Yeux bleus (Les)

Auteur / Scénariste: 

1986. Une famille est assassinée dans sa villa près de Saint-Paul-de-Vence. Le père, la mère et leurs jumeaux d’à peine deux ans. Un crime monstrueux qui demeurera impuni.

2018. Anthony Delcourt sait que la vie de son filsne tient plus qu’à un fil. Le petit Maxime a été enlevé en plein jour, dans le jardin de la demeure familialeà Nice. Chaque minute qui passe réduit les chances de le retrouver sain et sauf.Emballement médiatique, services de police et de gendarmerie en ébullition, l’affaire prend rapidement une dimension exceptionnelle. Car l’enfant n’estpas n’importe qui. Il est le petit-fils du millionnaire Claude Cerutti, homme d’affaires à la réputation sulfureuse et puissante figure locale.Celui-ci en est persuadé : à travers cet enlèvement, c’est lui que l’on cherche à atteindre.Lui, son nom, sa famille.Et ses secrets.

 

À la lecture du résumé alléchant, je craignais un peu de tomber sur un de ces thrillers mal ficelés, bourrés d'incohérences, comme on en voit trop.

Ce n'est pas le cas. Bien au contraire !

Dans Les yeux bleus, rien n'est laissé au hasard, tout est travaillé. L'intrigue se dévoile petit à petit, grâce à des allers-retours entre trois dates cruciales (1986, 2015 et 2018). Un puzzle inéluctable prend forme sous les yeux effarés d'Anthony, père affolé et terrifié. Sébastien Didier sème des indices ici et là, que l'on n'identifie pas forcément sur l'instant, mais qui finissent par prendre tout leur sens. Et qui sont nichés avant même de commencer la lecture...

Dans la plus belle tradition des polars à la française, Sébastien Didier explore la psychologie des différents personnages, tous fouillés et très bien dépeints. Même ceux qui ne sont pas forcément sympathiques de prime abord finissent par trouver un peu de grâce aux yeux du lecteur : leurs motivations sont clairement exposées et on réalise à quel point ils sont englués dans leur propre image.

Le rythme ne faiblit jamais, sans que l'auteur néglige pour autant les explications nécessaires, ni ne sacrifie les descriptions permettant de s'immerger dans l'histoire. Chaque thème est exploré avec soin (douleur des parents, rapports pègre/affaires, famille toxique...).

J'ai eu à maintes reprises l'impression de me replonger dans les films dont je me gavais enfant, les Boisset, Corneau, Verneuil... Ces histoires de pègre et de criminels à l'ancienne. Le roman n'est pas vieillot pour autant, c'est surtout une atmosphère, un ton, qui m'a frappée.

C'est très bien écrit, impossible à lâcher (j'ai dévoré les 550 pages en une journée) jusqu'à une fin qui ne m'a pas déçue. Tout est réaliste et crédible de bout en bout, ce qui devient rare !

Bref, sur ma liste de ce qui m'agace profondément dans les thrillers actuels, aucune case n'a été cochée, Sébastien Didier fait un sans-faute.

 

Les yeux bleux de Sébastien Didier, chez Hugo Poche, ISBN 978-2755649093, prix 8,50 €

Type: