Séquence Aardtman (La)
Dans un futur plus ou moins probable, où la Terre devient progressivement inhabitable et où aucun monde de repli n'existe, les humains doivent cohabiter avec des bots post-Singularité. Et des vaisseaux spatiaux sont envoyés à travers la galaxie pour ensemencer des planètes susceptibles d'être terraformées.
Le roman est l'histoire d'un de ces vaisseaux, ari-me (pourquoi ce nom sans majuscule, seul de tous les noms des vaisseaux envoyés?), et de Roz, l'un des informaticiens en charge de l'intelligence artificielle du vaisseau. Et aussi d'Asha, chercheuse bot qui milite sur Terre pour la cause des siens. Et, enfin, de la séquence qu'un chercheur ancien, Aardtman, a prévue comme moyen de secours en cas d'accident survenant à l'IA du vaisseau…
Le roman alterne des couples de chapitres sur ce qui arrive à Roz, des couples de chapitres sur ce qui arrive à Asha, de manière non simultanée, même si les chapitres A sur Roz et B sur Asha sont, eux, dans l'ordre chronologique (même si s'intercalent, dans les réflexions des deux héros, des flashbacks sur leurs vies antérieures), et des interludes qui racontent des épisodes antérieurs à l'histoire principale, qui complètent donc le récit sans, vraiment, lui être indispensables.
Quelques petites coquilles comme la mention de « millions de kilomètres » qui séparent Asha de Roz, quelques doutes sur la possibilité même d'une société dans laquelle les bots deviendraient majoritaires, société assez dystopique dans laquelle les possédants peuvent relocaliser, c’est-à-dire chasser de chez eux, à leur guise, humains et bots et dans laquelle une société gère non seulement les crédits financiers, mais aussi les crédits sociaux, d'une population totalement lumpenprolétarisée, n'empêchent pas le lecteur de se passionner pour les personnages. Lesquels, il faut le rappeler, sont tous, humains et bots, des créations de l'auteur.
C'est le problème du lecteur de SF : comment peut-on imaginer une conscience alienne (ici celle des bots) dont on n'a encore aucune manifestation expérimentale ?
Le roman imagine, aussi, une société dans laquelle les différents genres (goûts sexuels) seraient répandus sans les oppositions actuelles. Sur ce plan et celui-ci seulement, il est d'un optimisme sympathique.
La séquence Aardtman, de Saul Pandelakis, Actu SF, label Hélios, n°221, 2023, 628 p., couverture de Zariel, 10€90, ISBN 978-2-37686-565-0