Vongozero

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Ce roman est en fait le premier d’une trilogie dont le sens n’apparaîtra, sans doute, qu’à la fin. Décrivant la tentative d’un petit groupe d’individus pour échapper à une épidémie qui a, progressivement, quasiment anéanti la population russe, comment se terminera le dernier volume peut changer complètement la signification du récit. De fait, ayant lu le volume suivant avant celui-ci, j’en avais reçu une impression d’autant plus fausse qu’il n’a pas de fin réelle. Ce qui n’est pas le cas de cette première partie de l’histoire qui commence au moment où la narratrice se rend compte de la gravité de la crise, quand les autorités décident d’interdire toute entrée dans Moscou et toute sortie. Anna réside avec son mari Serguei dans une banlieue assez éloignée, mais lui devait travailler à Moscou ; et sa mère habite en ville. Elle essaye en vain d’aller la chercher ; quelque temps plus tard, on lui apprend que sa mère est morte (les phrases de début du roman en rappelleront un autre à beaucoup de lecteurs...). Puis c’est l’attaque de leurs voisins par des soldats devenus pillards et l’arrivée du père de Serguei qui leur raconte que sa propre ville est quasiment dépeuplée et qu’il est temps de fuir vers un lieu isolé que connaît Serguei, un bungalow de vacances sur une île au milieu d’un lac, le lac Vongozero. Seulement, avant de partir, Serguei va rechercher dans Moscou, ville presque morte, sa première femme, Irina, et son fils. En fin de compte, ils partent à neuf : Serguei, Anna, le fils d’Anna et de son premier mari, Micha, le père de Serguei, Boris, Irina et son fils, et leurs voisins Leonid, Marina et leur fille autiste Dacha. Cette fuite va vite devenir un cauchemar, entre l’hostilité et les attaques des autres fuyards, les pillards, les malades contagieux... Ils rencontrent et acceptent dans leur groupe Andreï, collègue de Serguei, et sa femme. Et atteindront, non sans peine ni souffrances, le lac cherché. Le second livre, paru chez Mirobole, raconte l’hiver au bord du lac, jusqu’à ce qu’ils soient obligés de repartir.

 

Tout le récit est fait par Anna et nous montre, outre les horreurs de la catastrophe, les problèmes internes du groupe, les dissensions, la jalousie, l’égoïsme, les moments de panique... Ce n’est pas pour rien que l’éditeur a classé le livre comme thriller, pas comme anticipation ou dystopie...

Si certaines réactions d’Anna et des autres fuyards peuvent interpeller le lecteur, car ils semblent, peut-être à juste titre vu l’attitude de ceux qu’ils rencontrent, avoir abandonné tout sens de la morale sociale vis-à vis-des étrangers à leur groupe, ce roman peut parfaitement paraître raconter, avec d’autres personnages, la même histoire que La route, de Cormac Mccazrthy, dans un autre pays et avec d’autres personnages. Comme écrit plus haut, ce n’est que le dernier tome qui lui donnera, sans doute, une morale, une signification, encore indéterminées.

 

Vongozero, de Yana Vagner, traduit par Raphaëlle Pache, Pocket Thriller n°16298, 2016, 540 p., couverture de Laurent Besson, catégorie 8B, ISBN 978-2-266-25635-3

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