Frères lointains

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Après le recueil de nouvelles « Voisins d’ailleurs », Le Bélial nous propose un second recueil de nouvelles de Clifford D. Simak. Ce « Frères lointains » s’inscrit tout à fait dans la lignée du premier tome. En commençant sa lecture, je m’attendais à retrouver le style si caractéristique de Simak. Et au bout du compte, je n’ai pas été déçu. L’auteur est toujours aussi agréable à lire.


Il faut remercier Le Bélial pour son initiative de rééditer Simak. Cela fait des années qu’on a plus eu l’occasion de voir une réédition de cet auteur. À part quelques classiques encore au catalogue, ou en Omnibus, l’auteur a pratiquement disparu des librairies. Je devrais dire que ce recueil de nouvelles est principalement édité pour les amateurs avertis. Mais ce ne serait pas rendre service à l’éditeur. Non, Simak doit être lu par les nouvelles générations de lecteurs autant que par les anciennes. Il a toujours sa place en science-fiction. Cette version, révisée et traduite par Pierre-Paul Durastanti, s’ouvre par un avant-propos de sa plume.

Au programme de ce recueil, huit nouvelles et une postface très intéressante, qui est une vraie bibliographie de Simak. Huit nouvelles, dont quatre inédites, qui me semblent tout de même moins marquantes. Mais ne boudons pas notre plaisir.

- Le frère – Un journaliste enquête sur le frère d’un vieil homme. Le problème, c’est que personne n’a vu ce frère, et qu’il n’est enregistré nulle part. Nouvelle qui rappelle le premier recueil de nouvelles édité par le Bélial. Ce n’est pas la meilleure, mais elle donne le ton.

- La planète des reflets – Nouvelle dans laquelle on suit une équipe d’explorateurs qui lors de la construction des premiers baraquements sur un nouveau monde, sont suivis par des extraterrestres qu’ils surnomment « reflets ». Les reflets sont des touche-à-tout, sourds et muets, qui viennent gentiment semer la pagaille. La colonie d’humains s’en accommode parfaitement. Jusqu’au jour où un des reflets meurt. En découvrant comment se débarrasser des reflets, les terriens décident de construire une machine qui ne sert à rien, si ce n’est à attirer l’attention des reflets. Ils apprennent que ceux-ci sont en fait dirigés par des extraterrestres qui craignent l’installation d’une colonie plus importante de terriens. La rencontre avec les extraterrestres est plutôt cocasse et annonce un futur où les deux races vont pouvoir vivre en paix.

- Mondes sans fin – Dès le départ, la lecture de cette nouvelle m’a fait penser à Philip K. Dick. C’est à mon avis, la meilleure de ce recueil. L’histoire commence à la guilde du rêve, une entreprise qui permet au commun des mortels de vivre des rêves qu’il a lui-même choisis. Le personnage principal de cette histoire travaille dans cette entreprise. Dès le départ, son supérieur meurt, et il se voit promu à son poste. Le problème, c’est qu’il découvre que les clients vivent des rêves qu’ils n’ont pas demandés, et qu’ils servent en fait de cobayes pour explorer des univers inconnus. Depuis des siècles, des statistiques sont faites sur l’exploration de ces rêves. Une nouvelle qui tient à la fois du thriller et de la science-fiction. Sans aucun doute la pierre angulaire de ce recueil de nouvelles.

- Tête de pont – Un vaisseau d’exploration atterrit sur un monde où les autochtones ressemblent à des humanoïdes minces comme des allumettes. Le premier contact avec ces humanoïdes est assez frappant, surtout lorsque ces derniers indiquent aux humains qu’ils n’auraient pas dû venir, qu’ils ne repartiront jamais, et qu’ils mourront sur ce monde ! Simak nous conte une histoire où la technologie se déglingue et où les humains sont face à une inconnue que leur technologie ne leur a pas permis de découvrir. Pas mal, mais prévisible.

-  L’ogre – Nouvelle qui nous emmène sur un monde où les arbres font de la musique. Ils composent des symphonies. Les humains voudraient en rapatrier sur Terre. Encore une nouvelle qui traite des rapports entre humains et extraterrestres. Dans le cas présent, Simak n’a pas hésité à nous proposer des extraterrestres farfelus.

- À l’écoute – Les humains entrent en contact télépathique avec des extraterrestres beaucoup plus avancés qu’eux. Comment obtenir des informations sur le moyen de dépasser la vitesse de la lumière, surtout que les extraterrestres voient les humains pour des sous-développés ?

-  Nouveau départ – L’histoire commence comme une randonnée qui tourne mal. En effet, le personnage principal se foule une cheville et est obligé de rentrer à la maison en rampant. Mais lorsqu’il entre, il découvre que sa vie va entièrement changer grâce à des extraterrestres bienveillants. Il faudrait me donner l’adresse de ces derniers, car à côté d’eux, le père Noël est un enfant de chœur.

- Dernier acte – Cette nouvelle plutôt mélancolique nous montre l’humanité qui a reçu un don de prescience. Les humains savent ce qui va se passer dans les 24 heures à venir, ce qui rend d’autant plus monotone leur existence. La nouvelle la plus courte et la moins intéressante.

- L’université galactique au coin du bois – Postface de Philippe Boulier, véritable biographie de Simak, qui mérite toute l’attention du lecteur. Très beau travail accompli.

Je ne sais pas si un troisième recueil viendra compléter les deux existants. En tous cas, ce deuxième tome tient toutes ses promesses. Il traite davantage des rapports entre humains et extraterrestres. Avec une particularité chez Simak, c’est ce côté pragmatique qu’ont les humains face aux rencontres avec des extraterrestres. Voilà encore un recueil de nouvelles qui trouve sa place dans une bibliothèque de science-fiction. Les nouvelles n’ont pas subi les affres du temps, et le lecteur actuel n’y verra que du feu. À conseiller, dans tous les cas.

Frères lointains par Clifford D. Simak, 340 pages, traduit par Pierre-Paul Durastanti, couverture de Philippe Gady, Le Bélial

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