Gentlemen de l'étrange (Les)
Dans le Londres du XIXe siècle, il se trame dans le brouillard des faits étranges et fantastiques.
Manfred, psychiatre et criminologue, accompagné de son ami Wolfgang, impulsif dandy mystérieux aux aptitudes encore plus mystérieuses, enquêtent et découvrent ce qu’il se cache sous le vernis apparemment lisse du réel. Des souterrains londoniens aux sombres dédales vénitiens en passant par les plaines glacées et sauvages d’Amérique du Nord, ils rencontreront des créatures aussi effrayantes que fascinantes et réaliseront que les mythes ne meurent jamais : ils se métamorphosent.
Les gentlemen de l’étrange est un livre à mi-chemin entre l’histoire continue et le recueil de nouvelles, avec ses récits qui se suivent mais qui peuvent se lire de manière indépendante. Les gentlemen (et women) dont il est question ici vivent dans une Angleterre du XIXe siècle peuplée de vampires, de loups-garous et d’autres joyeusetés qui permettent à nos héros de mener des enquêtes aux accents on ne peut plus « fantastique(s) ». Le tout dans une ambiance que je m’attendais toujours à voir basculer dans le steampunk mais qui a trop hésité à le faire.
Les gentlemen de l’étrange est un recueil agréable qui se finit en un tournemain. Après une première nouvelle un peu confuse dans laquelle j’ai eu du mal à rentrer, le reste s’est laissé lire sans problème. Mais je dois avouer ne pas non plus avoir été particulièrement marquée par ce livre. Principalement parce que je n’ai pas tout à fait accroché à l’écriture de l’auteur, malgré le côté très sympathique de l’univers qu’elle a fait naître sous sa plume En effet, j’ai trouvé le style parfois un peu emprunté, donnant une impression d’artificiel aux dialogues, pourtant élégants. J’ai également trouvé qu’il y avait trop de répétitions, aussi bien de mots que d’idées, ce qui me donnerait d’ailleurs envie d’envisager ce livre comme étant plutôt à orienter vers le côté jeunesse de la littérature, où il pourrait trouver sans problème son public (les répétitions étant d’ailleurs l’un des outils utilisés par les auteurs du genre pour permettre à des lecteurs plus jeunes de maîtriser l’histoire).
Je dois avouer avoir aussi été quelque peu influencée négativement par un des quatre personnages principaux, un rat... qui parle. Le côté rat me convient sans problème, mais comme vous le savez peut-être (parce que je l’ai souvent répété), les animaux qui parlent, je n’adhère pas (ne me demandez pas pourquoi, je peux vous assurer qu’il n’y a aucune forme de traumatisme derrière ça, c’est juste que je n’aime pas ça). Certains personnages ont aussi une personnalité un peu moins affirmée, dès lors il peut être difficile de les différencier. Cependant, les inspirations de ceux-ci semblent transparaître fortement et donnent quelques petites notes de plus à l’histoire, qui fera sourire par ses références.
Le tout est loin d’être désagréable et constitue une bonne lecture détente pour tout qui voudrait décrocher un peu d’histoires plus « lourdes ». A aborder donc sans trop d’illusions, mais avec l’espoir d’être emporté dans un univers somme toute amusant et séduisant qui, au fur et à mesure des nouvelles, s’affirme et se met en place, sans pourtant réussir à exploiter tout son potentiel. Peut-être dans la (ou les) suites..
Les gentlemen de l’étrange d’Estelle Valls de Gomis, Black Books Editions, illustration de Fabien Fernandez, 313 p.