Les tueurs en série

Tueurs en série ou « serial killers » et psychopathes s’apparentent relativement. Aussi vais-je traiter ces deux cas communément, et sous le titre unique des tueurs en série.

L’Histoire en a connu de fameux. On peut citer bien sûr Jack l’éventreur, « serial killer » du Londres du XIXème siècle, et éternelle énigme, même si Patricia Cornwell a donné sa solution dans un ouvrage relativement récent.

En la matière, la France n’est pas de reste, puisqu’elle compte parmi ces notoires assassins, Landru et le Dr Petiot. Tous deux ont en commun d’avoir usé d’une cuisinière pour faire disparaître leurs victimes, et tous deux sont des créatures absolument machiavéliques.


La littérature et le cinéma sont allés plus loin encore que l’Histoire, afin que la fiction dépasse la réalité.

Adapté d’un roman de Stanislas-André Steeman, « L’assassin habite au 21 » fut admirablement mis en scène en 1942 par Henri-Georges Clouzot. On doit à ce réalisateur, « Le corbeau » ainsi que « Les diaboliques », alors autant dire que question polar, le bougre s’y connaît. Et c’est vrai que son film fait mouche, avec une histoire subtile au dénouement qui l’est tout autant, l’ensemble baignant dans l’atmosphère très appropriée d’une pension de famille de Montmartre.

Du grand cinéma au service d’un roman du meilleur effet, par l’un des maîtres belges du genre.


Quelques années plus tard, en 1960, Hitchcock adaptait le roman « Psychose » de Robert Bloch, qui n’était rien moins que le disciple d’un certain H.P. Lovecraft.

Et ce cher Alfred immortalisait sous les traits d’Antony Perkins, un Norman Bates, psychopathe taxidermiste qui tuait tout ce qui approchait sa chère maman.

Et quand on cite Robert Bloch, à la fois expert en polar et en fantastique, à mon avis insuffisamment connu, on peut faire référence à « L’écharpe », son roman paru en 1947, narrant les péripéties d’un strangulateur à répétition dans un univers opaque.


Opaque l’est sans doute également le Dr Lecter, du roman de Thomas Harris, « Le silence des agneaux ». Psychopathie et ambiguïté sont au menu de ce roman qui en a marqué beaucoup dès sa sortie en 1988.


Hormis en gros, les exemples cités précédemment, je dois dire que je n’aime pas énormément les polars à base de « serial killers ». Pourquoi ? Eh bien, tout simplement, parce que trop de tueurs en série tue le tueur en série. Le genre finit par s’auto-parodier, et ne peut plus séduire que des inconditionnels.

Ainsi on a tellement produit d’histoires sur ce thème, et désirant sans doute rester original, on a créé toutes sortes de cérémoniaux lors des crimes à répétition, qui finissent à la longue par donner dans le plus haut comique.

Enfin, cela reste bien sûr subjectif, mais je pense que les maisons d’édition ou encore les cinéastes, devraient un peu tourner la page du « serial killer ». Mais bon, s’il y a de la demande, on peut comprendre leur persévérance ; alors dans ce cas, il serait souhaitable de négliger un peu moins tous les autres thèmes du thriller au profit de celui-là.

Donc, vous ne serez pas étonnés que pour ce thème je me cantonne à la sélection suivante :

- Le DVD du film de H.G Clouzot, « L’assassin habite au 21 ».

- Le DVD du film « Psychose » d’Alfred Hitchcock.

- « L’écharpe » de Robert Bloch - toutes éditions disponibles.

- « Le silence des agneaux » de Thomas Harris - Pocket.

Juin 2007

Commentaires

je me permets d’en rajouter une petite couche... et M le maudit ? ainsi que d’autres films plus "sérieux" comme Henry, portrait of a serial killer, Memories of murder, le dahlia noir (adaptation ratée d’accord...) ces films ont une autre dimension qu’imaginaire, ils témoignent de leur époque, ils reflètent des craintes qui vont parfois bien au-delà du tueur isolé. quant à ce que l’on trouvait il y a qq années dans la littérature, il s’agissait plutôt, je trouve, de tentatives de se metre dans la peau, dans l’esprit du tueur. Aujourd’hui, certains auteurs semblent davantage rechercher à mettre en exergue le mal plutôt qu’à simplement utiliser la figure du tueur en série, qui s’est banalisée.