Sutures

Tout d'abord, un grand merci à Frédéric Livyns de m'avoir fourni cet exemplaire de Sutures. Ce fut pour moi une première découverte du style horrifique de cet auteur et je n'en suis nullement déçue. Charmée, même. Après l'avoir abordé à travers son récit jeunesse Les Grisommes (que je vous invite à découvrir!), cette envie de le lire en un autre genre me démangeait amplement. C'est chose faîte, désormais, et pas pour me déplaire.

Résumé :

Qu’est-ce qu’une vie?

Des fragments de temps que l’on essaie d’agencer à notre convenance?

On a beau essayer d’agir au mieux, on ne dispose jamais de toutes les cartes.

Tout ce qu’on a créé peut être balayé d’un revers de main du destin.

Quoi que l’on fasse, la souffrance et la mort ne sont jamais bien loin.

Elles guettent le moindre de nos faux pas afin d’imprimer dans notre chair et notre esprit des cicatrices indélébiles.

Des sutures que nous nous efforçons de cacher…

J'ai été transportée à travers un peu plus de vingt nouvelles... Aucune ne m'a semblé moins enivrante qu'une autre. J'étais tellement ancrée dans le roman que je ne voyais pas les pages défiler.

D'abord, l'écriture de l'auteur qui ne laisse pas indifférent. Elle est fluide, mais aussi emplie d'une réelle vraisemblance, accrochant le lecteur en lui faisant croire en chaque mot, chaque acte. Les lignes défilent, sous les yeux d'un visiteur vivant l'histoire, vivant les lettres.

C'est en partie en raison de la base humaine inscrite en chaque début de nouvelle. C'est-à-dire que, le plus souvent, c'est une intrigue qui débute dans un cadre tout à fait banal : un père et son enfant, un groupe d'amis, des vacances, un travail, un métro... Ce sont ces détails qui permettent au lecteur de s’immiscer à l'intérieur du récit dès les premières lignes, et d'en être d'autant plus secoué quelques pages plus loin, lorsqu'il bascule dans le côté sombre, macabre, horrifique, fantastique...

Un petit choc qui domine la pensée, nous faisant dévorer la suite.

Frédéric utilise des éléments aussi loufoques que banals pour conclure chacune de ses nouvelles. Il n'est pas rare, pendant lecture, de se rendre compte qu'il nous mène en fait par le bout du nez depuis la première phrase. J'ai lu une histoire mentionnant une légende africaine, une autre grecque, alors que d'autres mentionnaient simplement les causes possibles d'une folie : la perte d'un proche, les châtiments d'un père... L'auteur prouve à celui qui pense vivre dans un monde normal, où tout arrive toujours à l'autre, que le malheur peut toucher n'importe qui, pour diverses raisons. Il froisse ainsi celui qui lit, l'obligeant, je pense, à voir le monde d'un œil nouveau. Sans forcément en avoir peur, il ne faut pas croire. Il s'agit simplement de la complexité de l'esprit humain, que je trouve ici incroyablement bien maniée, avec horreur mais aussi légèreté.

Je n'ai pas été angoissée, plutôt retournée.

C'est vrai, parfois surprise par le pourquoi de la nouvelle, et d'autres fois profondément touchée. J'ai vu la peur se réaliser, et le drame se matérialiser. J'ai lu l'Homme et son histoire, la cruauté de la vie mais aussi ce qui en fait sa beauté. Frédéric m'a tantôt presque arraché une larme et tantôt dégoûtée.

J'ai adoré être ainsi secouée.

Fred, bravo, vraiment. Je n'ai rien d'autre à dire.

En résumé, je vous le conseille vivement, si vous êtes, comme moi, adepte de psychologie, de macabre, de leçons de vie. Sutures est un recueil à ne réellement pas manquer, il fait partie de ce genre de livre qu'on rêve de pouvoir redécouvrir une nouvelle fois.

Sutures, par Frédéric Livyns, préface par Marc Bailly, chez Lune Écarlate, juin 2014, 9782369761310, 16,99€

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