Spider Man 3
La part des ténèbres
Au début de Spider-Man 3, on retrouve Peter Parker là où on l’avait laissé à la fin du 2ème volet. Il a fini par accepter tout ce qu’engendre le fait d’être devenu un super-héros, bien malgré lui, avec les devoirs que cela entraîne et les sacrifices qu’il doit consentir pour faire le Bien. S’il a enfin réussi à concilier son amour pour Mary Jane et ses responsabilités de super-héros, ce n’est pas pour autant qu’il n’a plus de problèmes, bien au contraire.
Bad influence
Alors que Peter est en train de compter fleurette à Mary Jane sur une gigantesque toile tendue au sommet d’un arbre en plein Central Park par une belle nuit étoilée, une météorite se crashe à proximité et s’en échappe une étrange substance noire et visqueuse qui va se coller à l’arrière de son scooter, sans qu’il s’en rende compte. Quelque temps plus tard, le symbiote d’origine extraterrestre finit par prendre possession de sa combinaison de Spider-Man qui devient d’un noir brillant. Peter voit alors ses pouvoirs décupler mais s’il devient nettement plus rapide dans ses déplacements et beaucoup plus fort lors de ses affrontements avec les méchants, l’influence néfaste du parasite alien affecte également son comportement et fait surgir les aspects les plus sombres de sa personnalité. Il devient arrogant, commence à négliger ses proches et se laisse même emporter par la colère. Son côté “bad boy” prend carrément le dessus sur le jeune homme timide et prévenant, qu’il était auparavant de par sa nature profonde. Il devient plus fort, plus rapide mais aussi nettement plus agressif et si cela présente un certain avantage dans sa lutte contre le crime, cela ne va faire que compliquer sa vie privée. Désormais contraint de choisir entre le séduisant pouvoir que lui procure son nouveau costume et la compassion qui le caractérisait auparavant, Peter va devoir faire face à ses propres démons s’il veut arriver à sauver ceux qui lui sont chers de la machiavélique vengeance ourdie par les deux plus puissants ennemis qu’il ait eu jusqu’alors à combattre.
Presque célèbre
A la fin du 2ème volet, Peter commençait à entrevoir une lueur d’espoir quant à l’évolution de ses relations avec Mary Jane mais ses pouvoirs et son identité secrète restaient toutefois encore un lourd fardeau à porter. _ De son côté M.J. restait parfaitement lucide en ce qui concernait les problèmes identitaires de Peter, voire même inquiète quant à l’avenir de leur relation amoureuse. Désormais Peter est beaucoup serein. Il a enfin accepté sa double identité et son rôle de justicier masqué avec sérénité, la ville est enfin reconnaissante de tout ce que Spider-Man a fait pour protéger ses habitants de toutes sortes de danger et son histoire d’amour avec Mary Jane est au beau fixe, à tel point qu’il s’apprête même à la demander en mariage. C’est la 1ère fois qu’il reçoit autant de reconnaissance et d’admiration de la part des gens, ce qui fait naître en lui un sentiment d’orgueil et c’est le 1er pas qu’il franchit vers son “côté obscur”. C’est cet aspect de sa personnalité qui passe alors au devant lorsqu’il entre en contact avec le parasite alien qui recouvre son costume de super-héros. Si la mystérieuse substance noire et visqueuse augmente considérablement sa force et son agilité, elle exacerbe aussi en lui son côté sombre et vengeur.
Au début de l’intrigue, M.J. est très confiante en elle au niveau professionnel. Son seul sujet d’inquiétude reste le secret qui pèse sur sa relation avec Peter. Mais lorsqu’elle perd brusquement son emploi juste au moment où Spider-Man reçoit les honneurs de la ville, Peter n’est plus aussi disponible qu’elle le souhaiterait. Grisé par sa nouvelle célébrité, Peter ne s’aperçoit de rien et il n’est pas à ses côtés pour l’aider à traverser cette épreuve difficile. Elle se sent abandonnée et leur relation commence à lentement se dégrader. Comme dans n’importe quel autre couple, bien qu’ils fassent des efforts tous les deux, ils parviennent difficilement à être en phase en privé comme dans leurs vies professionnelles et c’est au moment le plus crucial que ce manque se fait sentir. M.J. se sent humiliée d’avoir été évincée de son spectacle après le premier soir et par fait que Peter ne lui accorde pas toute l’attention qu’elle mérite. Elle se tourne alors vers Harry, la seule personne qui semble encore se préoccuper de son triste sort. De plus, le fait que Spider-Man ait embrassé Gwen Stacy en public, de la même façon qu’il l’avait déjà fait avec elle dans le passé, ne va vraiment pas arranger les choses entre eux.
Harry dans tous ses états
Mutation Flint Marko n’est pas quelqu’un de mauvais dans le fond, c’est juste un homme qui n’a pas su faire les bons choix. Il sait parfaitement que ce qu’il a fait est criminel mais il a agi ainsi par nécessité et non dans le but de faire du mal. Il est rongé par le remord de ses erreurs passées. Par amour pour sa petite fille gravement malade, il s’évade de prison dans l’espoir de réunir assez d’argent pour lui apporter un moyen de guérison. Au cours de sa cavale, Marko a la malchance de se retrouver, une fois encore, au mauvais endroit, au mauvais moment. Pour fuir les policiers qui le pourchassent, il se cache dans un bâtiment où des savants sont en train d’effectuer une expérience scientifique au sein d’un réacteur expérimental et au cours de laquelle il est exposé à des radiations intenses qui fusionnent la structure moléculaire de son corps à celle du sable. Il subit cette mutation par accident et devient ainsi l’Homme-Sable (super-méchant qui a fait sa première apparition dans le n°4 de “The Amazing Spider-Man”). Il découvre alors qu’il peut modifier, tout à loisir, sa structure moléculaire pour s’adapter à son environnement et utiliser la poussière ou le sable qui l’entoure pour modifier son apparence. Il peut transformer son corps en une masse de sable aux formes mouvantes, tantôt poudreuses ce qui le rend insaisissable ou dures comme du béton ce qui le rend quasiment invincible. L’Homme-Sable peut changer de forme et de taille ou se transformer en tornade de sable avant de disparaître sous cette forme dans les moindres interstices. Il peut également transformer ses bras en poings, marteaux ou masses géantes pour écraser ses adversaires. Du venin dans les veines Blessures secrètes Dans ce troisième volet, les principaux protagonistes se sentent tous, à un moment ou à un autre, trahis par l’un de leurs proches et ils réagissent alors en cherchant à se venger du mal qu’on leur a fait. Sentiments et ressentiments, humiliations et frustrations, vengeance et pardon, tels sont les moteurs de l’intrigue complexe que nous propose Raimi dont le but ici est visiblement de malmener Peter Parker, tant sur le plan physique qu’émotionnel, et lui en faire voir de toutes les couleurs, histoire de vérifier s’il a toujours l’étoffe d’un super-héros. Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités et, si les aventures de Peter Parker sont différentes à chaque fois, la morale de l’histoire tourne toujours autour du pouvoir et des responsabilités qui l’accompagnent. Les interactions entre les principaux protagonistes sont ici beaucoup plus importantes que dans les deux précédents volets. Article sur les effets spéciaux ici Spider-Man 3
A la fin du second volet, Harry Osborn apprenait la terrible vérité sur la mort de son père, bien qu’ignorant encore une partie des faits, et découvrait simultanément que son meilleur ami, Peter Parker, et Spider-Man n’étaient, en réalité, qu’une seule et même personne. Pendant toute son enfance et son adolescence, Harry avait littéralement idolâtré son père et absolument tout fait pour que ce dernier lui accorde de l’importance dans sa vie mais, bien trop occupé par ses nombreuses affaires, Norman Osborn n’avait jamais pris le temps de dire à son fils à quel point il l’aimait. Lorsqu’il meurt tragiquement, la seule chose qui reste alors à son fils est une inextinguible soif de vengeance. La haine ayant complètement obscurci son jugement, Harry ne vit désormais plus que pour faire souffrir Peter et porter le coup de grâce à Spider-Man.
En se servant de la technologie de pointe de la Osborn Corporation, Harry a apporté toutes sortes d’améliorations à l’ancien équipement de son père en y intégrant de nouveaux gadgets très sophistiqués. Le nouveau Bouffon Vert se déplace désormais sur une sorte de skateboard volant extrêmement maniable lui permettant de se faufiler dans des espaces particulièrement étroits. S’il se sert toujours de grenades orange en forme de citrouilles miniatures, ces dernières sont beaucoup plus puissantes et provoquent beaucoup plus de ravages lors de leur explosion. Il dispose également de sortes de shuriken capables de suivre leur cible. Quant à sa tenue (qui s’inspire visiblement de l’uniforme de commando du SWAT), elle est maintenant noire (et non plus verte comme celle de son père) et est rembourrée avec des lames qui peuvent sortir sur commande des avant-bras ce qui rend ainsi extrêmement mortels ses affrontements au corps à corps avec ses adversaires.
Le dilemme d’Harry est de savoir à quel point il aime réellement ses amis car le fait pour lui d’accepter son amitié sincère pour Peter et M.J. l’obligerait également à accepter le fait que toute sa vie n’a été qu’un mensonge et qu’il faisait fausse route en vivant dans la haine, tout en adorant son père, un homme peu recommandable.
Eddie Brock et Peter Parker ont plusieurs points communs. Ils sont tous deux, non seulement, photographes free-lance au Daily Bugle où l’odieux J.J. Jameson prend un malin plaisir à les pousser dans leurs derniers retranchements pour lui rapporter la photo de Spider-Man la plus vendeuse mais ils en pincent aussi tous deux pour la même femme : Gwen Stacy. Lorsque Peter dénonce au grand jour la supercherie utilisée par Eddie pour lui piquer sa place au Daily Bugle et que ce dernier réalise que la belle Gwen ne ressent strictement rien pour lui, il n’a plus qu’une idée en tête : se venger de toutes ces humiliations. En effet, il a mal interprété la gentillesse de Gwen à son égard et il s’imagine qu’elle l’aime alors qu’elle n’a d’yeux que pour Peter ce qui ne va faire “qu’envenimer” les rapports entre les deux hommes qui sont déjà des rivaux sur leur lieu de travail. Fou de rage, Eddie se met en quête de ceux qu’il considère désormais comme ses ennemis. Ne sachant pas trop où commencer ses recherches, il entre, en désespoir de cause, dans une église où il implore Dieu de l’aider dans la réalisation de ses noirs desseins.
De son côté, ayant pris conscience que sa vie sombre littéralement dans le chaos et que cela ne peut que le mener droit dans le mur, Spider-Man s’est, lui aussi, réfugié dans la même église (le hasard fait décidément bien les choses !) pour y réfléchir tranquillement. Lorsque le carillon du clocher se met à retentir, le bruit assourdissant pousse le symbiote à quitter son hôte. En tombant au sol, il infecte Eddie mais celui-ci n’étant pas, au départ, aussi vertueux que Peter, les changements que le symbiote va opérer en lui vont être nettement plus dévastateurs. C’est ainsi qu’on assiste à la naissance de Venom (qui a fait son apparition dans le n°298 de “The Amazing Spider-Man” alors qu’Eddie Brock n’apparaissait que dans le n°300), une monstrueuse créature aux dents acérées, extrêmement dangereuse et très agressive, qui possède certains pouvoirs identiques à ceux de Spider-Man. Cette caractéristique fait de lui un adversaire particulièrement redoutable pour Spider-Man puisqu’il connaît parfaitement ses forces et ses faiblesses. En outre, il est physiquement plus fort et bien plus rapide que lui. Venom aime faire le Mal car cela lui procure du plaisir et, très rapidement, il ne pourra plus s’en passer.
Le changement dans la continuité
Sam Raimi reprend ici le schéma classique des trilogies (le 1er volet présentant les origines du héros, le 2ème volet tournant autour de l’acceptation de ses pouvoirs et de ses responsabilités, le 3ème volet le confrontant à sa part d’ombre). Si Spider-Man 3 nous montre la confrontation de Peter Parker à ses propres démons et son combat, sous son identité secrète, contre de nouveaux super-méchants, l’intrigue introduit également de nouveaux personnages apparaissant dans la vie privée de Peter Parker (comme Gwen Stacy qui ne le laisse pas indifférent ou le père de cette dernière qui lui révèle la vérité sur la mort de son Oncle Ben) et nous apporte un nouvel éclairage sur certains évènements qui se sont déroulés antérieurement (d’où l’utilisation de plusieurs flahbacks nous montrant Oncle Ben ou Norman Osborn).
Spider-Man 3 s’inscrit donc dans la continuité des deux précédents volets tout en approfondissant la psychologie ainsi que les motivations des principaux protagonistes et en les confrontant à de nouvelles situations qui vont nous les faire découvrir sous un nouveau jour. Attiré par les sirènes de la gloire, le succès de Peter commence à lui monter à la tête jusqu’à ce que l’emprise du symbiote sur lui et ses pouvoirs ne le fasse basculer, un temps, du “côté obscur”. Obnubilé par les révélations qu’il a récemment apprises sur le meurtre de son Oncle Ben et bien trop conscient d’avoir failli dans le passé en ayant capturé un mauvais coupable, il tient absolument à réparer ses torts. Cet aveuglement l’empêche de réaliser qu’il est, lentement mais sûrement, en train de perdre sa précieusssssssssse M.J.
Sur le plan sentimental, on assiste à bon nombre de “duos à trois” et de chassés-croisés amoureux (entre Peter, M.J. et Harry mais aussi entre M.J., Peter et Gwen puis entre Peter, Gwen et Eddie) au cours desquels les non-dits ne feront que compliquer encore plus des situations déjà particulièrement tendues. Sur le plan émotionnel et psychologique, on assiste également à de multiples “volte/face” de la part des alter ego des différents personnages : Peter et Spider-Man, Spider-Man et son côté sombre lorsqu’il est sous l’emprise du symbiote extraterrestre (genre Dr Jekyll et Mr Hyde ou Smeagol et Gollum), Harry et le Bouffon Vert Jr., Eddie Brock et Venom, Flint Marko et l’Homme-Sable. Chacun d’eux sera, à un moment ou à un autre, confronté à son côté sombre.
Les gentils deviendront les méchants et vice-versa. Partant du principe que “les ennemis de mes ennemis sont mes amis”, de nouvelles alliances se formeront au gré des évènements, chacun de ces ennemis intimes cherchant à tirer profit de la situation. C’est ainsi que “Les 4 Fantastiques” (Spider-Man, Bouffon Vert Jr., Venom, l’Homme-Sable) vont finir par former une sorte d’alliance contre-nature entre clans rivaux pour combattre en duo leurs ennemis communs tandis que la malheureuse M.J. sert, une fois encore, d’appât.
Evolution
Spider-Man 3 se focalise sur les réactions de Peter Parker face à sa célébrité naissante et à sa contamination par le symbiote qui fait surgir en lui ses pires instincts ainsi que l’implication que cela entraîne sur la vie de ses proches (M.J., Harry, Tante May). Sa confrontation face à ses propres démons et à de nouveaux adversaires (Bouffon Vert Jr., l’Homme-Sable, Venom), qui sont tout à la fois spectaculaires et redoutables mais également complexes et en conflit avec eux-mêmes, donne lieu à de nombreuses scènes d’action impressionnantes aux cascades grandioses dans lesquelles les effets spéciaux tiennent une large place. Entre ces moments forts, Raimi s’attarde sur la psychologie des personnages qui sont de véritables écorchés vifs, chacun à leur façon. La complexité des relations entre les divers protagonistes donne incontestablement de la profondeur à ce blockbuster à grand spectacle qui marque le début d’une longue série de suites à venir dans les prochains mois (Shrek Le Troisième, Pirates des Caraïbes 3, Harry Potter 5, Die Hard 4, Les 4 Fantastiques Et Le Surfeur D’Argent, La Colline A Des Yeux 2, Hostel Part 2, Ocean’s 13). Le seul reproche qu’on pourrait vraiment lui faire serait la présence de quelques longueurs dans la première partie de l’intrigue (il faut attendre 1 h avant que le symbiote ne recouvre la combinaison de Spider-Man). Malgré cela, il est indéniable que ce volet va encore faire un carton au box-office mondial.
Réalisation : Sam Raimi
Avec : Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Thomas Haden Church, Topher Grace, Bryce Dallas Howard, James Cromwell, Rosemary Harris, J.K. Simmons.
Sortie le 1er mai
Durée : 2 h 19