Une valse pour les grotesques

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Vu que la découverte du secret à la base de l’histoire, en l’occurrence ce qu’est la ville de Schattengau, n’est pas le sujet du roman, que le lecteur le comprend et les personnages le découvrent eux-mêmes assez vite, l’évoquer dans cette présentation n’est pas gâcher la lecture.

 

Schattengau, située quelque part en Allemagne, au bord d’un lac, avec son université créée par le savant-astrologue Mirabile, vit dans une histoire distincte de celle du reste du monde, une histoire où le général Bonaparte est au service du roi de France Louis-Charles et où, par exemple, il n’y a pas eu de Révolution. Dans cette ville, qui vit sous le patronage des grotesques, statues de pierres représentant des créatures variées de tous les folklores, le jeune Johann von Capriccio, étudiant en obstétrique et ciroplastie, se voit demander par Catherine von Grunewald, la femme du margrave, de savoir pourquoi l’enfant de celle-ci est un faune et ce qu’est un livre mystérieux qui raconte une histoire de l’Europe différente de celle que connaissent les habitants de Schattengau. Ce que Johann et ses amis vont découvrir, c’est que Schattengau risque de disparaître, le sortilège qui en a permis l’existence s’épuisant face aux ambitions du margrave. Éviteront-ils le pire, la disparition de tous les habitants et des grotesques, ainsi que la leur ?

 

Il y a un certain nombre de livres qui évoquent des idées analogues, mais traitées de façon totalement différente, et il est possible que Guillaume Chamanadjian ne les connaisse pas et qu’il n’y ait pas la moindre inspiration réelle, mais je ne peux, moi, m’empêcher de repenser à Simulacron 3, à certaines uchronies dont celle de P. K. Dick (le rôle du livre n’y est pas le même), et surtout au dernier roman paru de Jo Walton, Et tout ce que vous voudrez, qui présente presque une attitude opposée à celle des personnages de ce roman et qui vient de paraître, après que Guillaume Chamanadjian a déjà écrit son livre. Celui-ci est quelque part à la frontière entre fantastique et science-fiction, d’autant plus que le héros principal qu’est Johann ne cesse de chercher une explication scientifique, rationnelle, à ce qui arrive. Mais, comme son titre l’annonce, ce roman est avant tout une danse des personnages pour le plaisir des lecteurs…

 

Une valse pour les grotesques, de Guillaume Chamanadjian, Forges de Vulcain, 2024, 440 p., couverture d’Elena Vieillard , 22€, ISBN 978-2-373-05792-8

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