Volna
Il s'agit d'un nouvel épisode de la vie de Mertvecgorod, cette ville-principauté imaginaire caricaturant à la fois l'ex-URSS et la Russie gangstérisée actuelle, ici peinte après le Black out de 2029 qui aurait coupé l'état RIM du reste du monde d'une part, de tout usage possible de l'électronique de l'autre. Dans le cloaque (il n'y a pas d'autre terme approprié) où se débattent les « citoyens » ordinaires entre gangs et milices sans oublier des « forces d'occupation » dont on ne connait pas l'origine, Roman et Catherine trouvent accidentellement un singe capucin égaré, porteur d'une carte SIM pleine de données compromettantes, qui va les entraîner dans une course-poursuite haletante, poursuivis par tous ceux qui recherchent la dite carte SIM…
Mervecgorod est une variante d'univers cyberpunk puisqu'elle intègre les données particulières de la pensée post-soviétique, en particulier la passivité spécifique des populations de l'ex-Empire soviétique et, conséquemment, l'attitude encore plus brutale et quasiment officielle des oligarchies mafieuses locales. On peut penser à des pays réels comme la Russie, la Biélorussie et, à l'autre bout du monde, le Vénézuela, sauf que Merctevgorod a, en plus de ces pays, une absence totale de richesses minérales et économiques... Mais il s'en faudrait de peu pour que cette caricature soit une prédiction de l'avenir que nous préparent les oligarchies réelles de Russie, de Chine, d'Iran, de Turquie et des états « républicains » c’est-à-dire trumpistes...
Faut-il prendre ce roman, et les autres de la série, pour de simples jeux d'écriture « punk », ou pour des avertissements ? La question est posée.
Volna de Christophe Siebert, Mu, 2023, 178 p., préface Marion Mazauric, couverture de Kevin Deneufchatel, 19€, ISBN 978-2-36267-068-0