème page. Au début, on est même carrément paumé. Puis le puzzle prend forme. Franchement, c’est un scénario rondement mené pour un dessin riche de plein de petits détails futuristes. Comme tous ces petits robots volants qu’on voit partout. Pour les médias, il s’agit de robots webcams, pas plus gros qu’une main, qui se faufilent même sous l’eau, pour dénicher le scoop. Pour les infirmiers, il s’agit de robots senseurs qui prennent votre tension, votre poul, votre température afin de vous faire un bilan de santé aux petits oignons. En gros, il n’y a pas un endroit dans la ville où ne vous ne puissiez aller sans tomber sur eux. Associé à toute une architecture futuriste, on sent un gros boulot de la part de Jull. Vraiment, il me tarde la suite.

Ok. Ben ça m’a l’air très bien tout ça. D’autant que la couverture fait vraiment envie.


(Couverture de la bd Dreamers)

Après quelques échanges fort sympathiques avec des éditeurs que nous n’avions pas encore dans notre service presse, nous faisons une halte au stand du « Blam ». Alors là ! Be careful ! Car le « Blam », c’est du fanzine haut de gamme. C’est du lourd. C’est du bon. C’est du fandard qui vous décroche la mâchoire. Toujours imprimé dans un beau papier. Des interviews énormes réalisées avec des pointures de la bd. Taduc. Clarke. Coyote. Marini. Margerin pour ne citer qu’eux. En fait, s’il y avait un podium des fanzines, celui-ci disputerait aisément la première place. En plus, ils vous servent toujours un petit coup à boire. C’est y pas sympa ?


(Matthieu qui se la pète aux côté de l’illustre Stan Prozak)


(Michel Achard reprend des forces)




(En avant première, les planches du futur album de Michel Achard)

Pause miam miam

Pour ceux qui ne connaissent pas Saint Malo, il s’agit d’une petite ville bretonne, en bordure de la Manche. Le cadre est sublime. Des rochers qui surgissent de la mer. Une eau couleur émeraude. Une ville fortifiée où les vagues viennent mourir dans un fracas éblouissant. Et surtout, plein de petits coins sympas où manger. Pour ce midi, on opte pour la sandwicherie la plus conviviale que je connaisse. Voilà 7 ans que je viens et c’est toujours un régal de déguster leurs sandwichs, ainsi qu’un bon cidre bien de là-bas.

Petite photo pour la postérité.


(Marlène rêve de l’énorme sandwich qu’elle va avaler)

Puis, après s’en être mis plein la panse, on part en direction de l’expo Thorgal. Qui sait quels trésors nous attendent là-bas ?

N’est-ce pas Marlène ?

Expo Thorgal


(Direction la chapelle Saint Sauveur)

Thorgal ! Un nom venu du fond des âges. Le nom d’un héros au cœur pur et à l’âme guerrière qui a su toucher toutes les générations. 30 ans d’aventures palpitantes et 30 albums déjà ! Certains vous diront que ce bon vieux héros, Viking malgré lui, a pris de la bouteille, que ses histoires ont perdu de leur force et qu’un vent de lassitude souffle sur ses aventures. D’autres, au contraire, vous diront que Thorgal est un homme qui évolue au fil de ses histoires. Jeune intrus dans un monde sauvage et ancien, il devient père de famille et tire les leçons des nombreuses épreuves que lui font subir les dieux. Il en devient un personnage touchant, humain, auquel le lecteur s’attache passionnément. Mais qu’importent les dires de chacun. Il suffit de voir la foule des fans à la table de Rosinski pour comprendre combien ce héros est devenu légendaire.


(Derrière les portes de la chapelle, un autre monde nous attend)

En premier lieu, vous gravissez les modestes marches de la petite chapelle gothique. Puis, foulant un sol en dalles de granit, vous passez sous un porche viking. Aussitôt, la pénombre vous envahit. Des lumières fragiles rappellent les torches d’autrefois. Une douce tiédeur vous accompagne. Vous entrez dans l’univers magique de Thorgal dont le buste grandeur nature garde l’entrée.


(Gare à celui qui osera défier Thorgal)

Au fur et à mesure de votre marche, vous découvrez les innombrables planches originelles. Vous voyez l’évolution d’un dessinateur de talent. D’abord fournies par l’encrage riche et lumineux des premiers albums, les planches des albums plus récents changent et se couvrent de peinture. Chaque case devient une petite œuvre d’art.








Parallèlement aux murs où s’exposent les planches, plusieurs sculptures viking ornent les lieux. Que représentent-elles ? Qui sont ces personnages sculptés ? Je ne le sais pas. Elles donnent un caractère mystique au lieu. Nous ne sommes plus à Saint Malo, la cité corsaire, mais dans le sanctuaire d’un dessinateur béni par les dieux d’Asgard.

Mais il y a plus magique encore. Qui aurait cru que chaque couverture d’album était une toile immense, entièrement peinte à l’huile ? « Pour obtenir autant de luminosité et de contrastes dans les couleurs, il ne pouvait en être autrement ». Je vous l’accorde. Sauf que là, c’est vraiment bluffant. Imaginez que même certaines cases font l’objet d’une toile immense qui a certainement du prendre des heures et des heures avant de voir le jour.

Admirez plutôt.




Et ce n’est pas tout. Figurez-vous qu’avant d’en arriver là, Rosinski griffonne quelques esquisses. Mais pas n’importe quelles esquisses.




(Croquis préparatoire)

Impressionnant, n’est-ce pas ?

Et oui, c’est ça le talent ! Tout comme vous restez admiratif devant une toile de Bilal ou de Manchu, vous resterez bouche bée en regardant la suite.




(No comment)




(Couverture du dernier album « Moi, Jolan »)

Avant de quitter ces lieux magiques, parlons un instant du dernier album de « Thorgal ». Je connais la série pour avoir parcouru quelques uns de ses albums, mais je ne connais pas l’ensemble du parcours de ce héros né en 1977, dans le journal de Tintin. Quelque part, c’est un avantage, car je n’ai pas connu cette lassitude dont parlent certains, ni cet engouement propres aux fans. Je conserve un regard neuf et j’ai pu me plonger avec plaisir dans ce 30ème album.

De quelles aventures s’agit-il exactement ?

Dans « Moi, Jolan », comme le titre l’indique, ce n’est pas Thorgal le héros, mais son fils, Jolan. Le jeune homme qui avait échangé sa vie contre celle de son père doit maintenant payer sa dette envers Manthor, le maître de l’Entremonde. Ce dernier promet à Jolan une destinée exceptionnelle. Mais pour obtenir cette destinée, il lui faudra atteindre avant deux jours les portes de l’Initiation. A Manthor d’ajouter « Tu n’es pas le seul prétendant Jolan. Tu n’es pas le seul à posséder des dons particuliers et pourtant, seuls deux pieds pourront fouler le seuil de l’Initiation ». Jolan se retrouve ainsi en concurrence avec quatre autres adolescents, filles et garçons. Des alliances se créeront. Des trahisons apparaîtront. Et face aux épreuves, des concessions devront être faites, malgré les amitiés et les conflits naissants.

Cet album est une bonne surprise. C’est un retour en enfance, à un âge où l’on quitte cette insouciante jeunesse pour s’affirmer en tant qu’homme ou femme. Derrière la couardise d’un fils de noble, une enfance douloureuse se dessinera. Derrière la ruse d’une belle séductrice, se cachera un cœur sensible. Nous n’avons pas à faire à des individus formatés, mais à des personnages sensibles, aux facettes multiples. Ce qui les rend plus humains, plus authentiques et plus touchants aussi. Jolan est d’ailleurs le digne héritier de son père. Lui aussi se voit un grand destin. Lui aussi rêve de gloire et de dignité. Et en même temps, il garde cette part de naïveté et d’humanisme qui font les héros. Que Jolan prenne la relève de son père annonce peut-être l’avènement d’un nouveau héros. Seul l’avenir nous le dira. Pour l’instant, il me tarde de connaître la suite et de savoir jusqu’où l’Initiation de Jolan nous mènera.

Ciao et à l’année prochaine

Ainsi se termine ce petit compte rendu de notre aventure malouine.

Merci à Marlène, Klervia et Matthieu pour m’avoir accompagné dans cette aventure d’un jour. Le soleil se couche maintenant sur la côte d’Emeraude. Bientôt, la mer disparaîtra dans la nuit et nous devrons attendre l’année prochaine pour vivre la 28ème édition de ce festival hors du commun.


Bien à vous

Vous désirez en savoir plus :

http://www.quaidesbulles.com/ (site du Quai des Bulles)

http://quaidesbulles.blogspot.com/ (Blog du festival)

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Commentaires

Très joli reportage les zamis... Ça donne vraiment envie... Merci.
Alain Goutal

Que de souvenirs... Le grand bonhomme qui impressionnait tant Matthieu c’est finalement transformé en gros nounours... Et ce tête en l’air de Gégé qui a réussit à perdre son oeuvre dans quai des bulles... au moins quelqun aura le privilège d’avoir un inédit de toi ;)

J’ai hâte de recommancer l’année prochaine ! Et qui sait peut être qu’on y croisera Matthieu derière un stand !

Allez bon courage. Merci pour cette magnifique journée !
Klervia.

Salut Les phenix :) Merci pour le pti up dans votre reporting ! j’ai été ravi de vous rencontrer et ravi de voir que vous appréciez notre travail :) A très bientôt !
JULL
http://dreamers.paquet.li/
http://jullvirtual.blogspot.com/