Un homme d’ombres

C’est la première enquête de John Nyquist, détective qui apparaît ici dans sa ville natale et réapparaîtra dans les romans ultérieurs de Jeff Noon. Et cette ville, Soliade, est un monde à part. Elle comporte la partie éclairée en permanence, avec un ciel d’ampoules électriques qu’entretiennent des ouvriers spécialisés, les singes, partie nocturne, Nocturnia, où les seules lumières sont lunes et étoiles artificielles, et la zone frontière, Crépuscule, où règnent les ombres et où ne vivent que certains marginaux. De plus Soliade est la ville des horloges et des montres, où chaque individu, chaque entreprise, vit dans une chronologie personnelle ou particulière. L’entreprise Ariadne, dirigée par Patrick Bale, gère les chronologies, entre les crashs temporels qui paralysent la ville.

Alors qu’il vient de rater une affaire et qu’il manque d’argent, John Nyquist reçoit de Bale l’ordre de retrouver sa fille Eleanor, disparue. Mais cette enquête, et la découverte des menaces de mort qui pèsent sur Eleanor, vont amener Nyquist à poursuivre l’enquête au-delà de ce qui lui a été demandé, à découvrir les secrets de toute la ville et la menace que représente le tueur en série Vif-Argent...

Jeff Noon s’amuse à imaginer un monde aberrant, impossible et à nous le faire découvrir au fur et à mesure des aventures picaresques, souvent humoristiques, de son héros. Plus fantastique, voire absurde, que science-fictif, ce monde nous entraîne dans une aventure palpitante, irréelle. Dont, pas plus que le héros, nous ne ressortirons indemnes...

Un homme d’ombres, par Jeff Noon, traduit par Marie Sugers, La Volte, 2021, 353 p., couverture de Corinne Billon, 20€, ISBN 978-2-37049-078-0