Hérésie, Aquasilva T1

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C’est le premier livre d’un auteur débutant, et nonobstant l’éloge de la 4° de couv, ça se sent.

Le défaut majeur est bien sûr que j’ai pris ce livre pour un exercice d’imitation d’un modèle qui saute aux yeux dès la carte de début. Ce n’est pas Dune comme voudrait le faire croire la sus-citée 4° de couv. : une planète géante, des descendants de colons terriens (ce n’est jamais dit, mais on le devine), un jeune héros qui ne sait pas vraiment qui il est et qui le découvre peu à peu avec ses compagnons d’aventure... Ca ne vous rappelle rien ? D’accord, il n’y a pas de jongleurs, pas d’indigènes Changeformes, l’ennemi est une religion d’état de plus en plus intolérante... La science est moins invoquée, même si finalement les techniques anciennes sont plus utilisées que dans le roman-modèle (pas encore reconnu ?) et la magie se veut élémentale et non seulement science déguisée... Bref ce n’est pas un plagiat, plutôt une variation assez personnalisée. Mais l’idée que j’avais dès l’ouverture du livre n’a fait que se confirmer au long de ma lecture.

La magie élémentale invoquée me pose d’ailleurs un assez grave problème. Anselm Audley invoque, en sus des quatre éléments usuels des théories hermétiques et de la magie alchimique, deux éléments nouveaux assez surprenants : la Lumière -qui d’ailleurs ne sera jamais invoquée dans l’histoire- est-elle autre chose qu’un attribut du Feu ? et l’Ombre, souvent invoquée comme un élément réel et actif, est-elle plus que l’absence de lumière ? Cette nouvelle classification des éléments l’auteur l’a-t-il inventée seulement pour camoufler son manque de connaissances de l’hermétisme ou existe-t-il une école qui utilise cette idée de six éléments, par exemple comme référence au Nombre de la Bête ? Et en a-t-il développé, dans ses livres ou simplement dans ses arrière-plans non publiés, les conséquences ? Car même si la vision quaternaire (combinaison de 4 éléments) du monde a aujourd’hui cédé la place à une vision totalement binaire (Oui/Non) en science, ternaire dans certaines théologies, notre conception du monde et de la science en est issue ; une vision « hexaire » (en base 6) représenterait un changement de conception de base assez profond…

Sur le plan scientifique, là où Silverberg s’efforçait de justifier qu’une planète 2,5 fois plus grande que la Terre n’ait pas une pesanteur 15,625 fois plus forte, Anselm Audley ne pose même pas la question. Que se mélangent des techniques avancées, parfois camouflées derrière un changement de nom (« éthéréen » à la place d’électrique, par ex.) et un système moyen-âgeux de clans, de "Maisons", de guerres à l’arc, à l’épée et au canon électrique, sans oublier les boules de feu magique, ne semble pas non plus lui poser de problèmes de cohérence. Pour un lecteur de SF, cela fera rejeter ce livre à ceux qui cherchent plus qu’une belle aventure inspirée de celle de Lord Valentin... Bref, de la fantasy au sens péjoratif du terme…

Malgré cela, j’ai aimé le livre, je lirai les suites pour voir comment Cathan, l’avatar de Valentin, va vaincre Inquisition et Croisade... mais je ne le classerai pas comme une oeuvre majeure ou un "coup d’essai qui est un coup de maître".

La couverture est sans intérêt, une couverture sans dessin serait aussi parlante.

A la lecture, je n’ai pas repéré de fautes de traduction flagrantes. N’ayant pas lu l’original, je n’irai pas jusqu’à écrire que la traduction est bonne, mais c’est probable (sauf coupures que je n’ai bien sûr pas pu repérer).

Un livre à lire quand on a le temps et qu’on ne cherche pas des arguments solides pour une discussion spéculative, donc…

AUDLEY Anselm, Hérésie (Aquasilva 1), trad. Luc Carissimo, illustration de couv Arnaud Cremet,544 p., J’ai Lu n°8181

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Commentaires

Bonjour,
J’ai fini les 3 livres depuis un certain temps.
A part le canevas général, je n’en ai pas retenu grand chose. J’ai envie de connaitre la fin, Mais gardant une sensation de lourdeur et de lenteur dans l’histoire (une envie de passer des pages non intéressantes perpétuelle) J’ai l’impression qu’un résumé me suffirait amplement. Je n’ai pas encore lu Silverberg et trouvait donc l’histoire ’originale’ et intéressante. Quelle désillusion que de lire qu’une autre histoire similaire pourrait avoir servi d’inspiration.

A mon habitude, je lis une première fois à grande vitesse, pris par le "suspens" et le désir de savoir "la suite". A cette occasion, la grande quantité d’informations et de descriptions peut engendrer une certaine impatience dans la lecture. C’est humain.

Relativement peu après, je reprends le texte une deuxième fois en m’attardant et en étant plus appliqué ; sans stress, les trois volumes dans la foulée.

Si je ne peux prendre position en ce qui concerne la ressemblance avec tels ou tels ouvrages, n’ayant pas lu ceux évoqués dans la critique de G. Bormand, j’ai trouvé un grand plaisir à livre cette trilogie. On peut prendre pour de la lourdeur ce qui est descrip-tions et détails et c’est à la seconde lecture que j’ai trouvé du plaisir à lire ces explications et mises en scène.

La seconde lecture est, pour moi, prépondérante dans l’apprécia-tion du roman et j’attends avec impatience... la suite.