Terra Nullius
Hugo Boloren a perdu la bille. Celle qui l’accompagne dans ses enquêtes et qui fait « ding » pour le mettre sur la bonne piste. Neurasthénique, il erre dans le commissariat, au grand dam de Lulu la stagiaire. Il est temps de changer d’air. Justement, alors qu’il s’apprête à emmener sa mère à un rendez-vous médical chez un spécialiste lillois, Hugo apprend qu’un garçon de dix ans s’est fait agresser dans une immense décharge publique à la frontière franco-belge jouxtant la Terra nullius, un camp de laissés-pour-compte. Son instinct lui dicte d’aller jeter un œil à ce territoire sans maître, mais il est loin de se douter que l’attend là-bas l’affaire criminelle la plus sordide de sa carrière.
Terra Nullius est la deuxième des enquêtes d’Hugo Boloren après Douve que j’avais beaucoup apprécié de lire l’année passée. Comme pour le précédent, l’atmosphère de ce roman est presque celle d’un huis clos, mais au lieu d’un village perdu dans la forêt, nous sommes cette fois dans l’enceinte d’une immense décharge qui fait aussi office de camp de réfugiés.
C’est surtout l’écriture que je trouve remarquable chez cet auteur. Remarquable au sens premier du terme. Très particulière, bien définissable, je la reconnaîtrais entre mille si on me la présentait à l’aveugle, car elle relève d’une grande originalité et revêt une vraie personnalité. Le langage est très imagé, tout comme les descriptions colorées et intuitives qui font appel à tous nos sens, la psychologie des personnages est finement explorée et détaillée, l’humour toujours présent. Le texte est également parsemé de passages très poétiques qui sont un vrai ravissement et l’ensemble offre une lecture fort réjouissante dont je ne me lasse pas.
Extrait :
C’est la première fois que je vois un sourire qui a ce pouvoir, cette faculté de donner l’impression qu’il émet de la lumière à travers les pores de la peau. (…) Elle s’excuse, radieuse, s’éloigne, splendide, et répond, merveilleuse. Est-ce qu’il y a déjà eu quelqu’un quelque part qui me fasse rayonner le visage d’un coup de téléphone ? C’est inestimable, un humain qui en éclaire un autre avec cette intensité.
En ce qui concerne l’histoire, elle n’est pas en reste. Victor Guilbert nous propose une intrigue à tiroirs élaborée et bien huilée, nous tient en haleine tout au long de l’enquête et nous offre une fin digne d’Agatha Christie en réunissant tous les protagonistes, qui ont chacun quelque chose à se reprocher et parmi lesquels le coupable se cache. Saurez-vous le découvrir ?
À noter que ce roman a obtenu le Prix Le Point du polar européen et le Prix Dora Suez.
Je remercie chaleureusement les éditions J’ai Lu pour cet excellent service presse.
Parue sur Beltane (lit en) secret
Terra Nullius, Victor Guilbert, J'ai lu, 8,50 €