Vie en temps de guerre (La)

La jungle du Guatemala, dans un futur proche. Depuis plusieurs années, une guerre sanglante oppose les forces américaines aux résistants locaux. Indécis, l’affrontement apporte chaque jour son lot d’horreurs et provoque des centaines de morts. Trois Américains, Mingolla, Baylor et Gilbey, sont des survivants de la récente attaque contre leur base, la Fourmilière. C’est donc avec soulagement qu’ils partent à San Francisco de Juticlan pour une semaine de permission.

C’est là que tout bascule pour les trois hommes, l’existence de Mingolla étant irrémédiablement bouleversée par la rencontre avec la belle mais étrange Debora. Le soldat est entraîné dans une série de révélations, flirtant avec l’idée de désertion. Obnubilé par le pouvoir étrange qu’il sent en lui, le jeune homme se rend compte qu’il n’est pas le seul être doué de talents parapsychologiques et que sa vie, désormais, vaut moins que jamais.

La belle écriture de Lucius Shepard nous plonge dans un monde dur et étouffant, la moiteur de la jungle se répercutant dans les pages du roman. L’auteur réussit parfaitement dans son entreprise et propose un Guatemala glauque et écœurant. Le récit et l’intrigue vont en s’élargissant, le héros n’étant qu’une marionnette au début de l’aventure avant de devenir le juge de ses manipulateurs.

Ce livre détonne en 2010 car le thème de la guerre est désormais peu exploité sur ce mode réaliste. Celui des vampires psychiques renvoie lui inévitablement à L’Echiquier du mal de Dan Simmons (1989). Il faut cependant replacer ce roman dans le cadre de sa sortie, en 1987, alors que le monde est toujours divisé entre deux blocs politiques ennemis. Cet élément en tête, il n’y a aucune raison de bouder les aventures de David Mingolla, héros désabusé.

La Vie en temps de guerre de Lucius Shepard, traduit par Isabelle D. Philippe, illustré par Alain Brion, aux éditions Mnémos.