LIVYNS Frédéric 04

Auteur / Scénariste: 

Après avoir obtenu le Prix Masterton, tu publies « Danse de Sang » qui est un vrai hommage à Masterton... C’est fait exprès pour faire tourner tes lecteurs en rond ?
C’est vrai qu’on pourrait se le dire mais absolument pas. Le premier jet de « Danse de sang » remonte à la fin 2011 donc avant que je ne reçoive le prix Masterton. Si ce roman est effectivement un hommage à Graham Masterton, c’est parce que cet auteur a joué un rôle majeur dans mon envie d’écrire. De plus, je lui adressais déjà un clin d’œil dans « Les contes d’Amy » avec la présence de l’asile dans la forêt. Je trouve important pour un auteur de remercier ceux qui lui ont donné le goût de la lecture. J’avais déjà adressé des hommages explicites, bien que sans prétention, à d’autres écrivains m’ayant fortement marqué : Lovecraft avec « Le puits » à paraître aux éditions L’ivre-book dans la collection « Calling Cthulhu » ou encore Seignolle avec « Le village maudit » dans le recueil « Les contes d’Amy ». Cependant, je garde ma propre identité littéraire.

 

Le Prix Masterton, tu l’as obtenu pour « Les Contes d’Amy », un recueil de nouvelles... qui n’est pas vraiment un recueil de nouvelles. « Danse de Sang », c’est un roman qui n’est pas vraiment un roman ?
Cette réflexion est assez amusante. Pour « Les contes d’Amy », j’avais envie d’utiliser un personnage étrange comme fil conducteur. Je venais de créer Amy pour les besoins d’un roman éponyme dont je n’ai pas encore achevé l’écriture. L’idée d’architecturer le recueil de la sorte m’est venue suite à une discussion avec mon épouse qui lit absolument tout ce que je fais (à l’exception de « Danse de sang » qu’elle n’a pas terminé en raison de son caractère trop violent). De plus, cela permettait au recueil de se détacher de l’aspect « compilation » des recueils de nouvelles traditionnels. Mais Amy est un personnage qui sera appelé à revenir dans le futur, à travers d’autres nouvelles. Sa nature même m’offre une palette intéressante de possibilités.

Quant à la réflexion concernant le statut de roman de « Danse de sang » ou, juste avant lui, du « Souffle des ténèbres », il est dû à l’épaisseur de l’ouvrage. C’est un débat qui n’est pas neuf en ce qui me concerne. Personnellement, je dis toujours qu’une histoire prend la place qu’elle doit, sans s’inquiéter des normes de nombre de pages. Bon nombre de romans de Kurt Steiner par exemple ne sont pas plus gros que les miens et, pourtant, on n’a jamais remis en cause l’appellation de roman en ce qui les concerne. Peut-être est-ce dû à notre époque qui fait que l’on préfère lire de gros pavés. Toujours est-il qu’on qualifie souvent « Danse de sang » de grosse novella. Peu m’importe car le principal en ce qui me concerne est que le lecteur éprouve du plaisir à me lire que ce soit au travers de 200 ou 600 pages.

A la lecture de « Danse de Sang », on devine une sorte de fièvre dans l’écriture, un besoin d’écrire « pied au plancher ». C’est le reflet de ta méthode de travail ? Ou c’est le savant résultat d’une écriture longue et douloureuse ?
J’ai toujours aimé ce côté rapide dans mon écriture. Evidemment, cela ne cadrerait absolument pas avec un genre comme le thriller mais avec le fantastique comme je le pratique, oui. J’axe essentiellement mes récits sur l’atmosphère et le ressenti. Je m’efforce également de donner le moins de descriptif possible, juste ceux nécessaires à l’histoire. De la sorte, le lecteur peut aisément s’identifier. Je souris souvent lorsque je constate que des lecteurs ont des visions différentes d’un même passage. Cela prouve que leur imaginaire a bien pris le relais à un certain moment. On dit souvent que mes histoires pourraient être facilement adaptées à l’écran en raison de leur caractère visuel. Ce n’est donc pas le fruit d’un long travail mais une démarche consciente. Maintenant, pour certaines autres histoires à venir, je procède différemment. J’étoffe plus mes récits. Car, aller trop vite à l’essentiel comme je le fais, peut s’avérer être un défaut pour le lecteur. L’idéal est de trouver le juste milieu.

On sent bien, à la lecture du roman, que tu te délectes des sévices que tu fais subir à tes personnages... Frédéric, es-tu un grand malade ?
Pas plus que tout auteur de fantastique-horreur, je crois. Maintenant, il est vrai que je m’amuse énormément à faire souffrir certains de mes personnages. La raison est toute simple et peu avouable : j’imagine que ce sont des personnes qui me font réellement des problèmes dans la vie, des hommes et des femmes que je ne peux pas sentir. C’est efficace et thérapeutique en même temps. Mais est-ce que cela fait de moi un malade ?

 

Sur ta page Facebook, dès que tu postes une annonce, on a un peu l’impression d’être à l’arrivée des Beatles à JKF dans les années 60, ça « like », ça commente, ça bouge... Penses-tu que la présence d’un auteur sur les réseaux sociaux est une obligation ?
Ce n’est pas obligé mais c’est assurément un plus. D’une part en termes de promotion et de visibilité. Toutes les informations sont centralisées sur un site et on peut donner l’évolution de divers projets via les réseaux sociaux. Et l’autre côté, encore plus important, c’est que cela te permet de maintenir le contact avec tes lecteurs, de créer de véritables liens. Les personnes qui viennent te voir en dédicace ne sont plus des inconnus vu que tu as déjà dialogué avec eux.

Tu navigues dans les eaux du fantastique... As-tu déjà eu des envies de prendre le large pour le thriller, le polar ou la littérature classique, qui ont, pour l’instant, le vent en poupe ?
Pour le roman classique, je m’y étais adonné il y a quelques années le temps d’un roman. Je venais de faire paraître « Matriarcat » auprès des éditions Chloé des Lys. Comme je suis fan de Mauriac (et cela me fait revenir aux fameux hommages dont je parlais plus haut), j’ai utilisé le canevas classique du secret familial. Un univers assez lourd, fait de faux-semblants, dans lequel une jeune fille découvre la cruelle réalité de sa vie à travers le journal intime de sa mère décédée.

Le thriller me tente bien mais je n’en maîtrise pas encore assez les codes pour oser tenter l’aventure. J’ai cependant quelques idées mises de côté qui devraient prendre forme dans les années à suivre. Pour l’heure actuelle, quoi que je fasse, le fantastique est le genre dans lequel je prends le plus de plaisir.

Stephen King vient de revenir triomphalement avec la suite de « Shinning », penses-tu revenir dans 30 ans, avec la suite de « Danse de Sang », qui se déroulera dans une maison de vieux ?
« Danse de sang » aura une suite car j’ai certaines idées en tête. Je ne sais pas encore quand j’aurai le temps de l’écrire mais je m’y remettrai un jour. J’ai pris beaucoup de plaisir avec Moraabo et je le ferai revenir. En tant qu’hommage assumé à Graham Masterton, le côté récurrent d’un démon s’impose. Mais de là à le faire revenir dans une maison de vieux… Pourquoi pas y faire une scène ? Ca pourrait être marrant de faire se vider un vieillard de ses viscères dans une panne.

On demande toujours aux écrivains quelles sont leurs influences... Mais c’est trop facile. Quels sont les auteurs que tu as lus et pour lesquels tu t’es dit : « Je ne veux jamais écrire des trucs comme ça » ?
Ca, c’est ce qu’on appelle une question spéciale potes lol. Plus sérieusement ? Danielle Steel et Barbara Cartland. J’ai bien évidemment essayé afin de ne pas mourir idiot mais au bout de quelques pages, je déconnecte. L’histoire n’a pas de consistance, c’est mièvre, téléphoné… J’appelle cela le fantasme du pauvre. De la littérature bon marché qui fait, selon l’expression consacrée, rêver la ménagère. Si d’autres y éprouvent du plaisir, tant mieux, mais ce n’est pas ma tasse de thé. J’allais oublier Guy des Cars. Il est pas mal aussi lui, dans le genre.

Demain, ton téléphone sonne et c’est le Grand Jojo qui t’appelle pour écrire un album de farandole gothique avec des joueurs de foot zombies, tu réagis comment ?
Je dis oui. Pourquoi ? Parce que j’adore faire la fête (et quand t’as un verre dans le nez, le Grand Jojo ça marche à tous les coups), que j’adore les zombies et que ça pourrait être une expérience amusante, tout simplement. C’est cela le maître mot : amusement. Celui que tu éprouves à écrire et celui que tu offres à tes lecteurs.

Dis, Frédéric, c’est quand la dernière fois que tu t’es retrouvé tout nu en public ?
Jamais ! Je suis un homme raisonnable moi ! Par contre, je me suis déjà retrouvé debout sur une table en caleçon et santiags en train de jeter des chaises en l’air. C’était lors d’une soirée Wave-Punk-Metal il y a de nombreuses années. J’avais bu comme un trou avec l’un de mes meilleurs potes et on était ronds comme des queues de pelle :) Et cet ami est devenu le parrain de ma fille plus de 10 ans plus tard :)

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