Trois jours et une vie
A la fin de décembre 1999, une surprenante série d'événements tragiques s'abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt.
Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir.
Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien…
Après le Prix Goncourt, où il mettait son sens de la narration au service d’une épopée pleine de bruits, de fureurs, d’Histoire et d’être humains déglingués, c’est peu dire que l’on attendait le retour de Pierre Lemaître. Tout baigné de prestige, allait-il plonger tête la première dans la littérature blanche, oubliant par là même ses origines « noires » ? Au contraire, sa réaction serait-elle à l’opposé, nous offrant un texte poisseux, pulpeux, glauque, rempli jusqu’à la gueule de malfrats, de tueurs déséquilibrés et de flics à la dérive ?
Et puis non… Une fois encore, Pierre Lemaître surprend en abordant dans Trois jours et une vie un des thèmes les plus vieux du monde, celui de la culpabilité. Ce poids, énorme, qui pèse sur les épaules d’un être humain une fois qu’il a commis l’irréparable. Ce questionnement sans cesse renouvelé qui ronge les esprits les plus équilibrés lorsque par chance – mais est-ce vraiment une chance –, on échappe à la justice des hommes et aux fins limiers de la police. C’est cette question essentielle, qui est au cœur du roman.
C’est aux côtés d’un jeune garçon qui dérape, pour une raison à la fois stupide pour le commun des mortels, mais essentielle pour lui, que l’on vit ce cheminement morale terrible. Avec un art consommé de l’écriture, le sens des formules exactes et l’assurance d’un vieux routier de l’âme humaine, Pierre Lemaître mène les quatre séquences de son récit vers une conclusion qui se garde bien d’être définitive. Puisqu’en matière de morale, à moins de s’en remettre à quelque force supérieure, l’absolu n’existe pas… Et le compas de chacun s’oriente plus ou moins, vers le nord.
Un roman qui allie suspense et réflexion donc… Dont on pardonne aisément les quelques longueurs et les rares envolées lexicales un peu inutiles.
Trois jours et une vie par Pierre Lemaître, Editions Albin Michel
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