Planète à louer

Yoss est une grande plume de l’Imaginaire hispanophone. Cubain, ses récits sont souvent imprégnés de révolte sous-jacente, reflet de la vie difficile sous une dictature qui se présente comme le sauveur du peuple.

Ce livre au petit format nous propose des nouvelles, toutes en fait sont liées et sont la vision d’un événement par le héros, chaque fois différent mais en fait, ayant toujours une relation d’amitié ou professionnelle entre eux et se renvoyant le récit par ricochet.

La lecture, pour moi peu habituée à la SF adulte, a été laborieuse au tout début, le temps de rentrer dans le récit mais dès la nouvelle 2 « Le spectacle de la mort », j’ai accroché. Cette nouvelle est éprouvante pour les nerfs, cet artiste métis met en fait en scène sa mort dans des circonstances proches de la torture. La 5 « L’entretien d’aptitude » est comme un long entretien d’embauche où on perçoit à la fois mensonge et nécessité, fuite et recherche. « Les récupérateurs », la nouvelle 6, est une histoire de boat-people de l’espace, très découpée dans un récit haché, pareil à un journal de bord, et pourtant très harmonieuse. La dernière, le chapitre « La carte platine » est surprenant de dureté et de tendresse aussi.

Au final, ce volume mérite son prix Julia Verlanger obtenu en 2011 : il est dérangeant comme se doit être la SF engagée, bien écrit et surtout débordant d’imagination pour nous décrire en 300 pages « un autre monde » qui pourrait bien être Cuba au présent, avec des métaphores.

Planète à louer par Yoss, traduit par Sylvie Miller, illustré par Alain Brion, collection Hélios, Mnémos