Station : la chute

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Thriller cyberpunk comme l’écrit la notice de présentation, ce roman se situe dans un avenir où ce qui reste de l’humanité est réparti entre la Lune, Mars et un astéroïde aménagé, Station, et où les humains sont au service de « dieux » informatiques nés des IA des plus grandes compagnies. Le héros est un ex-combattant de la Guerre Logicielle qui a opposé ces dieux à d’autres IA anarchistes regroupées dans la Totalité et disséminées dans le reste du système solaire. Ancien policier, doté depuis sa participation à la guerre d’une extension informatique, la marionnette Hugo Fist, Jack veut, avant sa mort programmée dans le contrat d’installation de la marionnette, résoudre la dernière enquête abandonnée lors de son recrutement pour la guerre. Il ne se doute pas de ce qu’il va découvrir malgré tous ceux qui lui font obstacle...

 

Ce roman, plus qu’aucun autre, a mis en évidence à mes yeux l’opposition entre fiction, aussi spéculative soit-elle – et celle-ci comporte un certain nombre d’hypothèses sur les possibilités scientifiques et techniques futures –, et étude de la réalité, entre vraisemblable, c’est-à-dire admissible dans une fiction, au prix éventuel d’une suspension d’incrédulité, et vrai, susceptible de se produire ou de s’être produit. Et, surtout, à quel point les personnages d’un roman, qu’ils soient humains, extra-terrestres (absents ici, mais remplacés par les avatars de la Totalité) ou consciences informatiques, ne sont que des émanations de l’imagination de l’auteur, qui coïncident plus ou moins avec les personnes ou éventuellement entités pensantes du monde réel.

 

L’histoire et son univers sont cohérents, vraisemblables, et ce serait oiseux de chercher si leur réalisation pourra être partiellement faite. Les personnages, humains ou non, reflètent des façons de penser possibles de la part de l’auteur et de celles des lecteurs. Pour ce qui est de la pensée des entités logicielles variées, marionnettes, dieux, revenants (programmes ayant intégré et reproduit la personnalité des morts), Totalité, Robertson a très bien vu comment une éventuelle conscience informatique serait, d’abord, le résultat de sa programmation. Ses sentiments, ses désirs, seraient basés sur les programmes initiaux, les modes d’apprentissage et les informations reçues durant la phase d’apprentissage. Sur ce point, et même si la SF n’est pas prophétique, le raisonnement semble correct. L’agressivité excessive d’Hugo Fist tient à sa programmation comme arme de guerre, par exemple. Et les « dieux » ont été programmés pour les conflits économiques et l’asservissement de leurs employés. Il n’y a aucune fatalité dans leurs évolutions, juste les conséquences, parfois non prévues par les programmateurs, des programmes initiaux d’action et d’évolution.

 

Cela nous donne un roman passionnant et des personnages, le héros en particulier, auxquels on a plaisir à s’identifier. Et des réflexions possibles sur le monde réel. Que demander de plus ?

 

Station : la chute, de Al Robertson, traduit par Florence Dolisi,  Folio SF n°646, 2019, 576 p., illustration de Manchu, 9€

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