Voeux 2011

Mon année 2010

Je crois que je le répète chaque année… Mais je ne peux pas en être certain puisque… j’ai une mémoire de poisson rouge ! Et encore, je suis pas sympa avec ces petites bestioles qui tournent en rond, du coup ! La vérité, c’est que je me promets, chaque année, de tenir un carnet de lecture et de « vision », mais que cette bonne résolution de janvier survit rarement aux premiers confettis de février… Et cette année encore, je suis certain que je vais prendre la peine de noter, dans un joli carnet vierge, le nom des bouquins que je lirai en janvier… Et des films que je verrai durant cette période de renaissance des choses et des gens. Mais cette fois, je tiendrai toute l’année. Promis.

En attendant, nous ne sommes pas là pour débattre de la rigueur de mon journal d’aventures littéraires, cinématographiques ou autre… Mais bien pour savoir ce que j’ai retenu de 2010 ? Comme j’ai une mémoire de poisson rouge (je sais, je l’ai déjà dit, mais j’avais oublié…) cela va ressembler à un solide méli-mélo. Bon… Action !


Et je commence par le cinéma ? Avatar. LE film qui était sur toutes les lèvres et a réduit en miettes le précédent record du box-office, obtenu par Titanic à la fin des années 90. Mwouais. La technique était bluffante. L’univers plein de promesse. Le scénario classique. Sauf que l’aventure manquait un peu de souffle. Je réserve encore mon avis définitif lorsque j’aurais vu la « version longue », en Blu-Ray. Mais pour l’instant… Je peux comprendre que, pour l’industrie du cinéma américain, ce film a été une véritable révolution. Mais pour le spectateur ? J’attends de voir.

J’ai été mille fois plus ému par la troisième aventure de Buzz L’Eclair et Woody le cow-boy. Et pour le coup, mon film de 2010, c’est sans aucun doute celui-là. La conclusion magnifique d’une trilogie née en 1995, mais qui a su conserver son âme tout en surfant sur les indéniables avancées technologiques de l’animation informatisée.

Iron Man 2 était sympa… Mais de toute évidence le résultat d’une politique de plus en plus affirmée dans le monde du divertissement tel qu’il est vu par les majors américaines : une tendance au morcellement, au clinquant, aux rendez-vous épisodiques (bande-annonce, fausses fuites sur Internet, photos, messes pour fan façon Comic-Con) plutôt qu’au respect du produit final. Plus généralement, en observateur lambda, j’ai de plus en plus cette terrible impression que le film n’est plus le support principal d’une galaxie de produits, mais un élément parmi d’autres, un coup de poing final qui se doit surtout de remplir les caisses des studios très vite, sur le premier week-end, pour rapidement laisser la place à d’autres. Est-il si loin le moment où l’exploitation sur grand écran d’un film sera limitée à une seule semaine ? Le DVD/Blu-Ray et la vidéo à la demande prenant le relais dans la quinzaine ? Fou ? Pas si sûr.
Mais voilà que ma rétrospective de 2010 vire à la réflexion sur le média… _ Désolé…

2010 sera décidément l’année des films en demi-teinte… Le Choc des Titans, Shrek 4, Legion, Percy Jackson, Prince of Persia, Predators… Autant de films construits sur une attente et une soi-disant « relation » avec les fans et les amateurs de cinéma qui sont retombés comme autant de soufflés.

Heureusement, deux longs-métrages sortis en 2010, portés par une démarche similaire, se sont imposés à mes mirettes… Dans le coin gauche, une superproduction réalisée par un homme en état de grâce, capable de convaincre un grand studio de lui laisser les mains libres au cœur d’un scénario complexe, intelligent et passionnant : Inception de Christopher Nolan. Pur. Chef-d’œuvre. Dans le coin droit, un petit bijou offert au monde par un réalisateur en marge, totalement à l’aise dans la réinterprétation des codes du super-héros : Kick-Ass de Matthew Vaughn. Incontournable.

La littérature de l’imaginaire, dans son acceptation la plus restrictive, a peu occupé mon esprit… Une quinzaine de romans tout au plus… A côté de nombreux polars (des meilleurs (Patrick Bauwen et son « Seul à Savoir » au pire, Pauline Delpech, explosée en plein vol…) j’ai été heureux de retrouver l’univers particulièrement puissant de Serge Brussolo, avec son Agence 13 et ses lieux plein de vrais faux fantômes. Maxime Chattam a terminé sa trilogie AutreMOnde, de façon magistrale avec « Le Cœur de La Terre », mais c’est un peu perdu dans le décor fascinant de « Leviatemps ». En décembre, Stephen King était de retour dans les rayons « version originale », avec « Full Dark, No Stars », un recueil de textes « longs » dans l’esprit de « Différentes Saisons ». Un enchantement macabre… Même si, avec le temps, l’homme King se fait plus nostalgique… et tenant d’une certaine morale bien pensante. Le second volume de La Lignée, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan a continué de revisiter le mythe du vampire… de façon bien plus passionnante que les vagues de plus en plus délayées de la « bit-litt » qui continuent de venir de mourir sur nos rivages littéraires et populaires. L’ancienne marraine du renouveau vampirique, Anne Rice s’est elle totalement fourvoyée dans « L’Heure de L’Ange ». De l’autre côté de l’Atlantique, la révolution numérique est vraiment engagée et certaines lignes de romans se vendent aujourd’hui davantage sous forme électronique qu’au format papier. Que les liseuses (Kindle et autres…) et les tablettes (comme l’incontournable IPad) fassent leur apparition dans les grandes enseignes est sans aucun doute le signal d’un changement sous nos latitudes. Même si la sensation de tenir un ouvrage entre les mains ne sera jamais égalée par les lecteurs… j’avoue avoir lu une dizaine de romans déjà sous cette forme depuis mon achat d’un IPad en août dernier.

Le monde du jeu vidéo continue lui aussi de développer des univers, des mécaniques ludiques, des lignes scénaristiques qui en font un acteur à part entière du monde imaginaire. Loin des adaptations foireuses de certains blockbusters, James Bond a vécu cette année une aventure sur console de nouvelle génération, « Bloodstone » dont le déroulement épisodique se rapproche beaucoup d’un long-métrage, dans « God Of War III », les développeurs de Sony ont atteint un sommet de mise en scène… et sans aucun doute ouvert la voie à une grammaire de l’image qui n’admet plus de limite. Que Guillermo Del Toro soit en train de développer son propre projet de jeux vidéo horrifique, alors que David Cage a brouillé un peu plus les frontières entre long-métrage numérique et jeu dans Heavy Rain prouve, si cela était encore nécessaire, que l’interconnection entre les mondes médiatiques se fait de plus en plus évidente… Reste que tout ce bouillonnement ne doit pas caché une évidence vieille comme le monde : l’important restera toujours de raconter une bonne histoire.

Et que vive 2011 !

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